Clint Eastwood maîtrise ses sujets. C’est la leçon qu’on peut tirer de Flags of our Fathers (plus que Million Dollar Baby, victime d’une bonne overhype). Clint tente ici le premier film multi angle de l’histoire, et ce, sans DVD. Première histoire, celle de la mythique photo de soldats hissant le drapeau à Iwa Jima. Tout ici fait film de guerre de vieux. La vieillesse dans un film, c’est une dose de morale distillée ça et là, le récit suivant le bouquin du fils d’un des protagonistes. Par chance, un des soldats, indien d’Amérique, donne une dimension sociale et politique sans pour autant en faire la thématique centrale de ce film, un pamphlet à charge à la Indigène (qui prends un sérieux coup dans l’aile face au film d’Eastwood). Ici, on zappe entre passé et présent, comme une boucle qui se répète sous le sifflement des balles, mais sans donner aux soldats une grandeur, une classe virile façon Woo-Scott-Spielberg, allant même jusqu’à démonter le mythe. Eastwood fait exactement le contraire, reprenant la célèbre phrase (devenue une maxime personnelle) : « Don’t give them what they think they want ». Finalement, c’est ça qui marque : il y a un peu de la roublardise de Million Dollar Baby, en beaucoup moins prétentieux. L’histoire se déroule simplement, avec de l’humour et de la maladresse, de la violence jamais exutoire. Clinty soigne ses effets, parfois poignants. La justesse de certaines scènes est absolument estomaquante, des petits miracles de cinéma. Et cette fin… Du haut de l’humanité des soldats, Flags of our Fathers, c’est la vraie rupture tranquille du cinéma de guerre.