Agora est une expérience intéressante en soit. Check ça : un péplum intello, sans gros fight, féministe, bon sentimenteux et en plus il renverse les codes. Alors que le brave Ben Hur se convertissait au Christ roi, ici c’est les Chrétiens qui tiennent le mauvais rôle, saccageant la bibliothèque d’Alexandrie. De persécuté, ils basculent en persécuteur. Le dernier des mohicans au pays des philosophes de la Rome Antique.

Based on a true story avec l’exactitude historique d’une page Wikipédia, Raquel Weisz transcende le film. C’est une de ces actrices muses qui concentrent les fantasmes des réalisateurs. On veut la voir dans tous les rôles, sous toutes ses coutures. Ca tombe bien, elle est en toge. C’est Hypatie, philo-astro-mathématicienne, premier véritable martyr athée de l’Histoire. Elle a donc toute ma sympathie. Elle pose même une démo des lois de Kepler un millénaire en avance. Sans doute vierge, elle est prise dans un triangle amoureux impossible entre son esclave et celui qui deviendra préfet. Jamais de mauvais bougres, tous en gray area, pas mal. Mais elle, elle est vraiment belle, donc on lui permet tout.

Le plus relou, c’est le kit lourdingue (importé de Mar Aldentro) à base de Google Earth, de cette immensité cosmique qui s’abat sur le ridicule de la situation qui condamne ses martyrs. “On est peu de choses hein”. Amenabar veut tellement bien faire, avec tellement de générosité voire de naïveté qu’on voit clair dans son jeu. Humain, pataud, coincé entre des enjeux énormes, par moment, on sent que ça mouline. Mais au moins, on lui accordera l’ambition de changer drastiquement les codes. Et puis faut le courage de faire un film avec des mecs en toges et en jupe qui ne se battent pas, ce qui fait généralement bien ridicule. Are you not entertained ? Ouais, un peu. La même en plus modeste.