Archive for May, 2006
Dans la peau de Jacques Chirac
May 31st
Bon je sors de la farce de Royer et Zéro. A chaud. A vrai dire j’allais avec un a priori ultra négatif. Taper sur Chirac à 11 mois de la fin de son mandat, alors qu’il est attaqué de partout, ce n’est pas vraiment du courage. Le pauvre est une ambulance à ce niveau là. Il l’a bien cherché, ok ok. Mais voilà, l’actualité ne devrait pas être un président qui a joué avec les instruments d’état, qui s’est cramé et qui maintenant fini ses douze ans de règne sous perfusions. Le film finit même par faire oublier que c’est Didier Gustin qui l’imite, et balance toute une série d’extraits dans un ordre plutôt logique et plus ou moins chronologique. Selon K.Zéro après la projo, c’est l’autoportrait d’un animal politique qui ne croit en rien, une vraie girouette électoraliste. Un keum dont l’unique envie sur Terre est de conquérir le pouvoir… et c’est tout. Et bien ça se tient, et c’est surtout marrant. Enfin drôle façon Karl Zéro bonne période, celle d’avant le Vrai Journal. Le Zérorama. Chirac n’en sort pas vraiment plus sympa. Enfin en tout cas pour moi et mon compagnon d’armes qui somme plutôt hermétiques aux films de propagandes. Certains passages auraient sans doute gagné à être plus montré, recadré. D’autres sont tout simplement incroyables. Les montages, la prestation de PPDA le highlander des journaleux TV… Et puis la non-poignée de mains entre Giscard et Chirac est absolument fantastique. Mais que reste-t-il du film ? On aurait pu faire un grand panaché Mitterand-Chirac, ou « la dégradation de la Vème République »… Ce qui est plus grave, c’est les gens qui vont dire encore que ce film (certes partial et partisan) dégrade l’image de la politique sans rationaliser ce qu’ils ont vu. C’est un Karl Zéro show. 90% de ce qui le verront sont de toute manière de gauche. A un an de la présidentielle, dès la moindre opinion anti Ségolèniste, on peut se voir opposer le célèbre « ah mais non, malheureux ! souvient toi du 21 avril ! ». La vie politique est assez fascinante car sa perception change du tout au tout selon les individus. Chirac et Jospin discutant ensemble du bienfait de ne pas se rentrer dedans lors de leur débat, est vécu comme une grave accoquination, des mecs qui vendent leurs chemises. Alors qu’on peut simplement y voir des gens bien élevés débattre. Au final, il en reste un film drôle, mais rien de plus. Ni fleurs ni couronnes.
Deux gars à Ingres
May 30th
Ingres, c’est compliqué. Très compliqué. Personnellement j’ai détesté jusque récemment. Et puis il y a 2 ans j’ai vu une expo composées uniquement de dessins, et là, on sentait le travail. Rien n’était laissé au hasard. Et voilà un an que je m’étais plongé dans sa vie/son œuvre. Cité comme une des références ultimes par la plupart de mes peintres préférés, il me fallait comprendre pourquoi… Il représentait le classicisme, l’académisme le plus crâneur. Il est en fait bien plus que ça. C’est le travail appliqué au service de son sujet, une subtilité incroyable derrière ses compositions, une volupté travaillée dans ses formes et ses expressions. Ingres, ce n’est pas qu’un Raphaël à la Française (ce qui est déjà pas mal), c’est une réflexion sur le sens donné par sa propre œuvre. Fantastique. Je ne regrette pas d’avoir sauté la barrière. Au sens propre.
Klimt
May 29th
Klimt, c’est un biopic d’un autre genre. D’habitude l’histoire sert le réalisateur pour mettre en place plein d’élement de sa vie. Ici, c’est le réalisateur qui se sert de la vie de Klimt pour dire ce qu’il a à dire. (en general, quand ça arrive, la fréquentation d’un psy est plus précisement recommandée). En tout cas, Klimt, incarné par un baroque John Malkovitch, est un objet tout bizarre. Ca recite la divine comédie, il y a des scènes hallucinées, des répétitions à tout va, des éléments incongrues totalement illogiques, voire anachronique, bref de l’assemblage de n’importe quoi. Et le pire, c’est que c’est parfois pas mal jusqu’à un certain moment, celui qui aurait du être la fin. Mais voilà, le message (de Raul Ruiz) continue. Un film non-biographique sur la vie d’un artiste connu. Klimt aurait fait un procès pour tout ça.
Ys combo
May 28th
Dans le désert
May 26th
Where credits is due. Profitant d’un petit moment, je tiens à remercier certaines personnes. On ne remercie jamais assez. Et pourtant on devrait. Voici donc les gens, plus ou moins en ordre d’apparitions qui ont aidé la Robotics que je tenais à saluer.
Loops. Bro’, pour l’inspiration, et l’idée générale de taper sur dotclear. Toujours là quand il faut. Relecteur de pitch universel.
Fab’. Godspeed, gaillard. Le tutorial humain sur MSN. Il sait tout faire sauf marcher sur les mains. Sans doute le mutant le plus puissant du cosmos.
Pcharp’nix. Great deal of good ideas, man !
Tonyo. Happy débuggueur, tripatouilleur dégoupilleur. Méritocratie puissance maxi.
Julien. Entrain, idées. La musique, c’est lui qui a eu l’idée.
H*o*m. Débugueur. Powers: knows stuff.
Et pour élargir le spectre, toi qui prends le temps d’écrire ou même de lire. Toi même tu sais.
X-Men 3: The Last Stand
May 25th
Sans spoilers
Il fut question pendant un temps de faire un film « Wolverine » entre le premier et le deuxième film, racontant ses origines. Visiblement, ils l’ont fait dans X-Men 3. Ils ont réussi à rendre Cyclops plus pathétique que dans les films précédents, c’est inouï. Pour t’expliquer, ami newbie, Cyclops est la clef de voûte des X-men. Leur âme, le field leader ultime. Ici, il est de la bouillie pour chat. Tout le film a été orienté sur Wolverine, le bad ass. Mais comme disait l’excellent cartoonist Alan Davis, Cyclops est le ying indispensable d’un enfoiré comme ça. Là, non c’est the Jackman show. Toujours consciencieux d’ailleurs, mais trop grand (oui, il est normalement petit, ce qui est assez importante pour définir son caractère). De l’autre côté, l’oscarisé Berry qui a des lignes de dialogues un peu moins consternante que dans le passé. On nous ressort aussi l’idée d’une guérison pour les mutants, un petit mutant Leach qui court-circuite les pouvoirs.Visiblement, ils l’ont fait pisser dans un flacon ce qui a donné un sérum annihilateur de mutants. Ouiiiii d’accord. Mais bon, au moins le film a le bon goût de ne pas nous vendre une machine toute droit sorti d’un James Bond. Il y aurait beaucoup de choses à dire, mais glissons sur ces considérations fanboyesques… non encore un peu, allez pour la route :
Le probleme de Xmen 1&2 c’est que c’est la vision subjective d’une bédé par un réalisateur. Le 3, c’est la panique des producteurs qui avaient mis en chantier une suite, mais sans histoire, sans même de réalisateur, Singer s’étant barré pour nous gay-ifier Superman. Du coup, ils ont pioché à droite, à gauche des concepts pour bricoler un scénario. Le concept de Phoenix / Dark Phoenix fonctionne car c’est une histoire qui s’étendait sur des mois entiers, faisant du build up, montant en spirale pour donner une fin apocalyptique. Version ciné, ça rend aussi bien que le mélange saucisson / nutella. De plus, tant qu’à pécho des idées n’importe comment, autant puiser dans le vivier de mutants du monde Marvel, pas d’inventer le mutant Porc-épic. Non mais Mutie the Hedgehog, pfff
Réjouissance cependant, Wolverine reste bon on screen. Il tue. Sans pitié. Une chose qu’il ne peut plus faire en bédé, sauf si son esprit se fait posséder. Comme quoi Hollywood devient super permissif s’il s’agit de violence. L’autre aspect vraiment réussi c’est que Magneto est ce coup ci truely evil. (en gros il fait un peu le ouf avec ses pouvoirs, comme dans l’arc de Morisson : Planet X dans New X-men). Il a l’air tellement puissant que Jean Grey / Dark Phoenix passe au second plan niveau evil, tellement c’est gros. Un blockbuster du pauvre, très discutable à bien des égards.
Le Samurai et le Crépuscule
May 22nd
Ce Samurai là, joué par Hiroyuki Sanada, n’a rien de crépusculaire. Sanada (le mythique Hayato dans San Ku Kai, le mec dans Ring ou le barbare qui ne parle pas dans le Dernier Samurai et qui renvoie du même coup Tom Cruise au rang de tâcheron du bushido actors’ studio) incarne toute la classe et l’aura d’un samurai pacifique pré-Meiji. Bon, il est sensé être limite clochard, vivre dans la pauvreté avec ses filles, endetté qu’il est. Mais malgré ses vêtements en loque, il irradie devant la caméra, il vampirise l’écran. Un des meilleurs samurais depuis Toshiro Mifune.
L’histoire s’appuie plus sur l’existence sociale du samurai. (en gros, si vous voulez du fight, allez voir Kill Bill). Seibei n’a pas l’ambition de changer son monde. Le tourbillon qui va bouleverser le Japon lui passe au dessus de la tête, lui, samurai de petite catégorie. Il sent le changement, mais lui ne rêve que de simplicité, s’occuper de sa famille, loin des envies de richesses de ses collègues. Le prisme de la pauvreté n’est pas nouveau, on le voyait déjà dans le mythique Harakiri. Ici, c’est la tâche quotidienne d’un samurai bas de gamme qui est dépeinte… Et ça a l’air vraiment pénible. De la paperasse, des comptes à faire, une gestion des stocks. Un vrai chef de rayon. Mais Tasogare Seibei touche juste, en créant une dynamique de la lassitude, une espèce de vérité sociale rarement traité, où tout monte en spirale pour un conflit final puissant et limpide. Le Samurai et le Crépuscule est sans doute le plus grand film politique venu du Japon depuis très longtemps. BIS.
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