Invictus, c’est le poème que Mandela file aux Springboks, juste avant la coupe du monde de rugby que son pays organise en 95. En gros, c’est un trophée que le pays s’est acheté, un peu comme la France en 1998.
En réalité, il n’a pas filé ce poème mais un bout de discours de T.Roosevelt. Le spectateur doit donc fermer les yeux sur cette inexactitude toute Wikipédia sinon tout le propos du film tombe à l’eau. Un message martelé avec Le courage, l’abnégation, malgré les souffrances, les humiliations, les Nadine Morano, la prison, la douleur, il ne faut pas baisser la tête. Tu es le maitre de ta destinée. Même en zonzon.

Vous n’avez jamais remarqué que les biopics sortent massivement au début d’année ? Normal, les statuettes sont balancées entre février et mars.
Et rien de tel que du bon gros morceau d’acteur pour choper une statuette. Bonus supplémentaire s’il s’agit d’une star Rise & Fall, “du succès à la drogue à la renaissance” dira la voix off caverneuse. Ah, on aime ça, mais là, non, on a un président méga classe. Mitterand en noir. Et sans cynisme.

Tu sais ce qui est bien avec Mandela, c’est qu’on a l’impression qu’il a vécu toute sa vie pour être incarné par Morgan Freeman, et pas l’inverse. Ce mec est fantastique. Morgan, hein, Mandela lui, est littéralement déifié via Invictus. Il est si puissant, si pur, qu’il n’a jamais téléchargé de musique illégale ni même voté Bayrou. Mais Morgan, putain. Ca doit être son douze millième film à fond d’antiracisme, le mec, on ne s’en lasse pas. Profitons de lui pendant qu’il est là. 72 ans, l’âge où on devient gaga, que l’on s’engage à la NRA ou pire, qu’on décide de vivre en Suisse. Morgan, lui, droit dans ses pompes.

Filmeur de sports des 90’s, Eastwood ? One Million Dollar Baby jouait la même carte, la tragédie en plus. Je regrette vraiment le côté stabilobossé de la démonstration. Que ce soit par la famille abjecte de la boxeuse parachuté au final pour bien montrer que ceux qui vivent des allocs sont des connards ou bien des séquences “United Colors” monté avec musique si sirupeuse… Même Addidas n’aurait pas osé faire aussi cheezy au temps où le charismatique Zidane faisait le porte-manteau. Aucune explication sur le power up mystique de l’Afrique du Sud. The Hand of God, ptet ? Et pas un mot sur le mythique match contre la France et ses fautes sifflées par dizaine. Il faut rester capitaine de ton âme, mec, et tu feras des coups de pied sautés à la gueule. C’est tout.

Eastwood fait de la démo. Il pouvait se le permettre à fond la caisse sur Gran Torino, c’était sa confession à lui. Là, c’est juste un film à oscars, de la métaphore lourdingo, du bon sentiment qui fait mal aux dents. Avec des morceaux d’acteurs dedans.

Mais seulement parce que j’aime le rugby.