C’est le deuxième Koreeda de l’année, présenté en loosedé au festival de Cannes. Coolos.

Mais pas si vite. Air Doll tiendrait plus du film concept. Un mec, tout en misère sexuelle dans sa solitude urbaine comme on sait vous les trouver au Japon, utilise une poupée gonflable comme compagnie. Il lui parle, lui fait à manger et le soir venu il se termine dedans. Seulement voilà, miracle du pitch improbable, la poupée gonflable va un beau matin devenir humaine, sans esprit de la forêt ni magie. Comme ça. Commence alors pour elle la découverte de la vie, du sexe (le « vrai ») et plus généralement, des humains.

Mais la jeune fille reste une coquille vide (habilement joué par la coréenne Bae Doona, la fille du génialissime The Host). Elle fait des trucs bizarres que seule une novice de la vie ferait. Très long, Air Doll devient parfois glauque et même insoutenable durant certaines scènes, poussant très loin ses idées, sans jamais chercher la demi-mesure. C’est sa force comme sa faiblesse : il reprend tout les clichés de type « je n’existe pas, fille de l’air, je suis une légende urbaine », et les pousse très loin dans ses retranchements, beaucoup plus que l’anecdotique segment de Gondry dans Tokyo ! qui tournait autour de la même thématique.

Du coup, Air Doll, très différent de Still Walking (j’y reviens bientôt) dégoute, agace et fascinera sans doute, complètement déphasé qu’il est de la réalité. C’est sans aucun doute ce qu’on a pu voir de plus expérimental, dérangeant et jusqu’au-boutiste dans le “mainstream” japonais depuis un bail.