Le Vieux Jardin est l’œuvre du même réalisateur que le déjà génial President’s Last Bang (Im Sang-soo). Je ne vois qu’une explication plausible à la qualité du cinéma coréen : ces mecs sortent tous de dictature et ça leur a filé une soif intense de créer. Ce vieux jardin, c’est celui qu’un opposant au régime coréen d’alors choisit, chez une prof d’art, dans un bled reculé et champêtre. Evidemment, nait une idylle, un de ces amours à l’asiatique, très feutré, où tout est dans les non-dits, dans les silences et dans cette manière magnifique d’avoir le regard perdu dans la même direction. Elle le lave, il range et fait la vaisselle, ils font la cuisine, vont pique-niquer, mais bien entendu, le drame de ce pays finit par les rattraper, même dans cette petite bourgade perdue. Là où le savoir-faire sud-coréen rentre en jeu, c’est dans ce mélange de fresque politique et d’amour, un peu à la manière des chinois et des japonais jusqu’à il y a 10 ans. Perfection du cadrage, acteurs absolument sublimes mais la question reste entière : mais où les coréens trouvent-ils la force, avec des sujets aussi classiques, de faire des films aussi puissants ?