Archive for year 2009

Made in Ore -Wario Ware Do It Yourself


Cadeau bonux

Dragon Quest IX

(pas de spoiler)

United Red Army

On a du mal à croire, quand on voit le Japon d’aujourd’hui lénifié par l’industrie du loisir, qu’on puisse y trouver encore un activisme politique, encore moins du communisme. Cependant, la crise qui frappe de plein fouet le Japon a, semble-t-il, relancé une vague d’intérêt pour Marx et son Capital, comme si les réponses apportés par 60 années de capitalisme galopant post-WWII avaient laissé un manque. C’en est fini du « pas-de-politique » à œillères, les gens veulent savoir.

United Red Army, réalisé par Kôji Wakamatsu, un mec venu du ciné undergroup jap dit pink eiga, trace le portrait assez peu flatteur des factions communistes d’assaut. D’un côté, la Fraction Révolutionnaire de Gauche, F.R.G. De l’autre, la Faction Armée Rouge, la F.A.R. Mais rien à faire, ce biobic est tellement massif qu’il en devient limite insoutenable, et pas seulement pour la longueur.

Tout commence vraiment bien : montage d’archives sur fond de Jim O’Rourke (top!), avec un narrateur dans le coup, et les émeutes étudiantes qui passent à toute berzingue. Exceptionnel. Mais là, ce n’était que la première heure. On bascule après dans une mise en scène un peu drama jap commençant dans la gaudriole. Faut les voir, ces mecs qui dévalisent des commissariats comme des bouffons pour chopper deux, trois armes. La caméra les traite presque avec tendresse. Malgré les engueulades, les factions extrémistes s’unissent. Les révolutionnaires partent tous en camping d’entrainement dans les montagnes nippones. Alors que le décor se prête plutôt au tournage d’un épisode de sentaï, ils vont tous perdre les pédales et se forcer les uns les autres à faire leur autocritique. Ils se tabassent. Certains meurent sous les coups. Les autres tombent comme des mouches. Avant même l’intervention de la police, la prise d’assaut finale, il y a déjà eu une dizaine de morts.

Voilà en condensé 3 heures de film, rendu absolument intolérable par ses scènes de torture physique et psychologique. C’est un procédé assez intelligent déjà utilisé par les films ayant pour trait l’holocauste : les rendre absolument irregardable par le contenu ou la longueur, comme pour mettre en exergue l’impossibilité de montrer ni de raconter des choses horribles. Je ne suis pas persuadé que ce soit la meilleure des méthodes ici. Cinématographiquement, c’est insoutenable et malheureusement, on voit trop souvent la reconstitution carton pâte (même si les acteurs ressemblent vraiment aux révolutionnaires wanabee). Mais U.R.A pose de réelles questions sur un pays dont les habitants peuvent basculer d’un fascisme pur sucre à une conscience politique radicale.

Par contre, c’est sans doute une des meilleures radiographies jamais faite sur les otakus. Les révolutionnaires dont on fait le portrait aussi, ce sont des « marxiste no otaku ».

Transformers : Revenge of the Fallen

Michael Bay te regarde. Il sait ce que tu veux. Des explosions. Et de la nana qui court au ralenti. Bay ne ment pas, il ne joue pas avec les sentiments et Transformers 2 a l’assurance arrogante d’un Bad Boys 2 dont il a canalisé toutes les « qualités ».

Un film tiré d’une gamme de jouets, transformée en dessin animés. Il y aura forcément un rapport étrange à l’enfance, surtout avec Spielberg à la prod. Dans le premier bang, les Autobots jouaient à cache-cache dans une maison pavillonnaire, la même que E.T, du pur Spielb’80’s. Transformers 2 essaye de puiser dans toute les prods de Spielberg pour remplir les vides situées entre explosion A et explosion B. On sent même naitre une vraie dynamique Indy quand Sam (même acteur qu’Indy Jr) trouve son temple d’Egypte (le même rade que la dernière croisade), après une énigme digne de l’Arche perdue. Les petits robots se transforment en Gremlins et jouent à la mini-guerre façon Small Soldiers devant le regard éberlué de Kevin Dunn (même acteur que dans Small Soldiers, again). Et de l’humour, à ne plus savoir qu’en foutre.

Un, deux comic relief maxi, ça va encore. Mais Transformers 2 n’est pas un film coréen, qui essaye de trouver un équilibre. Ici, l’humour est agressif et remplissant. Sans lui, la machine tournerait encore parfaitement. Prenez Leo, le nouveau colloc’ de Sam dont le jeu n’est pas sans rappeler la finesse de legendary Jar Jar Binks. Il n’a absolument aucune utilité propre. Son rôle pourrait être kärcherisé, le film ne changerait pas d’un iota. Cet énergumène se partage la vedette tarte à la crème avec la famille de Sam (sa mère qui mange de la drogue à la fac, ça aussi houste), deux robots jumeaux qui parle wesh (les « Ghettobots » ?), les petits robots maléfiques dont le plus nouveau centriste d’entre eux se branle sur la jambe de Megan Fox, les couilles de Devastator et attention, un plan totalement gratuit sur deux chiens qui s’enfilent. Il ne manque plus que deux, trois chutes et on tient un nouveau genre, le Mecha-burlesque. Pour sauver ce merdier, arrive au milieu du film John Torturro qui joue encore plus over the top qu’avant. Il faut le voir, monter seul la pyramide de Guizé, face à des robots, à balancer des oneliners cultes. Not on my watch. Mais quand on se rend compte que c’est Jésus de Big Lebowski et son jeu cocaïné qui est la partie comique la plus réussie du film, on se dit qu’on est passé à coté d’un truc.

Dans ce merdier, le scénario n’a fait que reprendre que le schéma d’Indy IV (pas un bon exemple), c’est-à-dire aller d’un point A à un point B, de B à C, effaçant au passage toute notion de cohérence. Pour aller plus vite, les héros se téléportent. Avec une explosion hein, Magic Bay veille.

TF2 essaye de jouer au divertissement total, en misant à fond sur la comédie, la baston, la fable moraliste (les derniers plans, ouch) sans jamais réussir et parfois en passant à des années lumières de l’objectif escompté. Même ce qui était installé dans le premier film est sagouiné. Genre le chef des Autobots, Optimus Prime. Il n’est vraiment pas compliqué, Optimus. C’est un leader à la noblesse inégalable, un mélange de Roi Salomon et de Lionel Jospin (ou Abraham Lincoln, l’équivalent version states). Dans sa première scène, il abat froidement un Deceptican dont le seul crime était de… bah d’être là.

Son némésis Megatron, une fois revenu, a une scène absolument incroyable avec Starscream, complètement dans l’esprit TF G1. Et paf, plan suivant, il a un maitre (qui se reconnait grâce à sa barbe métallique) devant lequel il se prosterne. My master et tout le toutim. Le doctor Doom robotique qui s’écrase comme une lavette. TF2 n’arrive même pas assurer là-dessus et préfère devenir un néo Fast & Furious écrit avec de gros sabots comme Taxi 1234 (voitures, vroom, méchants caricaturaux, rap et bombasses, abonnement à Tunning&babes magazine).

Not on my watch.

Il n’y a pas des masses de circonstances atténuantes mais en cherchant bien, on en trouve un peu. Il y a un SR-71 Blackbird et à un moment un aspirateur Dyson se transforme en robot. Le mecha du quotidien qui fait kri kru kru kro, voilà une lueur d’espoir.

Sauvé par un Dyson donc: mais pas plus.

Dans les dents !

Dans la joie et la symétrie

Valkyrie

C’est dérangeant de voir Tom Cruise le dianétiquement illuminé jouer un gentil soldat de la Wehrmacht qui se rebelle contre Hitler et monte un plan pour le tuer. Walkyrie est un ambitieux projet, platement exécuté par Singer passé du statut de golden boy (pour des raisons assez usurpés) au rang de yesman qui projette ses idées sur des concepts qui le dépassent. D’Usual suspect à Superman en passant par X-men, le mec s’est sabordé.

Mais là, il se la joue lo-fi genre film de guerre basique, avec quelques gueules bien placées. Tout hollywoodien qu’il est, basculant dans un anglais semi-papa schultz, Stauffenberg va tenter d’assassiner Hitler. Based on a true story, il va foirer son coup, entrainant dans sa chute la poignée de démocrates qui tentaient de déboulonner le Führer. Encore une fois, Cruise ne joue pas, il EST. Parfois à la limite de la folie, de la classe et du ridicule. Faut le voir, faire le salut nazi, tout moignon dehors avec ce qui lui reste dans la main droite. Il cannibalise les autres acteurs, la superbe Carice Van Houten et Kenneth Branagh, littéralement poussé dehors à mi-film, sans doute par un sms ravageur de la Kommandantur. Tom Cruise fait tout. Au passage, comme Bébèl dans l’as des as, il se paye une visite à Hitler dans sa datcha. Ca ne sauve pas la situation : alors que dans Mission Impossible III, il surjouait le coma, ici il arrive à faire plus fort, il surjoue la mort. Über Cruise.

Tout comme Zodiac, Walkyrie est un film sur l’échec mais qui foire un peu plus son coup, perdu dans son manichéisme robotique : gentils soldats allemands vs méchants nazis, une dichotomie pokémon sans cette zone grise qui rend généralement pas mal pour un film de guerre.

Dans les dents !

Ep, Sakura, comment dit-on Cracovie en anglais ?

Ah voilà, c’est ça.

Ponyo sur la falaise

Avec Miyazaki, c’est un peu toujours le même film. Tout son cinoche n’est plus que le template du parcours initiatique d’une petite fille qui va se trouver au cœur d’un énorme tohu-bohu (forteresse qui s’écroule, tout qui se casse la gueule ou se transforme en dégueuli menaçant, poursuites surréalistes etc) pour que finalement, tout revienne dans l’ordre, généralement grâce aux pouvoirs magiques d’une divinité, une femme forte ça serait bien. Ponyo, c’est tout ça, comme d’habitude. Moins nul que le Château déambulant, moins baroque que Chihiro, Ponyo prêche la 2D pure, sans effet ni calque photoshop.

A l’image du graphisme, le scénario a pris cette pente abrupte. On a déjà vu des épisodes des Schtroumfs plus compliqués que ça. Mais encore une fois, il y a des strates entières de l’histoire qui ne sont absolument pas expliqués, laissées dans le flou des travaux préparatoires et des synopsis invisibles. Le petit gosse appelle sa mère et son père par son prénom, ce qui est un des très rares cas où cela arrive dans un film japonais. Même à la télé, bon sang, Actarus il donne du “père” au Professeur Procyon (et si vous avez des exemples qui vous viennent de parents directs appelés par leur prénom dans le cinéma jap’, je suis preneur). Dans la collection bizarrerie, pas un humain n’écarquille les yeux devant un poisson rouge avec une tête humaine. Accepté aussi, ce raz-de-marée sur fond de Wagner (berk) qui engloutit toute une vallée sans faire aucune victime. Ou cette étrange rencontre d’une mère qui explique totally gratuitement à Ponyo ce que ca veut dire « donner le sein ». Derrière sa simplicité infinitésimale se cache une densité incroyable d’idées folles. Miyazaki, qu’on croyait cramé après le Château Ambulant, s’est remis à faire comme avant des films faussement modestes de manière appliquée. Et là, il fait son dernier tour d’honneur, les bras en l’air. Highly Ok.

Game Center CX2

Tokyo Sonata

Un “classique” de Kiyoshi Kurosawa ? Can’t compute. Faut faire la sélection parmi ses films de fantômes, de paranormal, d’horreur et de sérial killer et franchement, sans façon. Que reste-t-il vraiment de son cinoche overanalysé une fois la hypegeist épuisée. Ici on a de bonnes idées, des thématiques qu’on ne voit pas souvent dans le ciné jap’ dont un père cache à sa millefa qu’il a perdu son job. Puis chacun des autres membres va avoir un problème, plus ou moins farfelu, ce qui permet un panel de tons assez différents dans le même film, côté verso de la « famille formidable »

Le reste fait dans la poésie urbaine, mais l’acting expressionniste du père, de la mère, c’est juste pas possible, le genre qui vous fait sortir d’un film. Il y a une scène vraiment bien, vers la fin, quand le môme rentre chez lui, quand il traverse au petit matin ce Tokyo gueule de bois assez familier et ses rues encore un peu dégueux. Une qualité certaine à Tokyo Sonata, c’est qu’il évite les écueils du « Tokyo-villedeconstraste-avecdesneonssurfonddetechno ». C’est le moins que l’on pouvait demander. Un film ambitieux mais qui a du mal à se trouver, naviguant mal sur la voie de l’absurde.