Spécial cinéma israélien ‘08. Amateurs de franche rigolade, voici le programme : deuil, religion, guerre, re-deuil, sans doute un peu de religion et puis de la guerre. Fiscalité, inceste, œdème pulmonaire, ils avaient pas en stock. On va commencer avec My Father My Lord.

Un rabbin ultra-orthodoxe de Jérusalem fait ce qu’il est supposé faire : étudier la Torah. Il essaye de transmettre son savoir et sa foi à son fils, pas récalcitrant pour un môme de 10 ans, mais pas zélé non plus. Genre « Papa m’a dit », mais sans plus. Survient l’accident où le pauvre mouflet va se noyer ce qui ébranlera le père.
Je tiens d’un survivant de la Shoah le témoignage d’un rabbin, constatant l’horreur : « Vide, le ciel est vide ». On ne peut que nier, en bloc. Presque sans paroles, par séquences lentes, à la limite de la réminiscence, on ressent l’incompréhension du rabbin avec des moments de rage contenue face à un dieu qui lui enlève brutalement ce qu’il a de plus cher. Pire, il n’arrive même plus à exprimer sa colère. Comment croire en lui alors qu’il inflige le châtiment suprême à ses serviteurs ? C’est toute les questions que se posent les acteurs se la jouant naturaliste jusqu’au bout. Animé par d’oppressants mouvements de caméra, exigeant et d’une tristesse inouïe, My Father My Lord est une tragédie pudique, poignante dans ses non-dits, une aquarelle de chagrin inconsolable.

Mais sur le même thème, même endroit, Tehilim (évoqué méga brièvement ici) est encore plus métaphysiquement attirant.

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