Still life est un « quasi » docu-fiction bouleversant quand on se rend compte qu’il raconte un monde qui va bientôt disparaître. Un vieux chinois (pas très beau, ce film est tout sauf « sexy ») part à la recherche de son ex-femme et de sa fille à Fengje, une ville qui sera engloutie une fois que le barrage des Trois Gorges sera construit. C’est comme ça, avec la Chine, on peut administrativement détruire une ville, on biffe un papier et hop, c’est fait. On voit dans la ville une ligne affichant le point où arrivera l’eau et les travailleurs se pressent pour démolir les immeubles, histoire de gagner quelques ronds. Le vieux fera ce travail exténuant, sous le soleil. Le labeur ouvrier atteint ici un summum de la pénibilité à l’écran, on vit la tâche avec le mec qui sue à grosse goutte et le réalisateur Jia Zhang Ke n’hésite pas à allonger son film en longueur pour bien faire comprendre l’enjeu. Un film sensuel et puissant et difficile à supporter, qui pose de vraies questions sur les méthodes administratives de gestion du monde.