Archive for December, 2006
Borat
Dec 28th
Excitant sur le papier et tordant en extrait, Borat était la promesse de grosse déconne over-the-top. Passé le passage « nous les roumains, nous sommes pauvres », Borat part découvrir les USA. En fait, cela lui donne l’occasion de se moquer des gens qu’il rencontre, façon anti portrait chinois. Lui, est habité par son rôle. Odieux, macho, cruel, idiot, inculte, Borat n’a cependant pas le savoir nécessaire pour faire tenir le soufflé de son film qui se dégonfle lors de toutes les scènes non-caméras cachés, jouées dans un esprit « LOL MDR » approximatif, comme un 100 mètres couru pendant 60 mètres. Gros mouif.
Shortbus
Dec 27th
Pensez-vous qu’un trio d’hommes lécheurs d’anus masculins qui se chantent l’hymne national américain dans le derrière soit subversif ? Ce sera non pour moi. Shortbus est un club fantasmé et idéalisé où se rencontrent hétéro, gay, travelo, et toutes catégories sexuelles du cosmos. « Fantasmé », le mot est important, car dans la réalité JAMAIS ça n’arrivera. Notre société (et in extenso celle de New York), sous ces apparats de multiculturalisme multicommunautaire, est très cloisonnée. Sans parler des sous-cloisonnements (connaissez-vous le racisme des gays bodybuildé envers les gays gros ?). Mais non, donc là, toutes les strates socio-sexuelles y sont représentées. Une hétéro, sexologue, de son état et n’ayant jamais atteint l’orgame, s’y rend. Tous sauf les gros, tiens. MMM un peu extrême non ? Pas grave, il n’y a pas de cohérence, Shortbus c’est le Disneyland de la pipe, le Parc Astérix de la partouze, la fête à neuneu de l’orgasme multiple. Elle y croise différents personnages, l’homo qui filme son mal de vivre, la petite touchante paumée qui fouette ses clients mais qui au fond ne rêve d’être qu’une femme au foyer UDF. A un moment, le scénario parachute un gay ahurissant, 70 ans et plus, et là on décroche un peu. Le united colors, ça va jusqu’à un certain point, mais là, c’est just too much. En sacrifiant ses portraits les plus intéressants au profit des profils gay ou de l’orgasmless lady, le film titube et chancelle, pour nous faire passer des ruines de Ground Zero à l’extrême opposé, c’est à dire une cosmo happy end dégoulinante où tout le monde a résolu ses problèmes. Shazam. La vie continue, the show must go on, dirait Simplet. Non non, parfois il faut aussi éteindre la lumière à temps.
The Host
Dec 26th
Parmi mes 3 DVD achetés cette année, un seul était un film : Memories of Murder, par Joon-Ho Bong, son génial réalisateur dont le nom, scandale suprême, ne figure même pas sur la jaquette du DVD. Oui, il y a juste marqué « commentaire audio du réalisateur ». Démerde-toi avec ça. Mais ne cherchez pas plus loin, c’est LE nouveau réalisateur de ce siècle, le premier à avoir marqué de sa pâte les genres qu’il touche. Memories of Murder jouait déjà au funambule, opposant une enquête policière ultra codifiée à d’autres styles. Parfois burlesque, souvent tragique, politique sans jamais devenir pamphlétaire, Bong réussit un petit miracle d’équilibre qu’il reproduit aujourd’hui avec The Host, un film de monstre, genre par excellence. En général, la norme veut que les trente-quarante premières minutes du film servent à se poser, le temps de mettre en place la situation, vazy qu’on te montre un bout d’œil de la bête. Ici, la situation est dégoupillée au bout de 2 minutes. Tout le monde court dans tous les sens. Le « streum » est dans la place, écrabouille et bouffe des gens. Le film va donc s’attarder sur autre chose, la vie d’une famille de paumés, des laissés-pour-compte de la reprise coréenne. Un patron d’un snack bar pourri, son fils (Song Kang-Ho alias le meilleur anti-héros du cinéma, rien que ça), et ses frangins. La fille de notre Tchao Pantin sauce Kimchi est enlevé par la bestiole. De son côté, l’état essaye de contrôler au mieux la situation en créant une psychose. La famille de pieds-niquelés va donc essayer de retrouver la petite dernière par eux même. Des scènes jouissives se succèdent, le tout formant une boucle, jusqu’à l’inévitable assaut final, grand moment de guérilla urbaine, dantesque, un vrai souffle révolutionnaire. C’est la première fois qu’un genre d’apparence aussi “série Z” que le film de monstre arrive à toucher tous les genres, du burlesque au tragique, allant toujours là où on ne l’attend pas mais sans jamais se cramer les doigts. Memories of Murder était un constat historique, The Host est une vraie prise de position, cinématographique et sociale.
Scoop
Dec 24th
La chanson qu’on entend le plus souvent depuis Match Point, c’est « Woody Allen s ‘est retrouvé », un refrain rythmé et principalement martelé par les gens qui ne connaissent en général rien du mec, petite phrase pompeuse à sortir dans les diners en ville. Match Point n’avait pas certainement pas la puissance de ces classiques, ni même de ses bons films des 20 dernières années (et il y en a au moins deux petites poignées). C’était un coup médiatique, un épiphénomène basé sur la popularité aguicheuse de Scarlett Johansonn (yeah) et du réalisateur. C’est d’ailleurs dans ce but que le duo se reforme, l’un pour retrouver la hype, et l’autre sans doute pour completer sa checklist de trucs à faire pour être grande actrice « jouer 2 fois pour Woody, check ». Ne vous méprenez pas, comme tout mâle de base, je la trouve super, même comme ici, avec un appareil dentaire, et même très bonne actrice appliquée, et tout. Les acteurs sont bons, y compris Hugh Jackman (qui fait juste 1m95 ce qui est à se demander comment quelqu’un a un jour vu Wolverine en lui). Le problème est que Woody Allen est allé au bout d’un système avec ces petits films mineurs. Celebrity, le Scorpion de Jade, Match Point, Anything Else, tout ça. Le sujet est le même, en déjà vu. C’est très gentillet, mais au mieux, c’est guimmickesque. C’est un peu le problème de Scoop, des petits moments, des dialogues qui fusent, mais que du gimmick.
Marvel Ultimate Alliance
Dec 22nd
Expos hivernales
Dec 21st
Expos vite fait avant que tout ne ferme avant mi janvier ?
Jusqu’à Samedi, vous avez Scrapbook, de Henry Cartier Bresson (dont je suis über fan). Sa sélection (1946) prévue à l’origine pour le Moma est tout juste époustouflante, pleins de clichés historiques déjà bien connus mais un tour régulier à la fondation HCB est un parfaite aération spirituelle si vous aimez la photo plastiquement impeccable qui a du sens. Mon idole, je vous dis.
Si c’est pour aller à Disney au Grand Palais, évitez le week-end. Evitez même. Le seul but de l’expo est de mettre en parallèle la grosse influence directe de l’art occidental sur les long-métrages de Walty. Du coup on le fait un peu passer pour le Hergé (note : expo à voir si temps libre), le gars américain un peu neuneu en fait ultra cultivé et fasciné par ses influences mais ne voulant surtout pas s’engager sur le terrain intellectuel. Vraiment mouif.
Il y a toujours l’inusable musée Picasso, avec la collection Berggruen. Collectionner les œuvres d’un ami ne doit pas être évident, mais Berggruen a réussi de prendre un peu chaque période, des moments clefs du travail de Picasso dans un ensemble cohérent et forcement puissant. Génial et riche en anecdote et moment de vie de l’artiste.
Deadline plus lointaine, Yves Klein vaut vraiment le détour. Déjà, parce qu’une expo qui commence par une longue vidéo de Judo à Beaubourg, ça ne se loupe pas. Ensuite l’assez bonne disposition de l’installation permet de se rendre compte de tout son travail qui ne s’est certainement pas résumé qu’à son bleu. Entre egotrip et cogito permanent, l’équilibre d’une vie disparu jeune, comme il se faut pour se donner un destin romantique. Difficile de passer après ça.
Hors de prix
Dec 19th
On pensait avoir tout vu en comédie foireuse en 2006. L’année des Bronzés 3, la Doublure, Fauteuil d’orchestre, souvenez vous… Il fallait que Hors de Prix cloue le cercueil. Petite précision : Le fan d’Audrey Tatou sera ravi. Enfin femme, elle change au moins 15 fois de robes, toutes les plus aguicheuses et somptueuses les unes comme les autres. A ce niveau-là, c’est « In The Mood For Love in Nice », on fabrique un objet à fantasmes que les amateurs pourront se mater en DVD et se faire des captures pour fonds d’écran. Passons au reste : le film.
Gad Elmaleh, après avoir joué le voiturier simplet et stupide dans un grand restaurant (La Doublure), revient en force dans un rôle de… euu barman simplet et stupide dans un hôtel de luxe. Le rôle ne change pas d’un pouce, son travail visiblement avilit son cerveau. Il fait la rencontre de Tautou, allumeuse poule de luxe qui se tape des vieux pour profiter de leurs largesses (tout est dans la suggestion, hein). Ils s’envoient en l’air, puis se revoient un an plus tard. Cette fois, il est prêt à tout plaquer pour elle et, nigaud comme il est, ne voit pas que la fille n’en a que pour l’oseille. Lui n’a rien, donc pouf, l’éconduit. On rejoint là le message de la Doublure : le ressort comique tient au fait que la femme, dans son pack d’origine, est vénale, attiré uniquement par le bling bling. C’est ça, le modèle standard de la comédie française. Bien entendu, la morale est sauve : lui va devenir gigolo. Ca devient la compétition à la putasserie, lequel arrivera avec le truc le plus cher. Mais évidemment, l’homme a plus de principe, se rendant compte quasiment aussitôt de la tartufferie de la situation, contrairement à la femme qui a besoin d’un gentil Gad Elmaleh pour se rendre compte que l’amûr, c’est plus fort que tout. Une vanne : à un moment, Gad, néo-gigolo, est assis comme client au restaurant. Un gars de la table voisine claque des doigts. « Garçon ! ». Gad se lève aussitôt, comme un chien bien élevé, machinalement. Voyez-vous, il est si bête, il ne fait pas la différence entre le travail et le reste de la vie. Il est conditionné. On riait dans la salle. Et bah désolé, mais no way. Hors de prix glace le sang.
Prête-moi ta main.
Dec 17th
Un film fait avec une checklist
- Couple qui n’a rien à faire ensemble check
- Un acteur connu et au capital sympathie important qui fait son numéro check
- Conformisme des situations malgré un ton voulu moderne check
- Dialogues catchy check
- Personnages secondaires caricaturaux source de crispation check
- Moment de tristesse à 10 mn de la fin check
- Happy end check
Le problème, c’est qu’à force de voir tous ces films «censés rendre heureux », il y a comme un goût d’alcool triste, en tout cas chez moi. Celui là est certainement le haut du paniermais la recette ne fonctionne pas/plus. Peut-être à cause de son point de vue sociétal exaspérant, (un homme seul est forcement immature, et sa famille décide qu’il doit se marier. Oui, pas se trouver une nana, vivre avec, non, se marier façon Moyen Age). Tout est ici rigoureusement appliquée comme une méthodologie de l’entertainement sentimental, un schéma qui pourra être répété à l’envie pour remplir la grille des films de 20h50 de TF1. Ou de ce qu’il en reste.
Ok, c’est ce que j’ai rédigé il y a deux semaines. Et après visionnage de Hors de Prix (Gad+Audrey Toutou), Prête-moi ta main a tout d’un petit joyaux de film de genre calibré et mignon. Mais ce sera le sujet d’une autre critique.
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