Je reçois un coup de fil assez déstabilisant hier soir. On m’annonce le décès d’une tante en Russie, un des derniers parents qui avait choisi de rester là-bas après les deux gros exodes post-communistes. La pauvre a trouvé la mort au cours d’un incendie à Moscou. Etrangement, et malgré la distance et les années, je me sens assez lié à elle. Tout d’abord j’ai de très bons souvenirs d’enfance d’elle. Et puis, puisqu’il est de tradition de livrer une anecdote à la mort de quelqu’un, en voilà une : en fait, le prénom que je porte vient un peu d’elle, ou plutôt de son mari. Daniel, poète et opposant au régime, qui a bien entendu fait de la taule, comme tout opposant au régime. Mort très jeune. Elle aussi y a eu droit (en ces temps, on n’avait pas beaucoup de scrupule, on mettait toute la famille en prison). D’après ce que j’ai su, ils communiquaient avec le monde extérieur en gravant des textes sur des cailloux, des bouts de savon etc… Bref, des temps difficiles.

La vie ne lui a offert une fin enviable, puisse-t-elle reposer en paix. Dieu protège ceux qui restent.