Ce qui est bien en Angleterre, c’est qu’ils ont des comédiens anglais. Sans rire, ça fait toute la différence avec… genre la France. Colin Firth, que j’ai aimé déjà très fort l’année dernière, qui joue le roi bègue, il s’en sort avec élégance, sans même être aussi émouvant que quand il perce l’oreille de Scarlett Johanson (et je peux t’assurer, gredin, que c’est un des moments les plus érotiques de cette dernière décennie de ciné). Ils ont aussi des vieux qui jouent bien (Geoffrey Rush) et même la meuf Burton qui est vraiment douée quand elle n’est pas dirigée par son Tim, généralement grimée en personnage débile-freaky. Soyons honnête :  avec un sujet similaire, l’équivalent français nous infligerait un roi joué par Clovis Cornillac qui serait coaché par Kad Merad. “Enfin dans un rôle sérieux” dira Denisot, “après des milliers d’entrées” avant de lancer “la météo, la pub, le SAV”.

Ce qui est bien en Angleterre, c’est qu’ils ont un vrai sens de l’historicité, comme dans les bouquins de Churchill où l’Histoire t’est un peu raconté un peu comme dans les chevaliers du zodiaque. D’ailleurs, ce n’est pas un mystère mais le film a décidé de ne pas faire attention à lui. Les discours d’un roi, tout le monde savait bien à l’époque qu’ils avaient pas autant d’importance que ceux de Churchill. Mais il fallait un héros au film.

Ce qui est vraiment bien avec l’Angleterre, c’est qu’en triturant un peu l’histoire, ils font d’un roi noob, un véritable héros de cinéma. Plus vrai que nature. Alors que le mec,  le seul mal qu’il se soit donné dans la vie, c’est d’aller chez l’orthophoniste (Et probablement d’apprendre à jouer au polo). “Héros” est désormais utilisé et associé à tout bout de champs, au moins autant qu’aventure, devenu le mot le plus  approprié pour définir quelques semaines real tv ou une rencontre Meetic. C’est vrai, en quelques plans un peu nostalgiques (faut voir que le film est regardé en Angleterre comme “les Choristes”, “la douce époque de notre jeunesse”, , le discours d’un roi te pose efficacement le malaise du roi. Mais c’est le malaise d’un mec qui doit faire son taf, et on te le vend comme de l’héroïsme. Quelque part, c’est à se demander si le film palpitant, en zones d’ombre, ne se situait pas dans l’histoire du frère ainé (Guy Pearce, superbe), l’abdiquant, celui de “l’entente trouble avec les nazis”, et puis surtout celui qui choisit la nana plutôt que le trône.

Mais les Biopics, surtout les plus académiques, préfèrent les “héros”.