Tsui Hark est le Jospin du cinéma de HK. Après avoir balancé son best of à la fin des 90’s, il s’est presque retiré, revenant au cinéma comme d’autres essayent de revenir en politique, en tâtonnant, avec des films underground voire indé même pas sortis en vidéo ou de fabuleux bouts expérimentaux comme le début de Triangle.

Difficile d’exister après les deux plus grands films d’action de HK de tous les temps. D’un côté, The Blade. Qui aurait pu être un point final mais c’était sans compter son frustrant exode à Hollywood. Revenu tout énervé après s’être fait scalpé son génie par des tocards, il sort Time & Tide. Celui que j’appelle le blockbuster “art moderne”. Le film le plus véner de tous les temps.

Mais que reste-t-il de Tsui Hark ? Il a l’air rentré dans le rang avec son film ordonné, mi-sage, mi-brouillon, remplis de CG volontairement over 9000. Mais comme n’importe quel créateur, il parle toujours un peu de lui-même. Si tu lis entre les lignes, c’est assez évident. D’ailleurs, un de ces précédents Direct-to-même-pas-vidéo s’appelle “Missing”. Dans Détective Dee, Tsui est un peu ce héros juste et noble, malin et taquin, mais retenu 10 ans au cachot pour s’être rebellé contre une régente dictatoriale à la fin du VIIème. Presque Based on a True Story, mais j’te sors pas le logo, ce coup ci.

Dans la civi chinoise, l’impératrice Wu (la dernière femme à avoir dirigé le pays) a toujours été présentée comme l’exemple du “femme au volant, mort au tournant”, l’argument du “les femmes n’ont pas de place en politique” vu le chaos dans lequel le pays s’est retrouvé. Et la tentative de réhabilitation de la part de Tsui Hark ne devient évidente que vers la fin. On lui pardonnera tout car c’est le symbole de l’unité, un peu comme les emplois fictifs de la Mairie de Paris. Mais pendant tout le film, cette femme maléfique, colérique, odieuse et traitresse m’a fait penser à… Ségolène Royal. Elles ont même des similarités dans le visage.

La réalisation est kitsch au possible (on pense très fort à la baston finale de Sherlock Holmes). Mais comment éviter ça dans un action flick historique où se construit un Bouddha géant de 600 mètres dont la destinée semble être de se casser la gueule comme tous les machins mastoc de cette taille. Et puis les bastons sont assez confuses, le style du god-chorégraphe Sammo Hung (revu récemment dans Ip Man 2), avec son style tout en énergie brute ne se marie pas vraiment avec la rapidité ombrageuse de Tsui Hark. Mais c’est comme les mélanges d’alcool, le résultat est parfois surprenant, d’une bizarrerie incroyable. Détective Dee est le seul film de ma vie où j’ai vu un cerf qui se prend un High Kick dans la gueule. Je répète : un cerf se prend un High Kick dans la gueule. Et ça, mec, un “Jumping The Deer” de ce niveau, ça mérite les plus beaux éloges.

Il serait facile de ne voir dans Détective Dee qu’un whodunit médiéval chinois à forte ambigüité morale. Mais il y a un truc qui se joue ici. Réunissons les indices. Dee Renjie est un détective de génie obligé de cacher son jeu. Il aura deux sidekicks, Pei un petit albinos véloce, et Jing-er. Son Robin et sa Batgirl. Il est détesté pour sa lutte contre la corruption. Il est quasi invulnérable et peut te tuer n’importe qui avec une cuillère, mais ne le fait pas car il est bon. Il ne se venge pas, il rend justice. En gros…

Détective Dee, c’est BATMAN AVEC DES CHINOIS.

In my book, c’est un très solide …

On revient de loin.