Archive for year 2009
Le petit Nicolas
Dec 10th
D’abord, je tiens à m’excuser auprès du garçon qui joue Nicolas. Ca doit pas être facile de porter tout le poids de ce film. Et puis un jour, il lira des impressions négatives sur Allociné ou ici et ça le fera chialer. Ce n’est pas l’intention, bonhomme.
Car passé le magnifique générique de début, le petit Nicolas commence vraiment. Un petit jeu de massacre où l’on voit des acteurs, adultes, des stars, font tout pour écraser un môme quasi sans vie, comme s’ils s’étaient passés le mot pour écraser encore plus le gamin. Ca joue, ça surjoue, pourvu qu’on l’oublie. Ce que Laurent Tirard a réalisé (et pas mal, il était sans doute le plus talentueux des mecs possibles pour une telle production casse-gueule, mais on sent surtout une vibe Samantha-Jean-Pierre de Ma Sorcière Bien aimée là dedans). Pas aidé, Nicolas est absolument transparent. Il parle face caméra, avec les yeux grands ouvert, comme hypnotisé. C’est un petit androide qu’on aurait plutôt vu dans la version live d’Astro le petit robot.
Ce mauvais casting (on aurait plutôt vu un des autres gamins, genre Clotaire, dans le rôle de Nicolas) produit un effet répulsif inattendu. Cette France idéalisée des années 50, des mômes en uniforme sans aucun black ni même une couleur dérivative du blanc, cette France de la « Maman qui sera toujours la Maman et rien d’autre», la famille à Giscard, on la regarde sans trop y croire mais surtout en ne voulant pas y être. La reconstitution intéressante (à part l’incursion bizarre d’un aspirateur Dyson -go figure), quelques scènes (la voiture et l’examen de santé, un caméo désopilant), mais c’est tout ce qu’on retient de cette adaptation qui provoque désormais un air suspicieux à chaque fois qu’un de ces bouquins passe devant mon champs de vision. Vous savez, comme quand vous avez revu un épisode d’une série de votre enfance et que vous n’auriez pas dû.
Cadeau bonux: du vrai acting de môme. Tu vois, j’avais rien contre toi. Mais prends en de la graine, Guy Degrenne !
Hannah Montana
Dec 9th
On amorce ce Kids Robotics avec du lourd. On m’avait vendu Hannah Montana comme une Cremy Magique à la Disney. Panpululu, pouvoirs magiques…
Mensonges ! Pas de magie. Hannah Montana est une vedette de la chanson mais dans le civil, elle est simplement Miley, une fille normale qui cherche à rester normale et à aller à l’école tout aussi normale. Sans doute pour rester “vrai“, comme à la Starac. ARNAQUE ! Son désir de normalité est encore moins crédible qu’une baguette magique. Spider-Man, Batman, ils ont des raisons de garder le secret de leur identité : parce que ça pourrait blesser leur entourage. Duh. Mais Hannah Montana, faut pas déconner quoi.
En fait, il y aurait quelque chose à sauver dans ce film, si seulement tout n’était pas articulé en mode « les vrais valeurs du terroir » de Jean-Pierre Pernault. Explication : Son père, “célibatant” cool et chanteur de country (mais lourdingue pour nous, les spectateurs), trouve que Miley/Hannah se la pète un petit peu trop. Hop, il la coince dans le bled de son enfance. Mais un gros (forcément) et vil (forcément) entrepreneur cherche à choper les terrains de la bourgade pour transformer tout ce petit coin de nature en ZaraCelioMarionnaudSubway. Heureusement, concert de charité, et hop, tout le monde est sauvé. Oups spoiler. Ca serait presque plaisant si l’héroïne avait un chouïa de charisme. Mais de là à se farcir en plus l’ode à l’amour chaste, le travail-famille, je dis niet. “Pour vous, ce sera un grand NON, Mademoiselle Montana”.
Kids Robotics
Dec 9th
C’est l’année du gosse au ciné. Hannah Montana, Le petit Nicolas, Les beaux gosses, L.O.L. Ca n’arrête pas. Je déteste voir des enfants jouer la comédie et pourtant, il fallait faire le point.
Parce que les marmots qui jouent (souvent) comme des robots, ça concerne forcément Kamui Robotics. Même pas peur !
Au programme:
Still Walking
Dec 8th
En 2 heures, Kore-Eda tricote un costard sur mesure à cette famille qui fait semblant de se comprendre et se parler. Si Still Walking était anglais, il serait un film de Mike Leigh. Il balance ses bombes sourdes dans un cadre familial pépère. Ozu, Leigh, Deplechin, même combat ? Le film occupe le terrain du film nostalgique japonais, les petits bleds bruités aux criquets. Manquait plus que de l’aquarelle par dessus, et on passait ses vacances d’été dans un début de film de Miyazaki.
Une famille se retrouve régulièrement, pour commémorer la mort d’un fils ainé. Les parents, toujours dans la même baraque de Yokohama, semblent figés dans le temps, un peu comme une télé branchée sur Drucker depuis des années. A force de porter le deuil, ils ont oublié de passer à autre chose. La mémé va cuisiner avec les gamins de l’autre fils, l’autre là, celui qui a choisi de ne pas faire docteur comme son père. Il ne se passe pas grand chose dans Aruitemo, aruitemo. Les cadres y sont presque Ozu-esque, la photo est léchée. Alors quoi, une autre gravure mélancolique sur le temps qui passe ? Nope. Tout le monde y est un peu blessé. Malgré les apparences, tout le monde a un peu dérivé de son côté. Il y a une subtilité incroyable dans ce Kore-Eda (loin du bizarre Air Doll) dans sa manière amicale mais ferme (comme dirait Raffarin) de tailler le portrait de cette famille. En prime, des acteurs d’une justesse folle.
Alors quoi, Still Walking, meilleur film japonais de l’année ? Tu parles. C’est un des films de l’année tout court. S.O.S le cinéma japonais, parfois pas tant que ça.
L’Imaginarium du Docteur Parnassus
Dec 4th
Un mec à sa meuf à l’entrée du dernier Terry Gilliam : « non mais j’avais vraiment aimé son dernier film, là, avec un coupe-tif qui chante ». Châtiment corporel : non seulement le gus confond Gilliam avec Tim Burton, mais en plus il a aimé Sweeny Todd. Mais on va l’épargner : le style graphique, la direction artistique rococo-cracra fait méchamment penser à du Burton tardif. Film fourre tout au titre nawak (l’imagina-mandarum du docteur Parnassum ? Whatever.), il bénéficie d’emblée d’un capital sympathie ahurissant puisqu’il réussit à mettre en valeur sa star tombée au combat (Heath Ledger, toujours bon) et être cohérent avec les mecs qui le remplacent dans certaines scènes. Et attention, Johnny Depp, Jude Law, Colin Farell. Le pack hormonal. T’es une fille, t’en aime au moins un. Ou les trois en même temps, coquine.
La roue de secours collerait presque, s’il n’y avait pas ces petits moments qui donnent l’impression d’une grosse rustine, d’un post it fluo. C’est élégant mais pas gégé. Et malgré toutes ces bonnes intentions, on a l’impression de voire un best of visuel de Gilliam. Comme Gondry, il nous balance son savoir-faire de bricolo à la gueule. Cradingue et clinquant, visuellement proche de ce que j’imagine être dans la tête de Raël, Parnassum montre surtout, sans être un film passionnant, un des talents de Terry, celui de faire le cinéma de l’impossible. Ce type, dont on dit même qu’un barbecue dans son jardin tournerait mal, reste cohérent jusqu’au bout. Ca passe.
Un cadeau pour les vrais : High Rez pics d’Iron Man…
Dec 2nd
Un cadeau pour les vrais : High Rez pics d’Iron Man 2. Enfin plutôt de Scarlett Johansson as Black Widow. Un point c’est tout.
2012
Nov 19th
Après 2012, on a comme un doute. J’ai perdu le compte de toutes les fois où Emmerich a détruit les USA, sa Maison blanche et ses monuments. Finalement, ce mec, il a juste besoin d’un plugin tous les deux, trois ans pour nous ressortir le même film ou une side story du précédent. Je tiens Day After Tomorrow pour film crypto-gauchiste, où ce qu’il reste de l’Amérique finit par migrer au Mexique comme des sans-papiers. Mais le cas Emmerich est intéressant. Comment Hollywood a pu laisser ce teuton, gay et vaguement gaucho, faire des films qui flirtent si facilement avec le facho. Remember The Patriot avec le très modéré Mel Gibson. Ici, c’est la famille, l’ultime arche de la survie. Chacun y trouve un peu ce qu’il veut.
Dans le film catastrophe 4.0 d’aujourd’hui, il y a tout. Le discours du Président, l’animal qui a la vie sauve, le clodo, le couple divorcé qui se recompose, le conspirationniste amoureux des extra-terrestres du jugement dernier. Tout. La checklist est remplie.
Les neutrinos, c’est taquin. Ils se regroupent comme la poussière autour d’une PlayStation 3 et se changent en micro-onde. Trop bête. Après quelques explications du même acabit, on obtient des Tsunamis de 2000 mètres de hauteur. Et en toile de fond, un roman nul écrit par Jackson, le perso de John Cusack, dont l’histoire s’abreuve et nous livre quelques quotes affreuses. Heureusement, les neutrinos vont remettre ensemble Jackson et Amanda Peet, la MILF du film. Emmerich, what else.
Le problème, c’est que j’aime le film catastrophe. Comme un film de samouraï. Aussi vrai qu’Airwolf incarne la classe internationale, le plus jouissif, c’est quand tout se casse. Les bagnoles, les avions, les immeubles, les armures de combat. Bon sang, sur tous les épisodes nuls de M.A.S.K, mon préféré est le seul où l’on voit un jour la caisse du héros s’exploser comme une merde.
Rien à foutre des blagues de ruskofs (plus ils sont nazes et plus ça marche). On se fiche aussi complètement de la carrière de John Cusack. Une expression en stock, take a look.
Je suis un déclinologue, un vrai Comme le disait Villepin. Qui aime quand le porte-avion vient s’encastrer dans le gratte-ciel. Emmerich a tout compris, il refait son trip cynique. Faut juste arriver à fermer les yeux sur les éléments relous qui peuvent déplaire. Toujours plus de casses, des mégatonnes de destruction avec plus ou moins de réussite. 2012 s’invente un nouveau genre, le Gonzo-Catastrophe.
sur 5
Micmacs à tire-larigot
Nov 18th
Je vois tellement de crasse déversée sur le dernier Jeunet que je me sens obligé de prendre ici la défense de Micmacs à Tire-larigot. Ouais, paye ton titre nul. On va d’abord commencer par ce qui ne va pas. Je comprends complètement le raz le bol qu’on peut avoir pour l’esthétique globale du mec. Le filtre irréaliste jaunâtre bizarre qui va jusqu’à se moquer de lui-même et surtout d’Amélie Poulain. Stop, ça, on n’en peut plus. Les personnages sont assez mal introduits dans l’histoire, toujours dans la caricature éhonté qui cabotine, qui force le trait manichéen des gentils clodos qui font du bricolage comme des minipouss’ dans leur cave face au méchant consortium des armes. De vrais Dassaults qui détestent même leurs enfants, les immondes. Ca tombe bien, Serge Dassault ne peut pas encadrer son fils depuis que celui-ci lui dispute la légitimité de l’entreprise de pépé. Famille Ump powered. Ou alors, ils collectionnent les goodies macabres, genre les ongles de Pol Pot, le slip à Mussolini, le dentier de François Mitterrand. Ouh qu’ils sont méchant. Dans Micmacs, tout est agité à tel point que ça en devient horripilant, tendance les Visiteurs 2 (wouh les grands mots). Tu souscris à l’univers ou pas, perso, la dictature de la gentillesse heureuse, du bon sentiment qui crie et qui s’agite, du Yolande Moreau, c’est nein. Ceci étant…
Le film est construit assez intelligemment, comme une bd, montant en épingle ses Némésis. Mais ce que Micmacs fait le mieux, c’est de mettre en valeur l’esprit d’équipe façon l’Agence Tout-Risque. X-men 3, étron devant l’éternel, avait au moins une qualité, c’est de faire fonctionner son équipe, de développer une espèce de cohésion. Ce teamwork, assez Pieds nickelés moins l’arnaque, permet à presque tous ces personnages très cons cons d’arriver au bout de leur processus, sans faire trop poseur. Sans être franchement mal écrit, le dernier Jeunet ne mérite sans doute pas qu’on lui vomisse dessus car, dans le pire des cas, c’est toujours mieux que tout ce que fait Tim Burton depuis qu’il est marié.
Com-Robot