Archive for November, 2008

Dans les dents !

Double actu. 1) Le nouveau comics dans les bacs 2) Le deuxième film dans les salles (et en dvd aux USA). Ca mérite bien un petit…

Il y a 16 ans et des poussières (6)

(ouais j’ai zappé le février. C’était Soul Blader.)

12

Quand on prononce le nom de Mikhalkov, les russes montrent les dents. Certains lui crachent à la gueule pour sa vie d’enfant doré du régime du parti. D’autres lui reprochent sa vie d’après, celle du grand administrateur de la société de cinéma russe. Tous, du moins en occident, ne voyons pas d’un bon œil son pro-Poutinisme, tout comme ses prises de positions pro-serbes bizarres (qui sont de très loin l’opinion majoritaire en Russie en ce moment). Tout indiquerait que Mikhalkov est un mec assez repoussant politiquement, le genre avec qui on ne parlera pas à table de Kosovo, de Tchétchénie ni de reconstruction du PS. Mais sa filmo parle pour lui : Urga, Soleil trompeur, etc, du film panthéiste et méditatif à la Kurosawa, une filiation clairement visible au fur et à mesure des années. Du coup, malgré la qualité de son œuvre, on a un gout amer dans la bouche. 10 ans ont passé depuis le Barbier de Sibérie. Après quelques rôles (dans Zhmurki*), il revient à la réalisation dans 12. 12 comme dans Twelve Angry Men, le classique de Sidney Lumet.

Douze, c’est le jury réunit pour décider du sort d’un jeune tchétchène, accusé du meurtre de son père adoptif, un militaire russe. Forcément, c’est l’assassin idéal. Et puis il y a le témoignage accablant d’un témoin, les preuves, le mobile du crime est tout trouvé, bref, c’est plié. Sauf pour une personne qui émet un doute. Le vote se faisant à l’unanimité, il exposera son point de vue, et fera hésiter alors chacun des jurés, jusqu’à ce que toute la salle soit submergée par le doute.

La société russe est assez complexe de part ses années de traumatismes postcommunistes (on le serait à moins) mais aussi son multiculturalisme. Alors que la société japonais, par exemple, est soudée par son réseau ferroviaire qui ripoline les citoyens, les hommes russes ont tous en commun l’armée. Chacun a servi dans l’armée ou a eu des proches impliqués dans un des nombreux conflits de ses cinquante années. Le jury est lui-même assez complexe. Entre le vieux chauffeur de taxi usé à la gueule de Lee Marvin soviétique, l’ashkénaze futé et rigolo à la calvitie prononcé, le chirurgien du Caucase, le bourge parvenu de la TV, le nez plein de coke, qu’il faut voir comme un Delarue avec du bide, l’orthodoxe bien prononcé jusqu’à Mikhalkov lui-même qui préside le jury, le spectre est large. Chacun de ces mecs, malgré des certitudes très viriles (ce n’est que des hommes by the way) a une faille. Chacun aura, à un moment, une raison de douter ou d’orienter son vote vers une direction. On assiste à un tour de force d’acteur, chacun touchant à une corde particulière de la conscience des onze autres, et de nous, les spectateurs, révélant parfois des êtres totalement différents de ce qu’ils émanent, le tout dans un huit-clôt tout aussi oppressant que théâtral. Mikhalkov nous présente des vieux chiens abimés par la Russie. Mais pas de corrompus parmi eux… Contrairement au tchétchène plein de panache qui entame sa danse du couteau flamboyante dans sa cellule, ces jurés ne sont pas beaux, ils ont les mains calleuses à trop travailler. Ils perdent leurs cheveux et ont du bide. Ils n’ont pas le beau rôle et pourtant ils vont décider de la vie du môme. Une vraie tradition Dostoïevskienne se perpétue ici.



12 Trailer

12 est absolument splendide. Il est en plus un film très moral, dont les tenants et les aboutissants sont peut-être aux antipodes de ce qu’on pourrait attendre du Nu Mikhalkov dont les extraits écrits et youtubisés font méga peur. En faisant abstraction totale du mec et en ne prenant le film que pour ce qu’il est (ce qui est assez compliqué quand on sait que Poutine a kiffé le film, ouais hein), on vibre à fond pour ses quelques moments totalement Airwolf. Un vrai grand film politique, objectivement généreux et donc dérangeant.

(ah et encore une fois, pas de sortie programmée en France, merci les mecs…)

  • Copy paste de ce que j’en disais à l’époque: 2 mafiosos dans l’ère post-perestroïka galèrent pour des histoires de came à ramener à leur patron (Mikhalkov justement, sous coke et déguisé en Michou/Pascal Sevran, ce qui paraît-il était très hype il y a 10 ans). C’est grosso modo un Reservoir Dogs slave, assez violent mais toujours très comique, reposant quasi exclusivement sur ses acteurs qui font virevolter les répliques racistes, bêtes et méchantes. Bien reconstituée, la Russie d’alors est un mélange entre Desperado et Mad Max, un monde semi-anar’. Zhmurki propose une vraie vision ironique d’un moment de l’histoire d’un pays déboussolé, partagé entre son envie de rebondir et de presser le citron tant qu’il est encore temps.

Appaloosa

Appaloosa est un exemple typique de film canonique, ricain dans toute sa splendeur et sa largeur 16/9ème. Un western en 2008, c’est un anachronisme, certes, mais quand il va plus loin sans se poser de question, là, c’est un miracle. Je n’ai rien contre les beaux morceaux de cowboys panthéistes et dépressifs façon Jesse James ou in extenso Brokeback Mountain. Au contraire. Mais un vrai film du genre, qui s’accroche fermement à ses codes sans diffuser de méta-messages, c’est comme un peu de chaleur que vient vous mettre dans le corps le 5ème shot de vodka : on est bien, en territoire ami. Open Range avait un peu amorcé le retour et Yuma² refaisait du déjà fait en moins bien. Là, on monte le level.

Appaloosa, histoire type datant de la conquête de l’Ouest. Petite bourgade préindustrielle, elle est victime de Bragg, un bag guy (Jeremy Irons, brillant), margoulin de première et accessoirement assassin. Les pontes du bled finissent par demander de l’aide au marshal Cole (Ed Harris, qui réalise aussi) et à son adjoint Hitch (Viggo Mortensen). Histoire de l’affrontement classique de la droiture face au mal, qui se morphe finalement en corruption, avec un vague fond amoureux (Zellweger, no comment).

Ed Harris qui avait réalisé le brillant Pollock (sélectionné dans mon futur article « les bons biopics qui se la pètent pas, sans morceaux d’acteurs dedans », revenez quand ça sera prêt) fait ici du Western Grand Espace qui respire le Nouveau Mexique, de la chaleur à la poussière. Mais surtout, il capte complètement l’essence du buddy movie sérieux et viril, l’harmonie des hommes qui regardent dans la même direction, en se comprenant sans se parler. C’est vraiment dur de capter « ce truc », cet équilibre qui fait que l’entreprise peut basculer dans la bouffonnerie. La réa, énergique mais tout en contrôle, donne la distance suffisante qui évite le trop sérieux, pesant et poussif façon Dark Knight (qui, au fond, essayait de développer la même thématique, à savoir cette amitié doublée d’une bonne dose de bushidô). Ed Harris, génial dans son rôle de « mec à couilles qui te regarde avec des yeux de tigres » (cf la filmo de Clint Eastwood) est secondé par un Viggo époustouflant. Aah Viggo. Véritable pinceau humain qui n’a jamais été aussi bon que depuis qu’il a fait oublier le Seigneur des Anneaux de son palmarès, il est manipulé par les réalisateurs à qui il fait littéralement don de lui-même. On pense aux deux Chronenberg et (Inch’Allah) au projet Poe de Stallone. Ajoutons à ce casting parfait la gueule de voyageur décalqué de Lance Henriksen, et on a de l’or en barre.

Appaloosa ne déçoit pas, jusque dans son finish, d’une majesté contenue. Seule anicroche au genre : c’est le refus total de tout folklore et de paillettes. Le passage des « indiens » concentre toute l’humanité de Danse avec les loups en 5 minutes tandis que les guerriers du Far West tombent minables sous le coup des balles. Pas de de blessures viriles au bras gauche (celui qui ne sert pas, pour pouvoir tuer le boss de la ville/de fin de niveau) après les fusillades. Les duels tiennent plus de l’intensité du combat de samouraïs, affuté comme une lame. Ce réalisme, qui va jusqu’à la pousscaille qui s’installe dans les cicatrices des gueules bourrues de ses héros qui vivent leur derniers moments de vie façon Bakumatsu, apparait comme une vraie force tranquille. Le traitement intelligent et harmonieux de cette amitié burinée, fruit d’un amour évident du genre, tout cela fait du film d’Ed Harris, une sorte de « template », de moule à gâteau dans lequel les autres devraient se fondre. C’est, en quelque sorte, ce que le cinéma américain produit de meilleur aujourd’hui : une œuvre néo-classique.

Dans les dents !

Semaine U.S oblige, Democratic Shôryûken dans la face:

Lincoln Vs Hitler Robot

Tiré de Tales From the Bully Pulpit, où Roosevelt et Edison, équipés d’une time-machine, feront équipe contre un mecha Hitler qui invoquera d’autres super dictateurs genre César et Mao , un comics totalement Airwolf de bout en bout (mais faudra essayer Ebay ou “le net”).