Archive for year 2010

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Black Dynamite

“Black ! Dynamite !” résonne la bande son incroyable de ce pastiche ultra-chiadé. Blaxploitation et Kung Fu, unis dans un mélange assez fou et jouissif. Y’a des vrai-faux raccords pour faire plus halal, une Misty Knight “Black Pantha” à tomber, des méchants blancs délicieux et du Kung Fu pour répandre l’amour. Ce ne sont pas des coups de pied. C’est de la poésie.


Mention spéciale pour un boss de fin tellement ultime que même Bill Murray en armure de combat District 9 ne pourrait pas faire le poids. Le commandant en chef d’Avatar, il rentre chez sa mère. Black Dynamite mérite son fuckn’ Airwolf .

De la poésie.

C’est si bien que j’ai envie de dire : BATMAN, MOTHERFUCKER !


Quelle scène incroyable. Un concentré d’intensité de cool que j’aimerai retrouver dans chaque bureau de poste français.

In the Air

Je crois que j’ai aimé Juno au moins autant que de voir Ségolène Royal investie à la course à la présidence par le PS. C’est dire le morceau de haine que je voue à cette sauce faussement Indé et putassièrement cool. Mais bon, donnons lui sa chance.

Peau d’zobi. Complètement superficiel, In the Air ne s’investit jamais, ne prend jamais position, enfin jamais plus que « le chômage, c’est mal». D’ailleurs j’ai appris après coup que les chômeurs qu’on ne voit que quelque seconde à l’écran se faire virer sont de “vrais précaires”, dans la vie. Seulement pour quelques secondes, hein, après on revient à des professionnels. “Pro”, l’habillage du film l’est parfois, façon smart clip sur musique cool que les gens s’envoient d’habitude, entre facebook et twitter. Ca sent encore l’indy des dessous de bras.

Virer les gens, c’est moche, alors on a pensé que le faire via George Clooney, c’est mieux. Casting exceptionnel, c’est la plus grande réussite du film: Clooney dans son meilleur rôle, lui-même, en vieux beau «toujours un peu dans l’adolescence ». Il nous joue son menu best of, la palette entière, du refus d’engagement au sourire en coin pince-sans-rire du mec qui boit un verre de whisky habillé d’une veste sans cravate. Vous le reconnaissez ? C’est Docteur Ross d’E.R à Nespresso en passant par Bruce Wayne en col roulé. Son perso passe sa vie dans les aéroports, en transit, allant de ville en ville pour virer les gens. Du coup double dose de cynisme : il vire des gus, ok, mais il y a aussi la mélancolie de la solitude. Il vit en chambre d’hôtel, tout seul et tout fier de sa propre vanité à griller la file d’enregistrement des bagages. Vu le dédoublement Clooney, le film va forcément se déjouer de lui et le remettre à sa place.

2 heures d’In The Air, c’est comme un podcast où t’écouterait Frédéric Lefebvre (ou Benoit Hamon, ça marche aussi) te récitant les discours en creux de la politique générale de son parti. Le fond politique d’un twitteur du vide. Ne reposant que sur le setting de ses personnages (deux jolies filles en bonus) le film ne prend jamais position. Zéro intention. Une sensation immense de vanité qu’In The Air entretient avec un certain cynisme. Le cinéma du vent.

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Sherlock Holmes

Sherlock Holmes est un prototype, le résultat d’une expérience chirurgicale audacieuse : l’actionneur pour meufs. T’as Jude Law à droite, Rober Downey Jr à gauche. En même temps. Et c’est à toi, lady, d’imaginer la suite.

Plus qu’un soft porn pour filles, ce Sherlock Holmes essaye d’être un buddy movie dans la grande tradition des prods Joël Silver. On a même rajouté une fille dans l’histoire (la seule jamais mentionnée par Holmes/Doyle), histoire d’avoir la complète, de plaire à tous les publics. Du plaisir brainless, hypnotique jusque dans les explosions, dans ses incrustations CG ou dans les fights enjolivés de ralentis sur les coups de Wing Chun et de Tae Kwon Do de Sherlock. Ouais, parfaitement ! Sherlock Downey joue le mec que Christian Bale lui a volé : Batman. Il était si deg’ qu’il s’est approprié Iron Man en représailles.

Plus sérieusement, le Sherlock 2010, il ne porte pas sa casquette trademark et fait des trucs à la Batman. Tout le temps. Logique, ce sont deux detectives. Mais ici, Holmes casse des bras, se moque de ses adversaires et calcule les algorithmes des combats pour dégommer ses adversaires. Si les batteries de bagnole existaient dans le Londres victorien du XIXème, Sherlock Downey en balancerait sur la gueule de Moriarty. Parce que c’est ce que ferait Batman.

Sherlock Holmes 2K10 n’est pas beaucoup plus fin que ça, mais il se laisserait plus facilement regarder qu’un Bad Boys 3. Et dieu seul sait que le cinéma n’a plus besoin d’un nouveau Bad Boys.

Ce sera donc un généreux sur 5.

Bonus track: tandis que Downey commence la promo d’Iron Man 2, poor Jude se farcit les talks show japonais. Et dire que vous pensiez que Denisot et compagnie manquaient de fond.


Chris Sim pour l’inspi.

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Tsar

On est dans le gros morcif de barbaque d’histoire, la vie d’Ivan le terrible. Tsar est un biopic (encore!) estampillé « plus gros fucking budget de la Russie » et s’est fait sur le dos des banques et des oligarques en pleine crise. Bravo.

En 1565, la parano de Le Terrible était déjà épanouie et rayonnante. Son réalisateur, Pavel Lounguine, canonisé comme culte depuis « L’ile », un film sur le repentir mystique qui a sérieusement excité la flamme chrétienne russe qui ne demande qu’à être chatouillée. Why not, c’est les racines fondamentales et incontestables de la Russie.

Ce Tsar, c’est tout le récit de son conflit avec l’église orthodoxe, de ses martyrs face à la toute puissante folie d’Ivan. Il s’oppose à son métropolite, son ex-pote qui finira mal, forcément. Ultra manichéen dans son dispositif, Pavel ne nous épargne aucune horreur, allant jusqu’à nous montrer un Disneyland de la torture. No kiddin‘. Déjà que le Disneyland normal suffisait pas. C’est siiiii excessif dans la représentation de la violence à la Gibson qu’on a du mal à se mettre du côté des victimes (ce qui serait à priori la logique du film. Le réa s’est d’ailleurs fendu de quelques interviews bizarres pour expliquer que les russes ont un besoin périodique de dictateurs pour les recadrer. Ouuuuuuais mais voyons… Du coup, le film a été projeté au Kremlin pour voir s’il ne s’agit pas d’un pamphlet subversif… )

Contrairement à la version d’Eisenstein, Tsar se concentre sur ce basculement dans la folie furieuse, sur la sacralisation du martyrdom de manière assez lacrymale. Ca patauge un peu, là. En plus d’être gentil, tu vois même un miracle : le métropolite rend même la vue à un pauvre gus. He’s that good. Du coup, le résultat est assez moyen : on voit très bien où il veut en arriver mais le procédé n’est vraaaaaaaiment pas subtil. Ceci dit, bonne perf’ d’acteurs.

The Book of Eli

Jezzusss, encore un film post-apocalyptique. En plus, c’est un peu le même que The Road, mais avec un black qui découpe des gus à la machette. Jusque là, tout va bien.

Sauf que l’Eli en question, c’est Denzel Washington. Et visiblement, sa cure de Menu Bucket du KFC a porté ses fruits. Il est gras, le genre pas vraiment crédible après l’Holocaute nucléaire, lorsqu’on se nourrit des quelques rares animaux qu’il arrive à chasser sur sa route, forcément désertique. C’est le chaos, sauf pour son double menton. Mais bon il produit aussi, le mec, il ne va pas prendre un autre mec pour le jouer.

Le deuxième problème, c’est le pitch du film. Notre Zatoichi keu-bla possède la dernière Bible au monde. Voyez-vous, elles ont cramé après le D-Day qui a tout ravagé 30 ans plus tôt. Toutes. Là, mec, tu pousses ma suspension consentie d’incrédulité dans ses derniers retranchements. On parle du bouquin le plus édité dans le monde. Qu’on trouve dans tous les putains de tiroirs des hôtels. Distribué gratos par les hurluberlus dans la rue. Et c’est sans parler de toutes les autres langues (le film part de l’idée que c’est la version anglaise l’originale, celle qui importe le plus). Sans parler des mecs qui la connaissent par coeur. Ou qui l’ont sur CD. Pire, il met de côté toute hypothèse de version numérique alors que je dois avoir genre 4-5 bibles en différentes éditions sur mon iPhone. Gratuit, cousin.

Donc il faut arriver à croire que le dernier exemplaire, c’est ce gros Denzel qui le porte, alors qu’on trouve encore des Dan Brown (gag du film, loul) à la pelle. Et un caïd local, une espèce de Georges Frêche illuminé joué par Gary Oldman, veut mettre la main sur l’exemplaire pour « contrôler les gens ». C’est magique, la Bible.

Comment adhérer à un pitch aussi abracadabrantesque, qui croit trop en son propre symbole pour voir que le monde de l’après-apocalypse sans Bible est encore moins crédible que celui de Ken le Survivant avec les bateaux encastrés dans les murs et la technique des 5000 coups de poing de l’école du Hokuto.

Un seul sur 5, gentiment offert pour les deux scènes de baston pas trop molles du début (c’est pas Denzel qui se bat, ça se voit) et surtout pour Mila Kunis avec qui t’as clairement envie de repeupler la Terre. Non à la post-apocalypse molle.

Coco Chanel & Igor Stravinsky

Le bide originel de Stravinsky se transforme chez Jan Kounen en scène d’ouverture incroyable, rythmée, puissante. Le meilleur de Kounen même, compilé en un quart d’heure, alors que le pré-générique laissait présager un délire kaléidoscopique, genre screensaver à la Blueberry. Presque aucune parole. Un bon de moment de cinéma.

S’installe ensuite une relation love-love assez tendue entre Igor (joué par le Chiffre de Casino Royale, qui parle pas un kopeck de russe, à la Viggo) et Coco jouée par Anna “Relou” Mouglalis. Déjà, c’est dur quand on sent que le mec est pas un natif, qu’il force ses 3,4 phrases de russe pour faire genre, comme José Garçia qui, sans parler une once d’anglais, rendait hilare le public de NPA préalablement chauffé avec “you talkn’ to me”.

Elle, elle est belle, vraiment mieux qu’Audrey Tautou, mais elle porte sur elle la beauté reloue, qui te fatigue. L’affiche ne te ment pas. Faut la voir, faire la gueule pendant 2h de film, tu sens qu’elle se force même pas. Arrête !

Un mec qui parle peu d’un côté, une belle nana qui fait la gueule, la caméra virevolte, zoome, dézoome et au final on a l’impression d’être dans une pub pour parfum. Igor+Coco begins 2.0 reste assez insatisfaisant, malgré une séquence d’ouverture superbe.

Agora

Agora est une expérience intéressante en soit. Check ça : un péplum intello, sans gros fight, féministe, bon sentimenteux et en plus il renverse les codes. Alors que le brave Ben Hur se convertissait au Christ roi, ici c’est les Chrétiens qui tiennent le mauvais rôle, saccageant la bibliothèque d’Alexandrie. De persécuté, ils basculent en persécuteur. Le dernier des mohicans au pays des philosophes de la Rome Antique.

Based on a true story avec l’exactitude historique d’une page Wikipédia, Raquel Weisz transcende le film. C’est une de ces actrices muses qui concentrent les fantasmes des réalisateurs. On veut la voir dans tous les rôles, sous toutes ses coutures. Ca tombe bien, elle est en toge. C’est Hypatie, philo-astro-mathématicienne, premier véritable martyr athée de l’Histoire. Elle a donc toute ma sympathie. Elle pose même une démo des lois de Kepler un millénaire en avance. Sans doute vierge, elle est prise dans un triangle amoureux impossible entre son esclave et celui qui deviendra préfet. Jamais de mauvais bougres, tous en gray area, pas mal. Mais elle, elle est vraiment belle, donc on lui permet tout.

Le plus relou, c’est le kit lourdingue (importé de Mar Aldentro) à base de Google Earth, de cette immensité cosmique qui s’abat sur le ridicule de la situation qui condamne ses martyrs. “On est peu de choses hein”. Amenabar veut tellement bien faire, avec tellement de générosité voire de naïveté qu’on voit clair dans son jeu. Humain, pataud, coincé entre des enjeux énormes, par moment, on sent que ça mouline. Mais au moins, on lui accordera l’ambition de changer drastiquement les codes. Et puis faut le courage de faire un film avec des mecs en toges et en jupe qui ne se battent pas, ce qui fait généralement bien ridicule. Are you not entertained ? Ouais, un peu. La même en plus modeste.

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Invictus

Invictus, c’est le poème que Mandela file aux Springboks, juste avant la coupe du monde de rugby que son pays organise en 95. En gros, c’est un trophée que le pays s’est acheté, un peu comme la France en 1998.
En réalité, il n’a pas filé ce poème mais un bout de discours de T.Roosevelt. Le spectateur doit donc fermer les yeux sur cette inexactitude toute Wikipédia sinon tout le propos du film tombe à l’eau. Un message martelé avec Le courage, l’abnégation, malgré les souffrances, les humiliations, les Nadine Morano, la prison, la douleur, il ne faut pas baisser la tête. Tu es le maitre de ta destinée. Même en zonzon.

Vous n’avez jamais remarqué que les biopics sortent massivement au début d’année ? Normal, les statuettes sont balancées entre février et mars.
Et rien de tel que du bon gros morceau d’acteur pour choper une statuette. Bonus supplémentaire s’il s’agit d’une star Rise & Fall, “du succès à la drogue à la renaissance” dira la voix off caverneuse. Ah, on aime ça, mais là, non, on a un président méga classe. Mitterand en noir. Et sans cynisme.

Tu sais ce qui est bien avec Mandela, c’est qu’on a l’impression qu’il a vécu toute sa vie pour être incarné par Morgan Freeman, et pas l’inverse. Ce mec est fantastique. Morgan, hein, Mandela lui, est littéralement déifié via Invictus. Il est si puissant, si pur, qu’il n’a jamais téléchargé de musique illégale ni même voté Bayrou. Mais Morgan, putain. Ca doit être son douze millième film à fond d’antiracisme, le mec, on ne s’en lasse pas. Profitons de lui pendant qu’il est là. 72 ans, l’âge où on devient gaga, que l’on s’engage à la NRA ou pire, qu’on décide de vivre en Suisse. Morgan, lui, droit dans ses pompes.

Filmeur de sports des 90’s, Eastwood ? One Million Dollar Baby jouait la même carte, la tragédie en plus. Je regrette vraiment le côté stabilobossé de la démonstration. Que ce soit par la famille abjecte de la boxeuse parachuté au final pour bien montrer que ceux qui vivent des allocs sont des connards ou bien des séquences “United Colors” monté avec musique si sirupeuse… Même Addidas n’aurait pas osé faire aussi cheezy au temps où le charismatique Zidane faisait le porte-manteau. Aucune explication sur le power up mystique de l’Afrique du Sud. The Hand of God, ptet ? Et pas un mot sur le mythique match contre la France et ses fautes sifflées par dizaine. Il faut rester capitaine de ton âme, mec, et tu feras des coups de pied sautés à la gueule. C’est tout.

Eastwood fait de la démo. Il pouvait se le permettre à fond la caisse sur Gran Torino, c’était sa confession à lui. Là, c’est juste un film à oscars, de la métaphore lourdingo, du bon sentiment qui fait mal aux dents. Avec des morceaux d’acteurs dedans.

Mais seulement parce que j’aime le rugby.