Rentrer sur le territoire aride et peu propice du film « hymne à la nature », le film « à la Jack London », c’est un peu casse-gueule. A chaque moment, il risque de tomber dans le ronron de « la verdure, c’est le bien et le monde moderne, c’est le mal », dans le prêchi-prêcha à la Miyazaki, ou dans le danse avec les loups du pauvre (comme celui sorti en France avec Casta-Rouve). C’est vraiment compliqué de trouver un ton juste, sans parler du frisson de la honte du film daté qui nous rappellera le côté ridicule de l’entreprise. Par exemple, pendant plus de 15 années de ma vie, j’ai voué un culte sans fin pour Dersou Ouzala de Kurosawa alors qu’il m’est aujourd’hui absolument irregardable de mièvrerie. C’est à peine exagéré car avec Urga de Mikhalkov, c’est sans doute le haut du panier du genre.

Donc là, c’est Sean Penn (bouton hype activé) aux manettes « d’après une histoire vraie ». En général, ce genre de promesse finit toujours par nous proposer des ninjas et des scènes d’action avec des mecs qui grimpent sur les murs comme Spider-Man. Là, c’est sobriété et compagnie, il y a un « message ». Belle photo, ça, c’est bon, jolis décors, oké. Travail de la typo type journal de bord, ça passe pas mal. Y’a juste les scènes de mélange avec le monde moderne qui font lever les yeux, un peu comme quand un chanteur de rock profite de n’importe quelle occasion pour faire son laïus sur le tri sélectif des déchets et les dauphins en danger. Mais dans tout le fracas (« la nature ce mur de l’impossible »), c’est sans doute les scènes où ça discute le plus avec le vieux (oui, il y a un vieux plein de sagesse, comme dans les films de Kung Fu) qui sont les plus intéressantes. Bilan globalement positif donc avec Into the Wild qui évite de dériver dans le Carpe Diem facile, même si ça manquait de high kicks.