Vous avez toujours rêvé de voir Daria en live ? Juno, c’est exactement ça, mais plus encore. Juno, “copine qu’on rêve tous d’avoir au bahut” est sympa, cool, smart, plutôt mignonne, avec un humour à froid super cassant. Bref tout est là pour faire une comédie à la Punkie Brewster mais avec le ton Daria. Le film se gargarise de son label « indé » qui commence après disparition du gros logo de la 20th Century Fox au début (le réa, c’est juste le fils d’Ivan Reitman, l’odeur de souffre du ciné alternatif se fait intense !). Ce label street cred’ suggère en gros que les dialogues seront ciselés dans la pop culture et enrubannés d’une bande son hypé. Point de départ de l’intrigue, Juno va tomber enceinte mais décide de céder le mouflet à un couple qui ne peut pas en avoir. Mais le risque, quand on fait jouer des mômes (ou ce qui ressemble à des gosses, car ils ont tous un peu 20 ans), c’est de les transformer en petit singe savant qui balancent leurs répliques comme des petites marionnettes.

Juno nous balance son flow totalement artificiel de cynisme comme un singe savant , Parfaitement, Juno, c’est César 12 ans et demi, mais en version pop rock qui écoute de la musique cool. Elle maîtrise la déclinologie adulte aussi bien que 60 millions de consommateurs mais son numéro de séduction (car c’est ça le problème, c’est qu’elle te regarde dans les yeux en te disant « Aime moi, je suis cool ») ne marche pas sur moi. Même si l’ombre de la sexualité plane (après tout, elle est enceinte), on reste dans une problématique superficiellement cul, à tourner autour du pot. En fait, plus que les dialogues sur-écrit, c’est la mousse super conventionnelle et moralo-compatible avec le monde entier, de Keith Richards à Mahmoud Ahmadinejad en passant par David Douillet, un message qui ne déplairait pas au pasteur père et héros de la série « 7 à la maison » et qui finit par enclencher l’alerte “Arnaque”.