Archive for September, 2008

Happy-Go-Lucky (Be Happy)

Mike Leigh fait toujours des films ambitieusement puissants. Secret & Lies, drame sur fond de misère sociale anglaise, était juste fabuleux, dense, exalté et exaltant… Et là, on a Be Happy. Happy-Go-Lucky en vo, mais par commodité, on va s’en tenir à cet impératif « Be Happy », un peu nul comme un « Ensemble, c’est tout ». C’est un peu le film Némésis parfait de Secret & Lies, son Yang parfait. Sally Hawkins alias Poppy lève les bras, rit, sourit et te regarde impérativement dans les yeux. On se dit que les 2 heures vont être longues. Mais c’est mal connaitre Leigh. Derrière sa Poppy jovio-histéro se cache un discours beaucoup plus tendu sur la société. En partant du principe qu’il ne peut absolument rien arriver à cette fille, toute forme de dramaturgie classique est complètement neutralisée. Du coup, Mike, il est malin, il truffe son film de personnages secondaires « comme les anglais en ont le secret ». Les très brèves retrouvailles de familles éclatent littéralement à la gueule. Mais pas comme dans Secret & Lies, une violence très rentrée. Le permis de conduire devient une épreuve. On souffre presque pour eux, pour ceux qu’ils portent en eux.

Mais vraiment, à part sa manie de ricaner pour un rien, parfois, Poppy est vraiment charmante, dans le sens élégant du terme XXème siècle. Elle s’occupe d’enfants, et bien. Elle prend le temps de parler à un clodo pas si clodo que ça (toujours le tissu social anglais à la Leigh). C’est vraiment quelqu’un de bien, genre qui ramène son plateau au Starbucks, une file capable de voter Delanoë en 2012. So what’s up ? Le bonheur, l’entrain, la vitalité dérange-t-elle ? C’est peut-être le propos du film.

Internet, la TV, tout est devenu un flot de négativité intense. Tristan dit « le sobre sage » me disait « mais putain, depuis quand tout est devenu si fuckn’evil » prenant en exemple les zilliards de posts négatifs de forums. On a peur pour les Poppy futures. Et je vais vous dire, je me sens parfois un peu honteux de participer à cette pollution numérique car la critique « bouse et daube » est largement plus drôle à faire (et les mecs, j’ai survécu à Injû et à la Possibilité d’une île, je sais de quoi je parle). Mike Leigh c’est la même chose : le biz’ du ciné est devenu une bouillabaisse où il passe pour un gugusse à faire un film sans but clairement souligné, à la limite du trivial après avoir visité les profondeurs de l’âme humaine.

Et pourtant, faut le voir laisser balader sa caméra sur les petits vieux avec la finesse d’un Martin Parr, mais sans ironie. Be Happy est un film qu’on regardera dans 20 ans en se disant « comment a-t-on pu sortir ce film au moment du RSA, de ces débats TV politiques passionnants mais qui servent à rien avec des Zemmour qui répètent exactement le même speech chaque semaine, au moment où Christine Lagarde nous dit que la crise économique ne touchera pas la France, car elle est protégée par les mêmes montagnes qui nous ont sauvé du nuage de Tchernobyl, que Ségo namedroppe des lyrics assassins « ou disparaissez ». Une nouvelle taxe par mois ! Des mecs qui se font poignarder dans le XIXème. Les banques qui déposent le bilan. Non, Be Happy va bien au-delà, malgré son timing un peu fou, poursuit sa thématique de la vérité sociale de Leigh, avec une suite logique dérangeante. Généreusement agressif. Ce mec est brillant.

Dans les dents !

Jim Lee, “art robot” du crypto-gaucho-fachiste Miller qui nous fait une double Shôryûken Batgirl censored. C’est si dérangeant et en même temps si… cool !

Rentrée séries 2008: Heroes, Prison Break, 90210, Dexter etc

Maintenant que la série de l’été a pris fin (en fait, elle est terminée depuis le départ de Hakim)

Après la fin des J.O de l’improbable, où France Télévision nous a diffusé de l’athlé comme des nuls… (ici Laurent Luyat qui balance un sortilège “sommeil” niveau 6)

Voici les nouvelles séries de la rentrée. De la rentrée us hein, on parle pas des nouvelles saisons de Plus belle la life et le reste.

Dexter doute. Sa soeur a-t-elle changé de coupe de cheveux ? Bobby Simone / Jimmy Smits en spécial toutes les semaines. Allez on y croit.

Prison Break est devenue une A-Team cachée qui élabore ses plans dans un hangar. Enjeux nullissimes, premier épisode risible, PB avait déjà sauté le requin depuis longtemps, mais là, on a la confirmation.

Shin Beverly Hills a.k.a 90210 tout court. Le show du moment dixit un ami qui lurke les forums de type ok podium. Il se reconnaitra. Ici Kelly discute avec Shannen Doherty mais a déjà du mal à cacher son agacement…

…Alors que tout l’intérêt de la série, soyons franc, c’est le sens du staïle général. Les fringues improbables, les dialogues à fort potentiel (“quoi, tu tiens un blog?!”) et ses acteurs de 25 ans qui veulent nous faire croire qu’ils en ont 16. Ca n’a pas changé, ça (la soeur de Kelly, là, est largement au dessus du barelly legal, je l’ai imdbé pour toi. Riche mais proximité, elle a un ipod.) Et Rob Estès, le cosmo-bogosse est le proviseur tandis que des minets sortis tout droit de Smallville jouent les profs cools. Bande son sans doute bricolée par Itunes Genius (“t’écoute Coldplay, Viva la vida ? Oké alors achète ça aussi”). Combien de temps tiendront-ils ?

Mais l’actu c’est Heroes… qui part d’un niveau si bas que la prod n’avait qu’une seule solution: y aller à fond la caisse, assumer sa propre débilité, quitte à créer une problématique absurde.

Heroes, souvenez-vous, ses horloges avec des kanjis, aussi authentique que la brochette fromage du menu F du Tokugawa Sushi de la rue de la Roquette.

Nathan, qui a déjà survécu à une explosion nucléaire au dessus de sa nuque, revit. Forcément. Mais connement. Il est entré en période biblique tendance “entrez dans l’espérance” dont on a du mal à comprendre l’intérêt. Du coup, la série est en passe de se voir renommer “Cathoes”.

Shuresh nous fait vivre des moments palpitants de blabla science. Forcément, il entraîne dans son sillage le personnage le plus passionant de la saison 2, la chicanos.

Attention moment culte: des dossiers hyper top secret, LE gros danger de la saison, l’ultime plot device, traine bêtement dans le salon, entre le pouf et les boites remplies de vaisselles qui attendent le déménagement. C’est trop bêta quand même. On a jamais vu un plot device aussi stupide.

“Top secret, top secret… voyons voyons, ça pourrait me servir, ça…”

Sinon… The Fly ? Non, désormais, c’est Suresh qui assume pleinement son utilité physiologique à l’histoire et justifie ses heures passées sur un power plate. For da ladiez.

Hiro et son sidekick se baladent dans un décor tiré de “Yakuza” de Sega. On a rarement quelque chose d’aussi faux depuis… l’horloge avec les caractères japonais… Je vous révèle juste un truc: il va se retrouver rue st jacques après. Sountrack accordéon à venir.

Ando, l’homme aux mimiques de folie is back. C’est juste pas possible.

On la croyait morte dans l’incendie causé par le dangereux gang des voleurs de comics ? Eh bien non ! On a eu peur !

Saison 3 qui s’annonce… à fond les ballons, sans aucune forme apparente de logique interne. La Veronica Mars en nulle, Piterpetrelli, la cheerleader qui n’a plus besoin d’être sauvé là, d’ailleurs, c’est comme un melting pot de bonheur hebdomadaire, un peu comme quand on s’enchaîne les émissions politiques du week-end avec des plateaux riches en Moati Vs Bayrou. Battlestar Galactica, ça sera pour plus tard.

La cité des hommes

Incité par la torpeur d’une péloche cracra, comme jaunit par un chaudron, Hibou le chef de gang décide qu’il est temps d’aller se baigner. 3 ans que son posse n’avait pas descendu de sa base perchée sur les favelas. Il ne se rend pas compte que son second, Balladur, prépare son coup en douce pour lui choper sa place. Les deux héros de la série TV (même titre, pratique) ont grandi. L’un est même accidentellement père. C’est compliqué, mais il essaye de pas laisser trainer son fils, pour pas qu’il lui ramène du vice.

Derrière ses clichés et son foot, le Brésil est le modèle sociétal vers lequel la France se dirige inéluctablement. Ca me parait tellement évident que c’est sans doute le laïus politique que je maitrise le mieux, même bourré : La ségrégation raciale et les castes maintiennent 3 couches de sociétés parfaitement distinctes : les milliardaires intouchables, immensément riches. La classe moyenne, elle se fait de plus en plus pauvre tandis que les favelas recueillent les plus pauvres. Il n’y a aucune mobilité vers la première catégorie, seule la classe moyenne peut vivoter dans la peur de ne pas tomber dans la dernière qui elle-même n’a aucune forme d’élévation possible, si ce n’est la classe moyenne, celle qui pourtant fait marcher l’économie. Pour cimenter le tout, il faut une police forte, une puissance répressive forte qui protège bien évidemment la première caté. Lyrical drop d’Ärsenik (t’as vu) “L’espoir fait vivre, mais ceux qui vivent d’espoir meurent de faim”. C’est vers cela que se dirige la France et les symptômes sont nombreux.

Forcément ce ghetto movie sauce brésilienne a pris une tournure plus intéressante que prévu, alors qu’il ne montre finalement qu’une histoire de deux mômes, élevés dans les favelas, mais pourtant ultra positif. L’un bascule presque mal, mais en fait même pas. L’autre recherche son père mais au final, son barbu est un escroc. La thématique est toute trouvée, la paternité. Nothing new ? La cité des hommes développe une forme d’élégance morbide dans son propos. Les gangsta si crâneurs finissent par mourir comme des mouches, presque de manière suggérée. En bédé, on dirait « off panel ». Pouf, tu le croyais mort, et finalement non, le boss peut se faire flinguer dans une ruelle comme un guest dans une série TV de flics lambda. Ce contraste est accentué par cette réa décousue avec classe, passant de la chaleur mélancolique à la froideur d’une rue ghetto. Un climax assez ambitieux mais ça tiens vraiment debout.

Top crédibilité ciné bonus : les flashbacks sont tirés de la série TV. Les mêmes gars. On est loin des films mous du genou avec des mômes engagés sur vague ressemblance.

Matin, Albi

Dans les dents !

All Star Superman, sans doute une des meilleures bédés depuis l’invention du papier.

Super Robot Taisen Og

Old from 2007

Rhythm Tengoku Gold

Secret Invasion

L’alternance pour moi, c’est d’écrire un article positif, puis une casse. Comme ça, feng chouilli, karma et compagnie. Il y a énormément de trucs bien qui mériterait un éclairage robotique, mais là, Secret Invasion me saute à la gueule de part sa construction « deux ans d’âge mental ». Pourtant des crossovers nuls, on en a lu depuis les années 80. Avant Secret Invasion, il y avait tout un travail d’infiltration pour nous faire comprendre que wow c’est grave, les extra terrestres sont parmi nous et depuis longtemps. Enfin depuis longtemps, faut voir. New Avengers, ça remonterait à 40 numéros, mais il s’est passé quoi durant ce temps ? 4,5 aventures ? Pas beaucoup plus. Mighty, c’est pire encore. Depuis les deux titres servent à exposer des points aussi important que l’alliance entre Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg lors des universités d’été du PS, mais bon on y reviendra. Il y aura beaucoup de “et on y reviendra”.

On ne peut non plus se lancer dans Secret Invasion sans évoquer House of M, précédent gros crossover signé Bendis, « l’artisan ». Après 1 numéro d’intro, on est tombé dans un elseworld ultra décompressé qui se passe dans la tête des héros dans une vie alternative (vous voyez), avec une Layla Miller (rien à voir avec le personnage ultra attachant qu’on connait aujourd’hui) qui rendait la mémoire aux X-men et aux Avengers présent dans cette bouillabaisse. Deux cliffhangers identiques (la tombe de Xavier, symbollzzzz), Quicksilver opportunément utilisé comme bad guy. Vousvoyez, c’est le fils d’un criminel de guerre, c’est forcément un méchant. Et puis le fameux « no more mutants », pas vraiment bien utilisé par Marvel pour rediriger ses X titles, en roue libre complète (on en était encore alors vers le 4 ou le 5eme d’Astonishing, plus de 3 ans déjà…). House of M, malgré son très joli dessin de Coipel a vraiment été pénible à cause de son contenu mais surtout de son tempo. Secret Invasion souffre malheureusement des mêmes stigmates, transpercé continuellement par son manque d’idée et par sa gestion du temps absolument catastrophique. Et au moment où ces lignes sont tapées, on en est au numéro 6 de 8, à 4 dollar pièces. Entrons dans les détails. (dernière chance pour relire l’intro ici)

Le premier numéro commence par Stark qui montre le corps de la fausse Elektra skrulisé à Pym et Reed Richard. Comme un air de déjà vu ? Bah ouais. Les new Avengers l’ont vu et ont eu le temps de disserter 4 numéros autour du cadavre. Puis Stark l’a montré à Reed et aux autres Illuminatis, ce qui a forcé le faux Black Bolt à se découvrir. Euuu pourquoi d’ailleurs ? Il aurait tout aussi bien joué l’incrust’ et joué la parano mais non. Tout l’angle pré-secret invasion repose sur la même chose que Battlestar Galactica depuis 4 ans : “qui sont les Cylons ? Sont-ils parmi nous ?” Alors pourquoi diable se découvrir ? Le pouvoir des Skrulls, c’est de prendre n’importe quelle forme, et là c’est pire, ils sont indétectables. Comme un jeune Giscardien dans la rue. Mais l’heure a sonné de faire le gros crossover du printemps (on est en septembre là). Bliblip fait l’alarme, un jet Skrull (justement) s’est écrasé à Savage Land. Oh joie. Savage Land, pour les non initiés, c’est là où on envoie les Xmen quand on ne sait pas trop quoi faire avec eux. C’est ça ou l’espace Shi’ar. C’est loin, mais il y a des dinosaures. Les New Avengers, très pressés d’aller dans ce trou du cul perdu où ils se sont déjà retrouvé à poil (N.A N°4) volent un Quinjet. Facile à faire, ils balancent du papier tue-mouche sur Black Widow justement de garde et se cassent avec. Un truc qu’ils ont pécho dans un album de la Ribambelle, pour les amateurs de bédé franco-belge.

Ils arrivent, suivi par les mighty, soudain, boum, Windows Vista édition Iron Man crashe, et tout se pète la gueule. Jarvis, le majordome est un skrull, tout comme Dum Dum Dugan, Hank Pym et Sue Richard dont on devine que le remplacement ne date que d’il y a quelques minutes sinon ça va faire de grosses traces de continuité.

Mais Jarvis. Sérieusement, imaginons que vous essayiez d’envahir… mettons la Suisse… ou mieux la Belgique, vous choisiriez la dame pipi du roi des belges comme haut point stratégique. C’est ça qu’ils préparent depuis des années ? J’ai envie de dire zyva, tu prends Iron Man, Captain America, Cyclops, Wolverine mais déjà fait enfin un mec qui était dans un des jeux de baston Capcom. Un puissant quoi. Même Iron Fist, parce qu’il fait du Kung Fu et que c’est cool. Pendant des mois, on nous a collé des couv avec tous les persos Marvel (TOUS) avec un menton Skrull, que ça fait vachement peur, pour au final avoir Jarvis, Dum Dum et Pym ? Jeeez, quel newbie se souvient encore de l’importance de Dum Dum quand il faisait le garçon coiffeur qui servait de fronton à la base Shield la plus classe du monde. Un fuckin’ salon de coiffure ! Shield, retenez bien, on y revient plus bas.

Maintenant qu’ils sont tous à Savage Land (ils ont même pris Spider-Man parce qu’il avait un peu de temps devant lui), le Jet s’ouvre et sortent des super héros, mais en version plus vieille, époque Secret Wars. 80’s. Pas besoin d’être un devin pour comprendre que c’est des Skrulls. D’ailleurs on le sait dès le même numéro. Quel est le suspense ? Aucun. Mais la stratégie est simple : pendant qu’ils sont à Jurrassic Park, les MECHANTS ATTAQUENT NEW YORK. Mais à quoi ca rime que les gentils comprennent que les faux héros sont des skrulls 5 mn après ? C’est aussi le problème du crossover : un numéro dure 5 mn en temps réel. Sans exagérer. Deux remarques d’importance : combien de temps les skrulls croyaient-ils que les héros allaient rester là bas ? Le temps de faire des Knackis au feu de bois ? Parce que ça dure jusqu’au 5ème numéro. Hawkeye croit retrouver sa meuf décédée, Sentry est traumatisé par 3 phrases du faux Vision (hop un deus ex machina pour plus tard), tandis que Spider Woman (une skrull en fait) essaye de faire croire à Stark, en pleine crise intestinale depuis son virus, qu’il est un skrull aussi.

Leinil continue à dessiner les cases à l’envers en mode manga. Ici Sentry est en bas alors qu’il est, la page d’avant, dans la dépression spatiale. A noter les dialogues de Hawkeye. Hut !

Les autres se battent, jusqu’à ce que (je me permets de faire un saut dans le temps) Reed Richards, momentanément capturé, revient avec son gogo gadgetopistolet qui a le pouvoir magique de débusquer les imposteurs. C’est comme la machine à faire le beau temps dans les Schtroumfs, on sait pas comment ça marche, ça débarque, comme ça, un volume, mais c’est bien pratique. Pendant ce temps, pour sauver les Young Avengers et ce qu’il reste de l’Initiative à New York, débarque les Secret Warriors mené par Nick Fury qui n’était pas apparu en public depuis genre fin 2004. A l’époque, Gregory Lemarchal gagnait la Star Academy, la DS sortait dans le commerce et Yasser Arafat mourrait. Ca fait un bail. Ses Secret Warriors, c’est une bunch of nobodies recruté pendant son absence : Quake. Phobos. Yo Yo. Druid. Hellfire et Stonewall. Un pseudo déjà utilisé par un keum chez Claremont. C’était ça son plan ? Entrainer des mecs pour débouler avec des gros guns qui font pitié comme dans les années 90 ? C’est nul mais admettons. Enfin même le gus qui fait la couv suivante s’en fout, il met en scène Fury avec les young Avengers. Ils repartent d’ailleurs dans leur base secrète, pouf.

Mais où est passé fan-favourite Yo Yo ?

Les méchants regardent la scène de la fenêtre et se disent qu’un monde sans autoradio à chouraver, c’est vraiment moins drôle. Mais le plus excitant et intriguant, c’est le cliffhanger du numéro 4, la moitié du cross : Kraaakoum fit le tonnerre, foup le bouclier étoilé. Thor. Captain America. On se dit ouais, enfin un cliff pas mal. Bah pas la peine d’y songer, on ne les voit pas dans le numéro suivant. Y’avait pas la place. Déçu ? On y reviendra.

Un dialogue riche.

Le numéro 5 montre l’agent Brand (vous savez, la nana aux cheveux verts d’Astonishing) qui libère Reed Richards.

Woof

Ils bikravent une navette spatiale skrull aussi facilement qu’un Cayenne dont ils ont changé les plaques, filent sur Savage Land et Reed utilise son pistolet magique sur les skrulls. C’est trèèès bête mais au moins ça a le mérite d’en finir. Mais pourquoi ne pas avoir tué Reed ?

Spotlight sur Mighty et New car ça le mérite. Deux numéros de Fury qui se rend compte qu’il y a des Skrulls, un autre où il monte son Power Pack puis on passe à Khoi Pham qui dessine mochement. Un numéro pour nous montrer que les Skrull comprennent que Sentry est un peu maboul (noooon sans blague), un autre où on voit Pym qui se fait kidnapper et aussi comment la fake Elektra intègre the Hand. 5 numéros de Mighty. Une idée par numéro. UNE SEULE ! Des trucs qu’on n’a pas besoin de savoir en fait. Mais New, c’est PIRE. Le talent de Cheung est gâché pour une histoire de reine Skrull. Bon oké. Admettons. On voit aussi les skrulls faire de faux cobayes des Fantastic four pour voir « leur réaction », comme des rats de labo. Puis c’est Billy Tan au dessin… On apprend ce qui s’est réellement passé dans le numéro 4 de New Avengers. Des skrulls, l’auriez vous deviné ? Non ? Bah 24 pages de plus pour le surligner au stabilo. Puis Cheung à nouveau, le pauvre, pour nous expliquer ce qui s’est passé dans New Avengers 1, 2004. Je vous le donne en mille: des Skrulls. La fausse Spider Woman a payé Electro pour faire Prison Break. Puis re Billy Tan pour nous montrer comment ils ont fourré ces faux héros dans le jet qui s’écrase au début du cross over. Aviez-vous besoin d’autant d’explication ? Who needs that shit ?!

Allez encore une dose : Mighty Avengers 17, c’est les skrulls eux même qui se battent entre eux : Pym Skrull est aussi cyclotimique que l’original, et donc, tel Chevènement, il se rebelle. Forcément, ils le tuent. 24 pages de ça… Mais le pire du pire est atteint par le dernier New Avengers. Les skrulls se bricolent des faux Reed Richards, qu’ils manipulent pour mieux l’imiter, le comprendre et prévoir ce qu’il va faire. Ils le re torturent, tuent, re torturent, l’analyse, tuent sa famille devant ses yeux, tout ça comme des savants. Donc on admet qu’ils le redoutent, qu’ils savent ce dont il est capable. Alors retour à la question précédente : POURQUOI L’AVOIR ETUDIé PENDANT DES ANNéES pour ne PAS LE TUER quand l’occasion s’en présentait ? Pour qu’il se libère et fabrique un piou piou magique. C’est pas logique. Genre 12 comics et plus et c’est pas fini. 12 numéros de vide intersidéral à ajouter à un crossover lentissime. Et surtout, ce dernier numéro où le Reed se fait torturer pendant 20 pages… bah j’ai été pris, comme un vieux con, de regret. Roy Thomas. Roger Stern. Perez. Byrne. Kirby. Stan Lee. Fuck quoi. On aimait quand les Avengers, c’était Cap, Iron Man, Thor, Hawkeye, Vision, Hercules, même Black Knight, Captain Marvel. Mais un fake Reed qui se fait torturer, pour m’apprendre quoi, que les Skrulls sont bêtes et cruels, mais calculateur ? Bah désolé, je préfère lire les cahiers saumon du Figaro.

Bouclons ce tour de piste : Secret Invasion 6 : Wasp ose susurrer un « comment auraient ils pu faire autant de mal à New York en si peu de temps ». Biatch, j’ai payé 3,99 dollar fois 6 pour ton crossover mal timé. On a droit à… une grosse splash de la ville en feu… On va finir par le savoir que New York is on fire depuis day one ! C’est comme si NTM nous chantait aujourd’hui que c’est l’urgence dans les banlieues, alors on le sait depuis le fucking premier album. On a droit à une scène de citoyens qui accueillent les Skrulls comme des sauveurs.

Shape-shifting alien dick, mmmm, collaborons…

Vous savez comme dans V ou dans Indepedance Day, les premiers à cramer. Pour le civil, on a Secret Wars Front Line, on aurait pu avancer de deux trois pages, mais on est plus là. A la fin du numéro, Captain America et Thor se rencontrent. « tiens c’est toi ? T’as changé ? » et l’autre répond « wesh gros , t’étais pas mort au fait ? ». Je caricature à peine. Et c’est TOUT. UNE PAGE. C’était pour les mecs impatients du cliffhanger en plan depuis le numéro 4. Mais comment peut-on appeler ça du bon tempo ? Viennent les deux doubles spread finaux, où tout les héros s’unit comme dans un film de Mel Brooks : Iron man, Thor, Venom, Spider Man, Norman Osborn. Mais c’est pas très réussi. Le style crayon tchic tchic de Leinil Francis Yu est loin de rendre aussi bien que… Perez, au pif. C’est “mouaif”, quand il dessine pas des cases à l’envers. Mais il case un Howard The Duck. Cool hein ? Chacun de ces spreads, on a un peu l’impression d’en avoir vu 120 comme ça, comme ses ninjas fights sans fin époque New Avengers.

Mais par dessus tout, vous l’aurez compris, ce crossover est déjà un puissant échec narratif. Il ne reste plus qu’une seule voie pour s’en sortir : un final pas trop nul. Mais vous connaissez Bendis. Il a foiré de super arcs de Powers avec des fins nuls. House of M, ils se sont claqués la bise et puis bye. Daredevil, sa meilleure fin, c’est celle qui lui a été soufflé par Brubaker pour bien commencer son arc à lui. Du coup je regrette World War Hulk, Annihilation, les trucs qui balancent, qui jouent avec les codes mais surtout surtout qui ne nous font pas perdre notre temps. Secret Invasion, c’était quoiqu’il arrive, une perte de temps pour un fric fou.

Et surtout, quel nom de crossover pourri: où est LE SECRET quand on envahit le monde avec des navettes spatiales géantes et qu’on préfère se battre sur un champ de bataille alors qu’ils peuvent se planquer dans n’importe quelle ruelle et passer inaperçu en se faisant passer pour le premier François Hollande venu ?! Ca n’a pas de sens ! Il est très possible que cette nullité soit prouvable médicalement parlant.

Gomorra

« La science dans la rue, c’est de savoir prendre des raccourcis » nous mitraillaient le flow d’Ärsenik. En ne choisissant pas cette voie, Gomorra a opté pour la difficulté. Tout y est non-sexy, cracra, en ruine ou au mieux, à l’abandon. La Camorra contrôle tout. S’entremêlent quelques personnages sans aucun rapport si ce n’est qu’ils sont à différentes extrémités de la chaine. Un jeune qui va se faire engrainer, le vieux qui creuse des trous pour y jeter des ordures, un couturier pris dans la machine et puis surtout 2 guignols gangsta’ wanabees dont on se dit à chaque minute qu’ils vont se faire victimer comme dit Rohff, autre expert en street survie. Problème, on relate pas forcement. Aux ritals, hein, pas à Rohff.

Violent, Gomorra surnage avec son côté caméra à l’épaule grâce à quelques moments plus intenses, plus touchant, où les personnages représentés finissent par devenir tridimensionnel (le final du couturier et du rapace de la finance, sublime). Monté en suivant une rigoureuse check-list, cette F.A.Q de la mafia, malgré ces petites envolées bien senties, a trop des allures de docu touche à tout pour devenir un bel objet ciné. Mais y’a vraiment de l’idée.