Archive for December, 2006
Flags of our fathers
Dec 16th
Clint Eastwood maîtrise ses sujets. C’est la leçon qu’on peut tirer de Flags of our Fathers (plus que Million Dollar Baby, victime d’une bonne overhype). Clint tente ici le premier film multi angle de l’histoire, et ce, sans DVD. Première histoire, celle de la mythique photo de soldats hissant le drapeau à Iwa Jima. Tout ici fait film de guerre de vieux. La vieillesse dans un film, c’est une dose de morale distillée ça et là, le récit suivant le bouquin du fils d’un des protagonistes. Par chance, un des soldats, indien d’Amérique, donne une dimension sociale et politique sans pour autant en faire la thématique centrale de ce film, un pamphlet à charge à la Indigène (qui prends un sérieux coup dans l’aile face au film d’Eastwood). Ici, on zappe entre passé et présent, comme une boucle qui se répète sous le sifflement des balles, mais sans donner aux soldats une grandeur, une classe virile façon Woo-Scott-Spielberg, allant même jusqu’à démonter le mythe. Eastwood fait exactement le contraire, reprenant la célèbre phrase (devenue une maxime personnelle) : « Don’t give them what they think they want ». Finalement, c’est ça qui marque : il y a un peu de la roublardise de Million Dollar Baby, en beaucoup moins prétentieux. L’histoire se déroule simplement, avec de l’humour et de la maladresse, de la violence jamais exutoire. Clinty soigne ses effets, parfois poignants. La justesse de certaines scènes est absolument estomaquante, des petits miracles de cinéma. Et cette fin… Du haut de l’humanité des soldats, Flags of our Fathers, c’est la vraie rupture tranquille du cinéma de guerre.
Coloring the Next Wave Mk II
Dec 15th
Attention, roulements de tambour, Grâce à cette colorisation (que j’ai posté en ce lieu en juin dans la plus stricte discretion) j’ai vu mon nom/pseudo cité dans le n°10 de Next Wave (vous savez, le comics dont je dis du bien chaque mois, des vannes de super-héros de la génération LOL-INTERNET que grands et grands adorent, mais aussi les femmes, les gens de bon goût, les ultra-libéraux, tous sauf Ségolène Royal qui trouve que ça donne une image déplorable de la femme). Voilà, donc grâce à ça:
j’ai pécho la quatrième place (technique mixte, peinture, feutres, crayons) du concours de mise en couleur de Next Wave. Je vous le dis en vérité, un comics d’enfoirés. (L’original -puisque photoshop interdit- existe, il sera mis en vente, et vaudra dans 10 ans un fric fou. Non sans rire… hmmm non en fait.
Msn doodles 2
Dec 12th
C’est le retour des doodles Msn, ces petits crobards vite fait (oui je coule mon stock avant la fin de l’année). Deuxième salve :
Babel
Dec 10th
Inárritu avait déjà fait fort avec l’horripilant 21 grams, sirupeux mélo uniquement basé sur la forme « je me prends pour un artiste et je bricole le film dans le désordre ». Chaque scène était un appel à une attaque lacrymale. Si ce n’était pas l’accident mortel, c’était la belle blonde qui se drogue et ainsi de suite jusqu’à ce que l’histoire se dégoupille d’elle même, le scénario se siphonnant dans la cuvette.
Babel, c’est le concept vu et revu du battement d’ailes d’un papillion. Tout commence par 2 mômes au Maroc qui tirent sur un bus avec un fusil, arme que leur père a acheté à un autre mec qui s’est lié d’amitié avec un japonais lors d’un safari, ce même japonais ayant une fille sourde et muette (ce qui n’a absolument aucun rapport mais on pourra insérer ainsi des plans clichés « lost in translation »). Leur bavure a fait une victime. La femme d’un couple, parti loin pour oublier la mort de leur troisième enfant (attention les violons), agonise loin de tout hôpital (forcement, au Maroc, y’a pas d’hôpitaux) pendant que ses jeunes enfants franchissent la frontière mexicaine accompagnés par leur baby-sitter qui désire se rendre au mariage de son fils. Que de destins qui se croisent, et tant de raison de se dire « ah la vie, c’est vraiment trop béta quand ça se goupille ainsi ». Ce ramassis de mélo simplistes au possible est d’autant plus risible que sa cohérence même est mise à mal par tout un tas de détail interne : miracle balistique de début qui ferait passer toute la filmo de John Woo pour du documentaire sur les armes à feux, détail à l’avenant, liens qui unissent les personnages absolument minuscules, improbables et poussifs. C’est simple, après ce long exercice de style, on se rend compte qu’il n’y a RIEN durant ces 2h15. Du vide soi-disant auteuriste. Ah et toute l’ironie de la vie cruelle quand les pièces du puzzle se réassemblent. Dans un Lelouch, Bernard Tapie n’avait plus que quelques jours à vivre, et puis miracle, son cancer est guéri. Wow, trop jouasse ! Juste après, il monte dans son hélico, qui s’écrase tout de suite après. Babel, c’est pareil mais en international. Trop con.
Coeurs
Dec 9th
Un bon titre bien monosyllabique. Quand on opte pour ça, n ne doit pas se planter. En général les adaptations de pièces de théâtre, comme c’est le cas ici, nous offre des petits moments d’acteur. Mais là, rien ne fonctionne. Lambert Wilson joue un mec alcoolique comme lorsqu’on fait semblant d’avoir bu entre copains, le genre « beuuuuar j’ai trop bu ». Arditi, tout en retenue est peut-être le seul d’à peu près convaincant, façon Crédit Lyonnais… Mais les autres, olalala. Même Claude Rich qu’on ne voit pas à l’écran surjoue. Pour le reste on nage en plein « ailleurs de la vraie vie ». Machin voit une vidéo où l’on voit une femme (juste le corps, hein pas la tête, faut pas pousser trop loin) danser en porte-jarretelles et sa sœur s’exclame en le surprenant « oh mais tu regardes du porno ! Mais que j’ai honte !» outrée. Le même machin, agent immobilier, voit sa cliente renoncer à un achat et faire une mine déconfite. Hein quoi ? Un agent immobilier à Paris, qui est triste de perdre un client ? Come on, wake up !! Mais le pire, c’est ces discutions de bar d’hôtel de luxe sur l’amour, sur un ton désabusé. En général, la phrase commence par « L’amour, c’est comme du fromage râpé, au début on en étale beaucoup, mais quand il en reste plus que la fin du paquet, alors on essaye de le faire durer ». Ca marche aussi avec les cacahuètes, la bouteille de vin etc. Mais pour en revenir plus spécifiquement à Cœur, on se dit toutes les 5 minutes, « bon, il va se passer un truc énorme, un gros renversement, quelque chose ! ». Mais rien, c’est comme si on avait 6, 7 gus complètement en dehors de toute réalité dans un endroit supposé être Paris recouvert de neige. Ah oui, la neige, elle ponctue tout les changements de scène, ce qui est sans doute l’effet de cinéma le plus ringard avec les pages qui se tournent dans Star Wars. Sinon, zéro proposition, on remballe tout.
Com-Robot