Incité par la torpeur d’une péloche cracra, comme jaunit par un chaudron, Hibou le chef de gang décide qu’il est temps d’aller se baigner. 3 ans que son posse n’avait pas descendu de sa base perchée sur les favelas. Il ne se rend pas compte que son second, Balladur, prépare son coup en douce pour lui choper sa place. Les deux héros de la série TV (même titre, pratique) ont grandi. L’un est même accidentellement père. C’est compliqué, mais il essaye de pas laisser trainer son fils, pour pas qu’il lui ramène du vice.

Derrière ses clichés et son foot, le Brésil est le modèle sociétal vers lequel la France se dirige inéluctablement. Ca me parait tellement évident que c’est sans doute le laïus politique que je maitrise le mieux, même bourré : La ségrégation raciale et les castes maintiennent 3 couches de sociétés parfaitement distinctes : les milliardaires intouchables, immensément riches. La classe moyenne, elle se fait de plus en plus pauvre tandis que les favelas recueillent les plus pauvres. Il n’y a aucune mobilité vers la première catégorie, seule la classe moyenne peut vivoter dans la peur de ne pas tomber dans la dernière qui elle-même n’a aucune forme d’élévation possible, si ce n’est la classe moyenne, celle qui pourtant fait marcher l’économie. Pour cimenter le tout, il faut une police forte, une puissance répressive forte qui protège bien évidemment la première caté. Lyrical drop d’Ärsenik (t’as vu) “L’espoir fait vivre, mais ceux qui vivent d’espoir meurent de faim”. C’est vers cela que se dirige la France et les symptômes sont nombreux.

Forcément ce ghetto movie sauce brésilienne a pris une tournure plus intéressante que prévu, alors qu’il ne montre finalement qu’une histoire de deux mômes, élevés dans les favelas, mais pourtant ultra positif. L’un bascule presque mal, mais en fait même pas. L’autre recherche son père mais au final, son barbu est un escroc. La thématique est toute trouvée, la paternité. Nothing new ? La cité des hommes développe une forme d’élégance morbide dans son propos. Les gangsta si crâneurs finissent par mourir comme des mouches, presque de manière suggérée. En bédé, on dirait « off panel ». Pouf, tu le croyais mort, et finalement non, le boss peut se faire flinguer dans une ruelle comme un guest dans une série TV de flics lambda. Ce contraste est accentué par cette réa décousue avec classe, passant de la chaleur mélancolique à la froideur d’une rue ghetto. Un climax assez ambitieux mais ça tiens vraiment debout.

Top crédibilité ciné bonus : les flashbacks sont tirés de la série TV. Les mêmes gars. On est loin des films mous du genou avec des mômes engagés sur vague ressemblance.