Un film sur la mafia russe, mais principalement joué par un anglophone qui, à priori, n’en parle pas un mot… Ca fait peur au russophone que je suis. Viennent des images de type José Garçia qui vous fait le rital/l’espagnol/le séfarade/le portugais avec la même intention, en parlant fort et avec les mains. “you’ talkin’ to me ?” Viggo est quand même bien au dessus de ça. On sent qu’il n’est pas ruskof mais son intensité de jeu est stupéfiante. Il incarne dans Les Promesses de l’ombre un homme de main d’un gros mafieux russe qui fait du biz’ dans la prostitution à Londres. L’infirmière jouée par Naomi Watts (miss blonde type, interchangeable et pourtant totalement convaincante) donne vie à un bébé. Pas de bol, la mère, droguée, tabassée et sans doute prostitué meurt juste après. Elle tente à sa manière de remonter la filière et fera donc la rencontre du Viggo susmentionné. Tout en muscle, le regard perçant, il sert encore une fois Cronenberg, dans ce qui a l’air d’être un film de commande, ne se gène pas pour faire quelques scènes fantastiques, manipulant son acteur dans tous les sens, une vrai symbiose. Au passage, Cron’ s’offre une scène de baston d’anthologie, juste avec 3 mecs dans des bains turcs, sans CG, ni trolls ni robots qui volent en cassant des villes. Pourtant la violence y est foudroyante, comme un pic narratif atteint dans History of Violence par la scène de sexe, elle aussi renversante. Il a sa vision et l’étale avec un savoir-faire de fou, un montage millimétré qui ne laisse pas de place à l’ennui. Il ne se cache même pas de faire du cinéma de genre, avec un final en moto à la limite du jeu vidéo et de la série B. Vincent Cassel joue la folie nerveuse, un rôle qu’il potasse depuis des années et qui semble ici parfaitement cohérente tant l’homosexualité refoulée de son personnages se sent à chaque plan. Moins profond qu’History ? Plutôt une variation ultra réussie sur le même thème.