Avec Miyazaki, c’est un peu toujours le même film. Tout son cinoche n’est plus que le template du parcours initiatique d’une petite fille qui va se trouver au cœur d’un énorme tohu-bohu (forteresse qui s’écroule, tout qui se casse la gueule ou se transforme en dégueuli menaçant, poursuites surréalistes etc) pour que finalement, tout revienne dans l’ordre, généralement grâce aux pouvoirs magiques d’une divinité, une femme forte ça serait bien. Ponyo, c’est tout ça, comme d’habitude. Moins nul que le Château déambulant, moins baroque que Chihiro, Ponyo prêche la 2D pure, sans effet ni calque photoshop.

A l’image du graphisme, le scénario a pris cette pente abrupte. On a déjà vu des épisodes des Schtroumfs plus compliqués que ça. Mais encore une fois, il y a des strates entières de l’histoire qui ne sont absolument pas expliqués, laissées dans le flou des travaux préparatoires et des synopsis invisibles. Le petit gosse appelle sa mère et son père par son prénom, ce qui est un des très rares cas où cela arrive dans un film japonais. Même à la télé, bon sang, Actarus il donne du “père” au Professeur Procyon (et si vous avez des exemples qui vous viennent de parents directs appelés par leur prénom dans le cinéma jap’, je suis preneur). Dans la collection bizarrerie, pas un humain n’écarquille les yeux devant un poisson rouge avec une tête humaine. Accepté aussi, ce raz-de-marée sur fond de Wagner (berk) qui engloutit toute une vallée sans faire aucune victime. Ou cette étrange rencontre d’une mère qui explique totally gratuitement à Ponyo ce que ca veut dire « donner le sein ». Derrière sa simplicité infinitésimale se cache une densité incroyable d’idées folles. Miyazaki, qu’on croyait cramé après le Château Ambulant, s’est remis à faire comme avant des films faussement modestes de manière appliquée. Et là, il fait son dernier tour d’honneur, les bras en l’air. Highly Ok.