Archive for April, 2009

Harvey Milk

Lors de mon premier voyage à San Francisco, tout gosse, une tante locale franchement simpliste m’avait mis en garde. « Fais attention quand même, cette ville est pleine d’homo ». Plus tard, cette « démocrate » bon teint me tiendra un discours hallucinant sur le danger de la TV, pré-ségoléniste, confortant une certaine idée qu’on se fait de la gauche américaine soit disant militante des années 80. Avec Harvey Milk, j’allais enfin voir “l’ampleur du danger”, attention.

Militant de gauche, Harvey Milk l’était assurément, mais le biopic « avec des morceaux d’acteurs dedans » nous présente aussi une autopsie de l’activisme des années 70 ainsi que celle des luttes politiques de couloirs, des concessions et des petits arrangements. Portrait powerfull maitrisé par Sean Penn et sa compo de ce premier élu openly gay, c’est surtout Josh Brolin, l’ami et nemesis de Milk qui impressionne. Feutré, tout en retenue, mal dans ses baskets, il est subtilement présenté comme un refoulé, objet parfait pour Gus Van Sant pour balancer quelques scènes de rêverie © dont il a le secret. Du biopic à la cain’ri, racé et puissant, qui ne déborde pas sur les côtés.

L’occasion idéale pour lancer un nouveau label robotics:

Knowing

Une prédiction (le titre français) : «Si vous connaissiez la date de l’apocalypse, que feriez-vous ? ». C’est l’accroche du film, bien en gros sur l’affiche, évocatrice à la fois de conspi, de dianétique et de Bernard Werber, bref trois handicaps insurmontables. Pire, ce qu’on sait donc grâce à cette affiche n’arrive, dans le film, qu’après s’être farci 1h40 de Nicolas Cage, l’homme à la mine de cocker triste. Quelle grave erreur de timing. Et les 10 dernières minutes, le big reveal final, entre dans la notorious liste des fins qui vous font hausser les sourcils de désespoir. Même la jolie Rose Byrne et les deux trois bonnes scènes (pas forcément les plus tape à l’œil) ne peuvent rien sauver. Alex Proyas, devenu un yesman sans intérêt à l’image de Fincher, réussit à produire ce qu’on croyait impossible, un sous-« signs », lui-même déjà passablement un sous-film.

Dans les dents !

Abel place un shroyuken ravageur à Arthur. Georgie est fière d’elle.

La vague – Die Welle

Au début, je me suis demandé si le traitement neuneu de la métaphore de la montée du fascisme était obligatoire quand on est dans un film 100% allemand, genre “on a des responsabilités” etc. En gros, un prof essaye de montrer à quel point l’autocratie c’est fado à mettre en place et que finalement, le fascisme est quelque chose qui s’obtient naturellement quand on efface les différences et quand on les fait marcher au pas. C’est un peu tout pour la portée de cet adapt’ de roman, réalisée avec de gros sabots du monde de l’irréel.

En fait, le début sur le mode teen movie standard marche plutôt bien. Mais très vite dans Hartley, cœur à faf’, rien ne va plus, les élèves se bricolent un uniforme, un logo, un salut et surtout les laissés-pour-compte y trouvent satisfaction. C’est là que ça coince. L’un d’eux est un dealer coincé, véritable bully, qui tout d’un coup se met à kiffer d’être le rouage de la machine facho. L’expérience prend de l’ampleur jusqu’à nous parachuter une fin inédite minable, dans la même catégorie que Nick Cage qui rencontre des extra-terrestres, le genre à faire lever les yeux au ciel. Un finish qui gâche tout ce qu’il y a eu de pas trop nul, donc.

Dans les dents !

Enfoncé par 009, le cyborg complètement “Musô”.

Les 3 Royaumes (occidental digest)

Un autre film avec Kaneshiro Takeshi le même mois ? Heureusement, il joue bien dans celui là. Il n’avait pas le droit à l’erreur, son rôle est important : il joue Kongming, mon personnage préféré dans « Les 3 Royaumes », aka « Dynasty Warriors le film » ou « Sangokushi » ou encore « Sangoku Musô ». Comme tu veux. L’ultimate récit mythique des chinois qui se tapent sur la gueule, qui adapte aussi bien le roman que l’histoire de Chine et les jeux vidéo. Aux manettes, un revenant : John Woo. Petite frayeur : vers le début des années 90, il m’avait perdu. Trop de ralentis inutiles, de colombes dans des églises, de gunfights à bout portant ad nauseam, puis reralenti sur Nick Cage ou Cruise. Pffiiit, balayé. On retrouve toute sa patte, tout ses clichés par pack de six mais c’est comme si, pour une fois, tout allait dans le bon sens, que le puzzle de son style reprenait pour la première fois sa place. Un ralenti sur une lance, un oiseau qui s’envole, un mouvement d’éventail qui fait vibrer le ciel, un général qui part à l’assaut, seul face à une nuée de soldats, tous bien comprimés dans un petit espace compact, John Woo a trouvé sa voie, le western-péplum. Il donne à la guerre des 3 Royaumes la dimension immense et over-the-top qu’elle mérite, dans cette version occidentale 2h30 qui file à toute berzingue. La meilleure adaptation d’un jeu vidéo adaptant un roman, aidé par un casting top notch dans un film grandeur nature pour fanboys.

Les seigneurs de la guerre

Après avoir fait mumuse avec Jackie Chan (voir le Royaume interdit), Jet Li revient dans un film convenable où, bonus track, il joue bien. Lui qui fut pendant des années le « fais tes high kick et ta gueule » du cinéma chinois, le voici face à Andy Lau et Takeshi Kaneshiro (qui joue comme sur l’affiche du film, c’est-à-dire dans toute la placidité de l’acting à la japonaise).

Bon, des chinois, des lances, du fight et du grand sentiment, que demande le peuple ? En fait, on n’arrive pas à vibrer, sans doute à cause d’une réalisation qui manque d’oxygène et de souffle, toujours en train d’essayer le péplum trompette sans jamais vraiment y arriver. Sans la technique suffisante et le savoir faire, on est face à une grosse machinerie avec tout ce que ça implique d’artificiel et d’un peu lourdingue. Quelque chose ne colle pas dans ce mix faiblard de Shakespeare et poings dans la gueule, à tel point que les scènes de baston les plus classes jurent complètement avec le résultat. Reste l’histoire, suffisamment cool et surtout assez méconnue (ici en tout cas) de la montée en puissance de ce trio ambitieux, parti des tréfonds des jeunesse UMP pour arriver, à force de courage, de compromis et de trahison, au sommet de Nankin en pleine dynastie Quing. Une belle histoire.

Dans les dents !

Mais Robotics libéré !

Dragon Ball Evolution

Au cours de la projo, dans mon fauteuil…

Les mots manquent pour décrire ce machin, une vision totalement brochette-fromage du manga. Quand on voit la séquence du « tournoi », on se demande même si quelqu’un de l’équipe a touché un jour le bouquin de sa vie. Chaque petit détail du film est une défaite du bon goût et même, plus simplement, du sens de l’observation. Piccolo, Bulma, Chow Yun Fat dans le rôle de Pat Morita, rien ne colle, si ce n’est peut-être Yamcha, absolument inutile (et donc conforme à l’original). On ne pouvait pas s’attendre à grand-chose d’un Goku qui demande à son grand-père de lui apprendre à pécho des filles au lycée (sa première réplique du film). Histoire de se dire que ce ne fut pas une perte de temps, l’idée des « capsules ». Ces mini-Transformers est peut-être « l’évolution » la plus habile de ce croisement Beverly Hills 90210 et de Karaté Kid mâtiné de chinoises en lycra qui donnent des coups de pieds moyennement réussis. Même Matrix Revolution représente une tentative plus aboutie de DB que ça.

Bilan:

Et comme dirait Piccolo après toute expérience dangereuse et approfondie:

En toute logique:

Bonus track

Et comme on est dans le kif, voici des dialogues authentiques du film intégré au jeu de baston psp. Some goodness !