Partie 1 dispo ici

Jamais trailer n’a été aussi menteur que celui de The Grey (“le territoire des loups” en français). Car, bon sang, ces deux minutes me vendaient du rêve. Liam Neeson, survivant d’un crash, piégé dans la montagne, se fait un poing américain avec des tessons de bouteille pour aller boxer des bâtards de loup. De la testostérone toute trouvée pour Liam Neeson, l’action-movie star polymorphe, le mec qui te joue Hannibal dans A-Team aussi bien que Zeus dans Clash of the Titans en passant par Ra’s al Ghul et “random loqueteux Jedi de l’espace”. Tu parles. Dans la manière dont il est markété, à savoir comme un supermarché badass des années 80, The Grey est une belle escroquerie.


Mais le petit oiseau dans le noir au générique, une production Ridley Scott, soit le signe rassurant concernant la réalisation et surtout la direction photo se charge de faire démentir tout ce qu’on pouvait s’imaginer. Stan Lee, my man, conseillait toujours avec malice “de ne pas donner au public ce qu’il croit vouloir”. Et je n’ai rien contre à ce qu’on me mente si c’est pour deliver d’un autre manière. C’est précisément ce que fait The Grey en dégoupillant toutes possibilités d’un film de série B. Au lieu de voir un “7 salopards font du ski”, ce sont des loups assoiffés de sang qui vont croquer un à un les survivants… et ainsi provoquer une profonde méditation sur la mort. Tu m’étonnes, surtout quand tu vois comme les loups sont surnaturellement hargneux et intelligents comme des corbeaux japonais. Ils avaient l’air beaucoup plus choupi avec Hélène Grimaud

A la frontière avec le survival pur, ses antihéros déjouent les clichés car ces gueules cassées ne sont finalement que des métaphores. L’histoire elle-même n’est qu’une parabole, dirigée par un chasseur qui n’a pas eu le cran d’en finir avec la vie et qui se donne l’illusion de la prolonger un peu. En cela, The Grey trouve sa majesté, en devenant dans sa neige hostile un des meilleurs films de “samouraï moderne” (think Ghost Dog), une éloge au bushidô au sens propre, celui de l’accomplissement dans la mort.

Et puis pour le fix du Liam militaro-badass que l’on connait, rendez-vous cet été pour Battleship.