Take Shelter s’attache plus à décomposer lentement son propos, une tendance que l’on retrouve dans la plupart des films américains qui ont compté ces dernières années.

Après quelques rêves apocalyptiques (ce qui est, somme toute, bien classique pour la génération Michael Bay / DBZ), Curtis se décide à construire un abri, quitte à passer pour un fou. Son envie irrépressible de mettre sa famille en sécurité passe mal : tout le monde, ses proches, son entourage le voit comme un dingo.

Shyamalan partait toujours du principe que l’histoire donne toujours raison à ses protagonistes. Take Shelter prends le parti inverse, du mec seul contre tous et qui, jusqu’à la fin, te fera douter.

Ce père de famille concerné, c’est Michael Shannon. Il en avait ptet’ marre d’être “le mec qui fait oublier DiCaprio et Winslet dans Revolutionary Road“, tant pis pour lui car sa prestation est une fois de plus formidable, un mélange de force bonhomme et de fragilité intense. Et dire que c’est lui qui va jouer le Général Zod dans le prochain Superman…

Jessisca Chastain qui joue sa femme est une fois de plus lumineuse. Plus je la vois et plus j’aime cette espèce de beauté caméléon qui peut te faire croire qu’elle a passé toute sa vie dans cette middle class. “La beauté du village” incarné, ce qui lui a valu de faire son trou dans mon top des bonnes actrices bonnes de cette année.

Au même titre qu’Unbreakable était l’analyse de l’archétype du super-héros, Take Shelter décompose les grandes lignes du film catastrophe. C’est les yeux écarquillés de folie que Shannon nous crie sa prophétie, “There’s a storm coming !” dans ce qui est sans doute un des meilleurs films sur le pressentiment de tous les temps.