La ligne sensible entre comédie et drame est toujours difficile à tenir, et pourtant Almodovar réussit avec une classe incroyable et un panache unique. Volver est un petit concentré de drame familiaux, de conflits générationnel, de haine voire d’oubli patriarcal, surfant vaguement sur le fantastique, puisant dans toute la cinéphilie de Pedro, avec son cortège de kitsch mais qui retombe sur ces pieds avec une agilité féline. Rien que la première scène est colossale. Penelope Cruz qui soutient en grande partie ce film bâtard est bouleversante, dans son rôle de mère courageuse, étouffant beaucoup de non-dits mais aussi une rage incroyable. Elle est magnifique, que cela soit dans sa peine, son tour de chant, sa manière de se débarrasser d’un cadavre ou de faire la vaisselle. La mort qui plane au dessus de toutes les scènes, celle des hommes, limogés dès les premières minutes, celle des mères solitaires des villages, tout cela n’est qu’un trompe l’œil. Volver, habilement dissimulé par tout un stratagème de réalisateur malin, nous balance de la vie à la gueule, de manière magistrale. Estomaquant de génie.

(illustration expérimentale exceptionnellement disponible en autre chose que du format 2cm sur 3 en cliquant dessus)