J’ai quelques verres de vodka dans le sang. Et je n’ai pas eu le temps d’écrire sur les 80 (or so) films que j’ai vu dans l’année. Alors, je fais ça d’une traite. Un verre. Un nom dans la liste des films pas robotisés de l’année. Je suis désolé de vous infliger ça. Peut-être qu’un jour, je reprendrai ce texte honteux pour le corriger, l’organiser, organiser mes obsessions et mes lubies. Et foutre les titres en gras, ça fait plus sérieux. Ou peut-être à le retirer tout entier.

C’est parti.

Un verre et hop.

Hein de quoi ? Des nazis chez Almodovar ? La movida de Tarantino ? Pourquoi ce rapprochement bizarre ? Pas vraiment de SS se faisant éclater la gueule à la batte de baseball chez l’espagnol… Et pourtant, Spoiler ALERT. Ouais, attention je parle des fins des films là. Tu viendras pas crier, hein. Inglorious Basterds et Etreintes Brisées ne sont pas les meilleurs films de leur créateur respectif, mais se bouclent pareil. D’un côté, un tueur de nazi, admirant une croix gammée tracée au couteau qui s’exclame “c’est sans doute mon chef d’œuvre”. De l’autre, on a un réalisateur aveugle qui sanglote devant son propre film en plein remontage, “une œuvre de génie”. Taran-Almo se tirent littéralement la nouille à la fin de leurs films.

Tout partait bien dans Inglorieux. Mais putain, c’est ça, le film de guerre qu’il voulait faire depuis 20 ans, un truc chapitré plan plan où faux-nazi cabotine, faux-juif scalpent les soldats de la Wehrmacht. Tarantino touche les limites de son propre style. Filmer pour filmer, oké, mais pas n’importe quoi. La touchette chez Tarantino est plus schyzo. Difficile de voir quel personnage le représente le plus. Le génie du cinéma devenu aveugle ou le petit gay vicieux, réa foiré qui fait le paparazzi pour empoisonner les gens. Sans doute les deux. Bravo, mec, c’est courageux.

Dans le genre j’me la donne, Public Ennemies est sans doute la première déception Michael Mann depuis longtemps. Chiadé, soigné comme une gravure de mode, mais du coup méga sinistre et ‘achement superficiel, le clash Depp / Bale accouche quasiment sur une pub pour parfum. Mega dommage.

J’étais sorti du pouilleux millionnaire (le nom québécois de Slumdog, no shit) un peu exténué par la fable rythmée et surlignée. Je crois qu’une vision esthétisante des bidonvilles est un truc qui m’emmerde encore plus que la réa de Boyle revenue clipesque. Pas un oscar pour moi.

Entre Volt et Avatar, que choisir ? Tous les deux sont en 3D, ils ont une histoire simplette et une méga happy end en carton à la fin. Avatar est un bon Disney. Mais avec sa moralité pour gosses, il n’est qu’un dernier des mohicans avec happy-end sirupeuse. Mais au moins y’a des bastons avec armures de combat. 3 Airwolf. Mais du coup, j’en oublie Number 9, un peu le wanabee du groupe, qui part d’une bonne idée pour une fin qui fait fondre mes yeux tellement elle est nulle.

Volt est un film pour gosses. Malheureusement, son pitch est trop compliqué. Alors c’est un chien qui joue le rôle d’un super chien dans une série, mais lui seul le sait, tout le monde autour n’est dupe de la supercherie. Mmmm oké. Truman show chez les chiens. Du coup, Volt manque pas mal son objectif: il n’arrive pas à être un bon film pour enfants (peu de persos kawai et histoire sur le paraitre, ta petite nièce va RIEN piger) et il n’assure pas suffisamment pour les adultes. Pas assez de Pixar goodness. Mais y’avait quelque chose.

UP est un grand film. Mais comme tous les Pixar il est exceptionnel dans son début (sauf deux exceptions notables, j’y reviens), il balance toute l’émotion, toute sa vision de l’univers dès le début. Incredibles nous suprématisait la gueule avec ses bureaux interminables, Wall-E nous vendait la fin du monde en cinéma muet, Up fait donc pareil. Dès le premier quart d’heure, la vie, l’impossibilité d’avoir des enfants, la vieillesse, la mort, tout ça, dans ta face. Chiale tout ce qu’il te reste. (Et pas une pensée pour le papa qui devra expliquer à sa fille “bon bah tu vois, le vieux monsieur, il est tout vieux maintenant, il est tout seul”). Heureusement pour les enfants, le UP retombe dans le conventionnel Némésis à affronter, les sidekicks hilarant. Bref, début qui tue, parfait, exceptionnel et finish en retombant sur les pattes.

Puisqu’on en est aux bilans de la décennie, Ratatouille a eu la chance d’avoir une vraie construction crescendo, avec une des fins les plus créatives du studio. Mais celui qui restera dans mon cœur, le meilleur des Pixars ever, c’est __Cars__. Non, non, pas parce que c’est celui que tout le monde minore aujourd’hui, voire conspue. Cars est vraiment exceptionnel. Le dernier rôle de Paul Newman. L’ultime film américain riquain, racé, la ligne d’horizon claire. Cars aime le cinéma, j’aime Cars.

Entre Where the Wild Things Are et Synecdoche, New York, que choisir ? L’un est réalisé par Jonze, l’autre produit. Alors même combat ? Where the Wild things est peut-être avec des maxi-monstres mais alors qu’est-ce que c’est ennuyeux. Dès le début, on est agressé par un son maxi-fort. En général, devant une telle attaque, je fais rejet et je m’endors, comme un reflexe de survie. Les acteurs étaient bons (Gandolfini, génial) mais c’était juste insupportable. J’avais commencé par faire une critique en dessin animé de Synecdoche, sur ma DSi. Mais impossible de me souvenir quand j’ai arrêté… Quand le gamin dit à son père “que son caca est tout vert” ou quand le metteur en scène engage un acteur pour jouer le rôle du mec qui joue son rôle. Sérieux. On est dans un délire mégalo-créatif de Kaufman qui dépasse souvent les limites du délire. Etrange et irregardable mais carrément plus intéressant que les Maxi-Monstres creux. Toujours dans le zarbi movie, y’avait The Box. Cameron Diaz en MILF, le mec qui jouait Cyclops en un peu plus vieux et Langela (deuxième film de l’année après le fantastique Frost/Nixon), tout ça pour un film si étrange. Je saurais sans doute quoi en penser en 2011.

Collection ethnique il y a eu La petite fille de la terre noire (complètement oublié de quoi ça parle), Amerrika et Tulpan le seul film kazakh que j’ai jamais vu. Quand la naissance d’un mouton, filmé plan séquence et in story devient plus impressionnante que toutes les CG 3D du cosmos. Le chinois Memory of Love était chiant, à en sortir de la salle. The Chaser, un peu Joon-Ho Bong wanabee marque une année en dent de scie des coréens. Genre Thirst “ceci est mon sang“. 3 films assemblés en un, sans doute 1 de trop là-dedans. Résultat, à vouloir faire du whodunnit, du vampire et du sexe, on finit par en avoir que 2 pas mal. Au début du film, la scène de cul torride est assez yummy. Heureusement le prochain Joon-Ho sort en janvier. J’ai hâte. Collection humour, il y a eu Brüno, moins bien que Borat, mais plus que This is it (un making of un peu cynique, bon. Ceux qui auraient p’tet mérité un Airwolf: Ong Bak 2. Rien à voir avec le 1, scénario sous hallucinogène, mélange de style bizarre et fin anthologique dans le non-sens, du grand cinéma de baston thaï. Ultimate Game ne mérite rien. Il utilise le mec de 300 dans un simili-jeu vidéo assez bof. Dans le genre il en reste rien, celui-là est pas mal. Jusqu’en enfer, Sam Raimy qui fait du lo-fi. Bon, pas si mal, 2 airwolf.

Drama triste ? Revolutionary Roads avec Kate Winslet et Caprio qui s’entredéchire m’a fait rire pour une seule raison: tous les couples qui se sont déplacés à la saint-valentin pour le voir et qui sont sortis dépité. Priceless. Attention, le mec qui joue le “fou” et qui s’est fait honteusement voler son Oscar par un certain Ledger, balance une des scènes les plus tendues de l’année. A voir que pour elle. The road encore moins drôle avec ses cannibales, son Viggo incroyable. Et un môme parfait, que t’as pas envie de flinguer au bout de 10 mn. Donc si tu veux passer une soirée gaie, t’évite tous les films en “Road”.

Une spéciale pour les feel good movie: 4 Airwolf pour Welcome to Zombieland, plus un film Apatow que de Zombie (un ado moche, achievement final à travers des shot guns. Et une exceptionnelle prestation de Woody Harrelson. Moins zombie, le concert avec des russes et Mélanie Laurent (toujours juste, même dans Inglorious) est gentiment neuneu mais ça passe. C’est pas le cas de La Proposition, love comedy avec Sandra Bullock à peine digne d’être regardée dans l’avion. Funny People a presque été le meilleur Apatow depuis fouuu… et puis non. Après un début génial, il se tape une seconde moitié avec Eric Bana et la femme d’Apatow. Hé, Judd, fait pas jouer ta meuf dans tes films, ça foire toujours. Demande à BHL. Incognito. Oui, j’ai vu Incognito. Avec Benabar. Et Franck Dubosc. En fait, y a un perso pas mal dans le film, c’est le gonz de la RATP qui est fan de comédie musicale. Quand tu rentres dans son bureau, il écoute toutes les merdes du début 2000. Vraiment, la comédie française gagnerait à développer tous ces sub-characters, comme le font les anglais par exemple. Genre le chevelu dans Notting Hill. 500 jours (ensemble) est un petit drama amoureux plutôt pour hommes (le point de vue du mec quoi) mais tournée à l’envers, à la wanagain film indé us Fox Searchlight. Et à un moment, ils sont en balade en voiture, et on entend Carla Bruni. Comme dans Neuilly Sa Mère. Au cachot ! Nul. Tellement proche. “Cette famille, c’est la votre” dit l’affiche. Bah non. Hangover s’en sort vraiment pas mal, à faire évoluer des personnages Apatesques. 4 Airwolf pour les vannes. OSS 117 est sans doute ce qui s’est fait de plus drôle en France depuis que Johnny l’a quitté pour la Suisse après s’être fait refouler de la Belgique.

Ultimate Feel Good movie de l’année, Woody Allen. Dingue ça. Avec une histoire écrite il y a 30 ans (ceci expliquant cela), il réussit à s’émanciper de toutes ses vannes périmées et d’en caser des nouvelles plus Obamesque. Vraiment, la palme du meilleur rewritting. Whatever works.

Airwolf movie de l’année : District 9. Foutre un plouc sud-africain qui ressemble à un John Cleese transparent et le transformer en héros en exosquelette. Raaah la scène où il fait “feu à volonté” vaut tous les Avatar du monde pour moi. Aussi Airwolf que ça, je ne vois que Hurt Locker (le démineur en France, paye ton titre nul). Incroyable film de guerre, sans doute le plus colossal depuis celui de Terrence Mallick. Ah merde, pourquoi j’en ai pas parlé avant. Hurt Locker est incroyable. En plus, c’est sans doute une des meilleures scènes d’ouverture d’un film de guerre. Même d’un film tout court. Fuckn’ brillant.

A noter que Ché (part 1, pas vu la 2) se tape sans doute la séquence de fin de l’année, longue, rythmé et qui en plus nous fait croire qu’il va se taper la jeune Argentine qui ressemble à Sophie Marceau jeune. Alors que pas du tout. J’espère qu’il y a achievement dans le 2.

Ah merde j’ai oublié de parler de la journée de la jupe dans mon Kids Robotics. Adjani qui joue dans son registre (je te le donne en mille, l’hystérie), c’est assez dur à encaisser. In The Loop, un des films politiques de l’année, drôle, méga bien écrit et fantastiquement joué. Gandolfini, cette fois pas en maxi-monstre, quel homme ! Merde encore, pas parlé d’un Prophète. J’ai récrit au moins des dizaines de fois dans ma tête ce que je voulais en dire, et finalement rien. Et comme quasi tout le monde, j’ai adoré. Putain, la scène de respiration du film, si tendu, si majestueuse. Ce mec est incroyable.

Ah merde. J’en place une spéciale pour lui. The Wrestler. “The only place I get hurt is out there”. Quelle puissance.

Terminons sur une quote: “Is this your jacket?”. Johnny qui sagouine un Johnny To, ça me fait mal. Vengeance !Mais Sylvie Testud se prend une bastos dans la première minute du film. Le pour et le contre. Je fatigue. 80 films or so cette année. Demain le top jeux vidéo. 2009. Kamui, over.