Adieu cinéma comique français. On t’a tant aimé, et maintenant tu n’es plus. Fuuip. De part ce texte, je vous propose une minute de silence, une minute de pensée pour ce genre, disparu trop tôt. Passé 20 ans, il est considéré comme mort, c’est ça ? En fait plus que le cinéma comique français, c’est le cinéma français tout entier qui est frappé par un mal : la laideur. Oh ce n’est pas un problème de caméra, ou de filmer à la DV. Non le problème est plus profond que ça. Pour cela, il faut prendre un film repère. Ici j’ai choisis « Comme une image » de Jaoui. Après le sublime goût des autres, est venu ce film. Laid. Les gens y sont gris et ternes. On rit, mais on rit méchamment, devant les vacheries que les protagonistes se balancent. Plus c’est vexant, et plus ca marche. Gros succès (logique), cet espèce de ton moche, cette peinture du Paris un peu caricatural « de la haute ». Du cynisme. On fait difficilement rire avec un tel parti pris, à moins d’être ultra talentueux. Après Comme une Image s’est construit récemment cette trinité :

Les bronzés 3, qu’on ne présente plus. Faut-il en reparler plus longuement (cherchez Bronzés dans le moteur de recherche ou la nouvelle table des matières). Non drôle à son paroxysme (dommage pour une comédie), on y voit des millionnaires cachetonner avec un cynisme inouï. Pas une vanne drôle, ils sont là pour la thune. Ils ne se donnent même pas le mal. Et surtout, il joue sur la nostalgie du temps passé. Dieu que c’est laid. Maintenant passons au « Fauteuil d’orchestre ».

Deuxième film choisis pour incarner la trinité de la laideur cinématographique. Et le plus compliqué. Danielle Thomson avait gagné (pour moi) ses galons grâce à la Buche. Sensible, pas con, et surtout pas « girly ». Il n’y a rien de plus horripilant que le « Girly ». Mais alors dans Fauteuil d’orchestre, on retombe dedans, mais dans le mille. Ca parle de l’avenue Montaigne, d’un Paris même plus bourgeois, mais richissime. Tout commence (et se termine) par la citation : « je n’ai pas pu être artiste, alors je suis devenue leur dame pipi ». Eh oui. Sauf que maintenant elle croupit dans sa maison de retraite. Du coup, elle a surement conseillé à sa petite fille, Cécile de France de suivre le même destin. Elle, c’est une provinciale concon (pour bien vous le faire comprendre, elle se dandine comme Pibolo le robot ridicule dorée de Bioman (oulalala). Elle débarque à Paris donc, en tenue jean et cartable kickers fluo et ne prendra jamais la peine de se changer. Faut la comprendre, elle est simple. La bonne sauvage. Le rêve, elle va faire serveuse dans un bar où traînent les pipeuls de ce petit monde gerbant. Dialogues atroces… mais ATROCE. On voit défiler une galerie de « portrait » comme on dit. Ca oscille du très bon Albert Dupontel qui se donne un mal fou à nous faire ressentir son mal de vivre avec Laura (ahh) Morante. Et putain chacun y va de son petit laïus « je suis vieux, fiston, vis ta vie à fond », « ah, n’être qu’une actrice de sitcom, trop dur » nous fait la diva, « je veux être pianiste pour des petits enfants dans des hôpitaux, pas pour ces gens de la haute ». Et l’autre ? Oh bah rien, elle fait venir sa mamie de Macon pour voir une pièce de théâtre. Sa petite lui paye une nuit au Ritz. Elle est heureuse, elle qui a toujours été dame pipi là-bas, et vu passer toutes ces stars, tout comme l’ouvreuse/gardienne, artiste contrarié, qui se vante de son œuvre peut-être la plus créative : avoir taillé une pipe à Bécaud. Ou je sais plus qui, peu importe. Un film hideux. LAID !

Voilà qui va nous permettre d’aborder la troisième croute consacrée à cette trinité de la laideur cinématographique : LA DOUBLURE. Rien que le titre tout est dit : la vie par procuration. Cyrano sans la poésie, hein. Mais bon c’est Veber là, aux manettes. Vous savez le mec qu’on nous vend comme le grand maitre jedi de l’humour, l’artisan de la vanne millimétré, mastermind du calibrage de la pignolade. A chaque sortie, on a droit aux éternels « Alors, c’est pas dur de tourner 45 fois la même scène ? Quand même ! –oh bah non Francis sait ce qu’il veut et le texte est si bon, si ciselé que blablabla ». Donc là, on attend de la gaudriole qui tue. De l’humour à se pisser par terre. Et pour être franc, malgré sa moralité douteuse j’ai bien aimé Diner de Cons. Donc là, Francis, you’ve got to deliver ! On n’est plus dans une production Michael Youn (putain mais choisis mieux tes films, vieux !). Pignon est dame pipi au Ritz… eu non voiturier de riches pour un restau au Troca. Déjà, voilà, on replace le contexte de la non-lutte des classes. Il est amoureux d’une nana, la girl next door. Banale mais gentille. Elle est la « pas belle », la sans intérêt de l’histoire. Elle est jouée par Virginie Ledoyen….. ARGH ! Transportez moi dans ce monde, pitié ! (notez bien que le concept de Girl next door est similaire aux usa. Pour Hollywood, Sandra Bullock est une average girl). Il la demande en mariage, super naif, façon y’a que la vérité qui compte. Elle le remballe. Râteau cosmique. Dépité, il se casse, mais se retrouve par hasard sur une photo, celle d’un riche pdg (Auteuil dans son PIRE rôle, il a le même regard débile que Jugnot dans les Bronzés 3 quand il fait gnééé en essayant d’étrangler son fils) et de sa maitresse (Alice Taglioni, bombastik imparable, voir les chevaliers du ciel ou mensonges trahisons). Le riche paye Pignon (quasi rien, juste de quoi refiler de la thune à Virginie qui l’a rembarré) et cède au chantage de sa belle (20 millions). Ils devront vivre ensemble. Et faire croire qu’ils sont un couple, pour que la femme d’Auteuil n’ait pas de soupçons (elle possède la majorité de la boite, Auteuil a besoin de temps pour préparer financièrement un divorce à son avantage, genre il n’y pense que maintenant). Voici la base donc. Vaudeville classique, mais avec la puissance Gad Pignon en plus. Alors, la maitresse, elle a beau être belle à tomber, Pignon est idiot. No sex. Y’a un pelotage de sein. Voyez-vous, il est simplet. En plus il a demandé si peu d’argent. Ensuite, autre message important : LA FEMME EST VEINALE. Virginie l’éconduit, et depuis qu’il a une meuf mannequin, hop d’un coup elle s’intéresse à lui. L’autre demande 20 millions d’E. La moralité du film est calamiteuse ! C’est encore une fois « les riches ont beau être riche, mais ils ont aussi des problèmes de cœurs », une misogynie inhérente dans tous ses personnages femmes (je sais hein, don’t get me started avec Danielle Thomson). Ah oui, Gad est non drôle, il joue un peu le regard vide, perdu et récite un peu son texte comme une des meufs de Besson (les non-francaises). Les seuls qui s’en sortent bien c’est Richard Berry qui se balade dans le cynisme, et Danny Boon, oui Danny Boon, qui est plutôt convaincant dans son rôle improbable d’ami looser. Et Alice qui arrive mine de rien à être un peu touchante malgré un script encore une fois atroce pour les meufs (voir le placard, qui joue aussi sur des ressorts terriblement réac). Moche. Con. Laid.

Voilà, c’était la trilogie française de l’humour de ce début d’année mais il résume bien la question. Et encore, on n’est pas rentré dans des cas comme Incontrôlable ou les trucs mou du genou comme Kad & O ou l’intégralité de la filmo Eric & Ramzi post-tour Montparnasse infernale. Alors quoi, on en est réduit à faire le concours du film le moins drôle ? Dans ce cas, je vous propose le Bouddha de la comédie française la moins drôle du monde : 18 ans après. Il faut se forcer. Limite s’attacher au fauteuil devant un objet aussi hideux. Coline Serrault. Et c’est sans doute le pire des cas, quand c’est de la merde qui se croit fine et intelligente. C’est surtout ça le problème. Un ami me disait “par principe, je ne paye pas pour rire”. Dans ce cas, il devrait y avoir dédommagements !

Edit : Et bizarrement, Jean-Philippe est pas mal. But that’s another story.

Edit² : et sans surprise, Enfermé dehors est assez intéressant, formellement aussi bien que son contenu. Coming soon. Terminer sur une note positive, c’est important.