Archive for year 2009

Still Walking

En 2 heures, Kore-Eda tricote un costard sur mesure à cette famille qui fait semblant de se comprendre et se parler. Si Still Walking était anglais, il serait un film de Mike Leigh. Il balance ses bombes sourdes dans un cadre familial pépère. Ozu, Leigh, Deplechin, même combat ? Le film occupe le terrain du film nostalgique japonais, les petits bleds bruités aux criquets. Manquait plus que de l’aquarelle par dessus, et on passait ses vacances d’été dans un début de film de Miyazaki.

Une famille se retrouve régulièrement, pour commémorer la mort d’un fils ainé. Les parents, toujours dans la même baraque de Yokohama, semblent figés dans le temps, un peu comme une télé branchée sur Drucker depuis des années. A force de porter le deuil, ils ont oublié de passer à autre chose. La mémé va cuisiner avec les gamins de l’autre fils, l’autre là, celui qui a choisi de ne pas faire docteur comme son père. Il ne se passe pas grand chose dans Aruitemo, aruitemo. Les cadres y sont presque Ozu-esque, la photo est léchée. Alors quoi, une autre gravure mélancolique sur le temps qui passe ? Nope. Tout le monde y est un peu blessé. Malgré les apparences, tout le monde a un peu dérivé de son côté. Il y a une subtilité incroyable dans ce Kore-Eda (loin du bizarre Air Doll) dans sa manière amicale mais ferme (comme dirait Raffarin) de tailler le portrait de cette famille. En prime, des acteurs d’une justesse folle.

Alors quoi, Still Walking, meilleur film japonais de l’année ? Tu parles. C’est un des films de l’année tout court. S.O.S le cinéma japonais, parfois pas tant que ça.

Dans les dents !

Love punch !

L’Imaginarium du Docteur Parnassus

Un mec à sa meuf à l’entrée du dernier Terry Gilliam : « non mais j’avais vraiment aimé son dernier film, là, avec un coupe-tif qui chante ». Châtiment corporel : non seulement le gus confond Gilliam avec Tim Burton, mais en plus il a aimé Sweeny Todd. Mais on va l’épargner : le style graphique, la direction artistique rococo-cracra fait méchamment penser à du Burton tardif. Film fourre tout au titre nawak (l’imagina-mandarum du docteur Parnassum ? Whatever.), il bénéficie d’emblée d’un capital sympathie ahurissant puisqu’il réussit à mettre en valeur sa star tombée au combat (Heath Ledger, toujours bon) et être cohérent avec les mecs qui le remplacent dans certaines scènes. Et attention, Johnny Depp, Jude Law, Colin Farell. Le pack hormonal. T’es une fille, t’en aime au moins un. Ou les trois en même temps, coquine.

La roue de secours collerait presque, s’il n’y avait pas ces petits moments qui donnent l’impression d’une grosse rustine, d’un post it fluo. C’est élégant mais pas gégé. Et malgré toutes ces bonnes intentions, on a l’impression de voire un best of visuel de Gilliam. Comme Gondry, il nous balance son savoir-faire de bricolo à la gueule. Cradingue et clinquant, visuellement proche de ce que j’imagine être dans la tête de Raël, Parnassum montre surtout, sans être un film passionnant, un des talents de Terry, celui de faire le cinéma de l’impossible. Ce type, dont on dit même qu’un barbecue dans son jardin tournerait mal, reste cohérent jusqu’au bout. Ca passe.

Un cadeau pour les vrais : High Rez pics d’Iron Man…

Un cadeau pour les vrais : High Rez pics d’Iron Man 2. Enfin plutôt de Scarlett Johansson as Black Widow. Un point c’est tout.

2012

Après 2012, on a comme un doute. J’ai perdu le compte de toutes les fois où Emmerich a détruit les USA, sa Maison blanche et ses monuments. Finalement, ce mec, il a juste besoin d’un plugin tous les deux, trois ans pour nous ressortir le même film ou une side story du précédent. Je tiens Day After Tomorrow pour film crypto-gauchiste, où ce qu’il reste de l’Amérique finit par migrer au Mexique comme des sans-papiers. Mais le cas Emmerich est intéressant. Comment Hollywood a pu laisser ce teuton, gay et vaguement gaucho, faire des films qui flirtent si facilement avec le facho. Remember The Patriot avec le très modéré Mel Gibson. Ici, c’est la famille, l’ultime arche de la survie. Chacun y trouve un peu ce qu’il veut.

Dans le film catastrophe 4.0 d’aujourd’hui, il y a tout. Le discours du Président, l’animal qui a la vie sauve, le clodo, le couple divorcé qui se recompose, le conspirationniste amoureux des extra-terrestres du jugement dernier. Tout. La checklist est remplie.

Les neutrinos, c’est taquin. Ils se regroupent comme la poussière autour d’une PlayStation 3 et se changent en micro-onde. Trop bête. Après quelques explications du même acabit, on obtient des Tsunamis de 2000 mètres de hauteur. Et en toile de fond, un roman nul écrit par Jackson, le perso de John Cusack, dont l’histoire s’abreuve et nous livre quelques quotes affreuses. Heureusement, les neutrinos vont remettre ensemble Jackson et Amanda Peet, la MILF du film. Emmerich, what else.

Le problème, c’est que j’aime le film catastrophe. Comme un film de samouraï. Aussi vrai qu’Airwolf incarne la classe internationale, le plus jouissif, c’est quand tout se casse. Les bagnoles, les avions, les immeubles, les armures de combat. Bon sang, sur tous les épisodes nuls de M.A.S.K, mon préféré est le seul où l’on voit un jour la caisse du héros s’exploser comme une merde.


Rien à foutre des blagues de ruskofs (plus ils sont nazes et plus ça marche). On se fiche aussi complètement de la carrière de John Cusack. Une expression en stock, take a look.

Je suis un déclinologue, un vrai Comme le disait Villepin. Qui aime quand le porte-avion vient s’encastrer dans le gratte-ciel. Emmerich a tout compris, il refait son trip cynique. Faut juste arriver à fermer les yeux sur les éléments relous qui peuvent déplaire. Toujours plus de casses, des mégatonnes de destruction avec plus ou moins de réussite. 2012 s’invente un nouveau genre, le Gonzo-Catastrophe.

sur 5

Micmacs à tire-larigot

Je vois tellement de crasse déversée sur le dernier Jeunet que je me sens obligé de prendre ici la défense de Micmacs à Tire-larigot. Ouais, paye ton titre nul. On va d’abord commencer par ce qui ne va pas. Je comprends complètement le raz le bol qu’on peut avoir pour l’esthétique globale du mec. Le filtre irréaliste jaunâtre bizarre qui va jusqu’à se moquer de lui-même et surtout d’Amélie Poulain. Stop, ça, on n’en peut plus. Les personnages sont assez mal introduits dans l’histoire, toujours dans la caricature éhonté qui cabotine, qui force le trait manichéen des gentils clodos qui font du bricolage comme des minipouss’ dans leur cave face au méchant consortium des armes. De vrais Dassaults qui détestent même leurs enfants, les immondes. Ca tombe bien, Serge Dassault ne peut pas encadrer son fils depuis que celui-ci lui dispute la légitimité de l’entreprise de pépé. Famille Ump powered. Ou alors, ils collectionnent les goodies macabres, genre les ongles de Pol Pot, le slip à Mussolini, le dentier de François Mitterrand. Ouh qu’ils sont méchant. Dans Micmacs, tout est agité à tel point que ça en devient horripilant, tendance les Visiteurs 2 (wouh les grands mots). Tu souscris à l’univers ou pas, perso, la dictature de la gentillesse heureuse, du bon sentiment qui crie et qui s’agite, du Yolande Moreau, c’est nein. Ceci étant…

Le film est construit assez intelligemment, comme une bd, montant en épingle ses Némésis. Mais ce que Micmacs fait le mieux, c’est de mettre en valeur l’esprit d’équipe façon l’Agence Tout-Risque. X-men 3, étron devant l’éternel, avait au moins une qualité, c’est de faire fonctionner son équipe, de développer une espèce de cohésion. Ce teamwork, assez Pieds nickelés moins l’arnaque, permet à presque tous ces personnages très cons cons d’arriver au bout de leur processus, sans faire trop poseur. Sans être franchement mal écrit, le dernier Jeunet ne mérite sans doute pas qu’on lui vomisse dessus car, dans le pire des cas, c’est toujours mieux que tout ce que fait Tim Burton depuis qu’il est marié.

Dans les dents !

Communisto-punch !