Je vois tellement de crasse déversée sur le dernier Jeunet que je me sens obligé de prendre ici la défense de Micmacs à Tire-larigot. Ouais, paye ton titre nul. On va d’abord commencer par ce qui ne va pas. Je comprends complètement le raz le bol qu’on peut avoir pour l’esthétique globale du mec. Le filtre irréaliste jaunâtre bizarre qui va jusqu’à se moquer de lui-même et surtout d’Amélie Poulain. Stop, ça, on n’en peut plus. Les personnages sont assez mal introduits dans l’histoire, toujours dans la caricature éhonté qui cabotine, qui force le trait manichéen des gentils clodos qui font du bricolage comme des minipouss’ dans leur cave face au méchant consortium des armes. De vrais Dassaults qui détestent même leurs enfants, les immondes. Ca tombe bien, Serge Dassault ne peut pas encadrer son fils depuis que celui-ci lui dispute la légitimité de l’entreprise de pépé. Famille Ump powered. Ou alors, ils collectionnent les goodies macabres, genre les ongles de Pol Pot, le slip à Mussolini, le dentier de François Mitterrand. Ouh qu’ils sont méchant. Dans Micmacs, tout est agité à tel point que ça en devient horripilant, tendance les Visiteurs 2 (wouh les grands mots). Tu souscris à l’univers ou pas, perso, la dictature de la gentillesse heureuse, du bon sentiment qui crie et qui s’agite, du Yolande Moreau, c’est nein. Ceci étant…

Le film est construit assez intelligemment, comme une bd, montant en épingle ses Némésis. Mais ce que Micmacs fait le mieux, c’est de mettre en valeur l’esprit d’équipe façon l’Agence Tout-Risque. X-men 3, étron devant l’éternel, avait au moins une qualité, c’est de faire fonctionner son équipe, de développer une espèce de cohésion. Ce teamwork, assez Pieds nickelés moins l’arnaque, permet à presque tous ces personnages très cons cons d’arriver au bout de leur processus, sans faire trop poseur. Sans être franchement mal écrit, le dernier Jeunet ne mérite sans doute pas qu’on lui vomisse dessus car, dans le pire des cas, c’est toujours mieux que tout ce que fait Tim Burton depuis qu’il est marié.