James Gray, un film tout les ouat mille ans et là, pof, une rafale. Rétrospectivement, We own the night était bien plus fort que son sujet passe-partout le sous entendait, là, c’est carrément le titre lambda qui va de pair avec son histoire somme toute banale. Leonard (Joaquin Phoenix. Allez, arrête de faire ton boudin, viens faire des films : tes albums ils seront nuls) est un bogosse maniaco-dépressif, tendance « j’ai des coups d’adré soudain mais en général je suis cool, je fais de la photo intéressante tout en étant un créatif non-assouvi ». Bref un archétype un peu cliché comme on en voit tant dans la vie. Mais depuis sa dernière crise, il revit dans la nostalgie des moments passés comme en témoigne sa chambre, capharnaüm rétro situé dans l’appart de ses parents. Ces derniers essayent d’égayer en lui présentant une fille « bien comme il faut ». En plus bien jolie et même assez craquante. Tout irait bien s’il ne faisait pas la rencontre de sa voisine Michelle, évasive, irrésolue, un poil chieuse. Il a un coup de foudre, enfin il le nie presque tant il est amoureux d’une image qu’il ne comprend pas. Il va donc devoir choisir entre la fille bien sous tout rapport que lui propose avec insistance sa famille yiddish et la « fille de l’air », elle-même dans une relation « it’s complicated » comme on dit sur Facebook.

On retrouve plusieurs constantes du cinéma classieux de James Gray : le poids de la famille (la mère : Isabella Rossellini, summum de la beauté qui joue comme un samouraï, tout dans le regard) et les choix déterminants du personnage principal, genre tragédie grecque. Inclus dans ce pack de goodness, Il y a aussi cette scène que j’appelle « la descente des marches ». Dans chacun de ses néo-classiques, Gray filme cette scène lumineuse où le couple descend les marches d’une boite pour rejoindre la teuf qui bat son plein, où ils irradient d’une beauté assez incroyable. La fille évidemment. Gwyneth Paltrow rejoint Eva Mendès et Charlize Théron dans le clan de ces belles filles sexy et délurées, prêtes à s’abandonner dans la nuit, alors que le drame n’est pas loin. Two Lovers a son quota de fête nocturne, mais aussi de drama. Quand Gwyneth détourne le regard, en fait, c’est toi qu’elle regarde dans le blanc des yeux. L’apothéose du style Gray : Sublime.