Les gens s’étaient passés le mot : « fais gaffe, tu vas gerber » « c’est irregardable » « ça fout la migraine ». Ouais bah ça doit être comme les gens malades dans le train quand ils sont assis dans le sens inverse de la marche: jamais compris. Cloverfield, c’est du streum géant qu’on voit en fait à peine, dont l’absence même devient un des gimmicks principaux. Bref, un film catastrophe classique.

Jean-Louis est heureux, il s’apprête à partir loin, très loin et donne une fête pour son départ dans son luxueux loft de New York. C’est le bobo-ys next door. Tout le monde est là, son ex, Justine, son frère Jean-Baptiste et même Jean-François, son pote un peu boulet qui va tenir la caméra pour faire un making of de la sauterie. Mais paf, tout explose, des trucs tombent du ciel, c’est la dissolution de New York. Tout est détruit par le fameux monstre géant timide comme c’est pas permis, pendant que Jean-Francois tourne le tout, rajoutant ses petits commentaires éberlués (mais sans jamais dire « fuck » ou des gros mots, ce qui rendrait le tout encore un peu plus naturel, toujours poli le mec). Du coup, ils vont partir à la recherche de Justine. Classique mais la sauce prends bien, on est vachement impliqué. Et c’est parti, entraîné par la caméra à l’épaule quasi invulnérable, alimenté par sa batterie immortelle (enfin si, on change les piles mais c’est pour faire staïle, comme quand les chinois rechargent dans les films de John Woo). Mais en même temps, c’est à ce genre de détail rationnel qu’on oublie qu’il y a un gros lézard qui est en train de transformer la ville en steak tartare. Ouais, on a beau voir Superman soulever la croute terrestre, détourner des missiles atomiques ou modifier le sens de rotation de la planète pour remonter dans le temps, mais c’est quand il arrache la porte de Lois Lane d’une main que la salle fait wow. Une forme de loi de proximité cinématographique. C’est dans cet équilibre entre réalisme et streumicide que l’alchimie se fait.

Le problème, c’est que la référence ultime du genre est désormais coréenne. A côté de ça, l’efficacité léchée de Cloverfield dégage une énergie tellement mono expressive dans son récit que la comparaison se fait obligatoirement, mais en sa défaveur. Du coup, on a un film entre deux chaises: pas assez intello pour faire la nique au coréen, mais pas assez pop pour sortir une ligne de jouets cools. Pour peu qu’on ne s’attende pas à voir Godzilla en train de soulever des immeubles pour s’en faire des cure-dents et plus à des gens lambda de type Lorànt Deutsch, des newyorkais qui crient au moindre danger, c’est de l’entertainement de qualité.

Note finale:

Mais ce qui manque à Cloverfield: une gamme de jouets charismatiques.

Genre ça.