Gus Van Sant est énervant. A force d’expérimenter, des tripatouiller, de mettre sa caméra sur un skate, on ne sait plus à quoi s’attendre et au final on retrouve un peu toujours les mêmes films, les mêmes sujets, parfois les mêmes plans, mais dans des contextes différents. Paranoïd Park ne change pas cette habitude, véritable reflet inversé de ce qu’a été le génial/horripilant Elephant. Un jeune gus qui fait du skate tue par accident un mec sur la voie ferrée. Tout se mélange, l’avant et l’après, pour mieux retranscrire la solitude du môme (toujours superbement filmé, c’est agaçant ces minets qui impriment vraiment bien leur gueule à la caméra), un peu comme dans Last Days. Tout comme dans ce dernier, il ne se passe pas grand chose, mais chez Gus, le moindre truc anodin peut devenir sidérant de justesse. Ca doit vraiment dépendre de comment il est luné ou de ce qu’il prend au petit dej’ car c’est très aléatoire. Le top de la finesse tient dans les rencontres du gamin avec son père et sa mère. Plans serrés, adultes à peine visible, corps flou tandis que le garçon reste le seul parfaitement visible. Les dialogues n’ont plus d’importance, tout est dit dans le cadrage et le placement des acteurs. Sans doute une des scènes les plus bouleversantes qu’on ait jamais filmé sur le sujet. Brillant et agaçant, Gus, je t’adore quand même.