Un événement politique récent me taraude depuis quelque temps… Sarkozy a déclaré, en début du mois, son intention de faire une petite fleur « humanitaire », pour atténuer et arrondir les angles d’un texte de loi dur et plus répressif. Les expulsions des élèves étrangers sans papier sont sans doute la partie la plus rugueuse de la loi française. Sarko le sait, d’ailleurs, c’est sans doute le seul volet politique qui puisse être évoqué lors du mythique JT de 13h de TF1 : ces enfants en larme, ces keufs obligés d’intervenir dans un préau, ces familles solidaires et coupable d’aide à des illégaux (acte répréhensible !), ça peut vous marquer l’opinion, même chez Pernault. Pas mal sur la droite, un peu sur la gauche, notre hongrois est un stratège ! (la rumeur veut que cela soit Arno Klarsfeld qui lui a susurré ce cap humaniste temporaire)

Sa décision est donc de ne plus expulser ces mômes, ce qui concernerait environ 1000 personnes. Voilà donc les trois conditions très strictes pour une régularisation : que le mouflet soit né en France (jusque là tout va bien), qu’il y ait effectué toute sa scolarité (là aussi, on suit) et « qu’il ne parle pas la langue de son pays d’origine ».
On nage en plein délire : un mioche né en France, qui y a passé toute son enfance ne pourrait pas voir sa situation régularisée parce qu’il parle la langue de son pays d’origine ? Tout ça pour le renvoyer dans un pays qu’il n’a sans doute jamais vu, et où il y’a de forte chance que sa famille s’y soit fait opprimer ! Mais où on est là ?! La prime à l’ignorance ? La langue, qui au contraire, est un facteur de lien entre les générations d’une même famille (je suis français de seconde et troisième génération) devrait être oublié ?
[Cela me rappelle une très vieille Marche du Siècle sur « l’image de l’immigration et ses clichés » avec des sondages dont un : « ils ne s’adonnent même pas forcement à la religion musulmane et sont même à 56% athée » dit la voix off toute enjouée.]
Parler une langue ne signifie d’ailleurs pas connaître le pays. Alors après le délit de sale gueule, on essaye de nous vendre « les connaissances irrégulières ».