Les Sept Jours symbolisent la période de deuil obligatoire que mènent les juifs à la mort d’un proche. Ils ne sont pas extrêmes dans le dogme mais tout juste un peu tradi : le but de la manœuvre est de se réunir dans la même maison pour dormir, une semaine entière. D’autres us et coutumes viennent s’ajouter à cette contrainte : pas de lits, ce sera des matelas posés à même le seul. Encore ? Allez, de mémoire : pas de photos du défunt. Pas de miroir. Surtout pas de maquillage pour les femmes. Pas de soins du corps. Pas de rasage, pas de douche. S’asseoir sur une chaise aussi, interdit. Pendant 7 jours.

La belle Ronit Elkabetz, actrice, co-réalisatrice, pendant israélien de Jaoui (période pas relou, c’est-à-dire avant) propose un huit clos oppressant, où toute la violence et les ressentis familiaux vont éclater. Sur fond de sirènes et de masques à gaz (ça se passe en 91, en pleine guerre du Golfe, un zeste d’ironie féroce, sans doute la force du film), la famille du défunt va s’égorger et vider son sac. Il y a aussi les plus malins, ceux qui viennent draguer en scred’, exprimer leur frustration, mais tout ça, c’est des apartés. L’essentiel, c’est de bien montrer qu’on est triste. Huit clos, forcément, mais angoissant comme des japonais qui font semblant de ne pas se regarder en heures de pointes dans la Yamanote, on perd le compte des journées au fur et à mesure qu’on sort différents cadavres des placards, que le spectacle anxiogène de la famille qui tente de se couper ses mauvaises herbes toute seule. Même si la fin, genre queue de poisson, n’est pas très satisfaisante, l’équipe Elkabetz s’en sort pas mal grâce à son procédé pourtant déjà vu et revu et enlaidit par les piteuses initiatives récentes de films « chorales » made in France.

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