Archive for September, 2012
Urbex : le dortoir abandonné de Tokyo
Sep 28th
Il y a le Japon du cliché, “entre tradition et modernité”, et son croisement de la “Sortie Est de Shinjuku” avec des néons partout. Et il y a ce dortoir en ruines.
J’ai tellement utilisé la métaphore des “ruines nostalgiques” qu’elle a fini par perdre son sens. C’était jusqu’à ce que je découvre un endroit comme le dortoir de Seika. Une ruine planquée en plein Tokyo, cachée par une végétation anarchique. Des travailleurs chinois y vivaient, jusqu’à ce qu’un incendie ravage l’établissement il y a quelques années. Le rez-de-chaussé est calciné mais les chambres des étages supérieurs sont intactes, laissant apparaître des traces d’une existence précédente. Une collection de disques vinyles, des lits, des bouquins, des VHS, des vêtements, parfois un peu de porno dans les placards… Il n’y a rien de plus triste que les noms sur les portes ou ces lettres abandonnées. Deux personnes sont mortes dans l’incendie. Ce poids de la mémoire si fraîche rend l’atmosphère étouffante, comme lorsqu’on est obligé de fouiller chez quelqu’un qui vient juste de mourir. On ne sait pas par où commencer, si l’on doit continuer ou simplement s’arrêter pour chialer. C’est intolérable. Heureusement, le toit est toujours accessible, une bouffée d’air dans un Tokyo où il a fait étonnement mauvais en ce mois de septembre. Je me demande combien de temps encore demeurera ce dortoir, dans un pays qui a pourtant reconstruit en quelques mois ses côtes dévastées par le Tsunami de 2011. Avec ses murs qui tremblent encore au moindre coup de vent, son Snoopy trônant sous un toit qui n’existe plus et ses objets personnels étalés comme si plus rien n’a d’importance, je crois que j’ai rarement vu un bâtiment aussi désespéré de ma vie.
Photos by myself & Katya Mokolo.
Et une vidéo qu’elle a réalisé pour l’occasion.
Urbex : Seika Dormitory from kitsuney on Vimeo.
Tokyo Game Show 2012: le baroud d’honneur
Sep 22nd
D’habitude je fais des debriefs avec les potes et collègues, histoire de voir qui a aimé quoi. Et de le ressortir un an après. Comme cette année, il n’y avait pas grand chose, ce sera donc une vidéo de rush vers l’attraction japonaise du salon “avant qu’il ne soit trop tard“.
“Et c’est tant mieux parce que j’f’rais pas ça tous les jours.”
Je vous donne rendez-vous dans des articles et des vidéos d’impressions qui vont tomber en rafale. Là, là, là ou là and much more to come. Elles sont dans le désordre, donc impossible de deviner dans laquelle j’étais le plus crevé…
Et maintenant, du sommeil.
TGS 2012 Begins
Sep 19th
Je n’ai pas de banderoles pour l’occasion, mais on fait tout comme.
TGS 2012 begins
Ah tu souviens, les jolies babes de l’année dernière, les jolies chaussures et tout. Good old times, pas vrai ? Mais qu’en reste-t-il…
2012 sera-t-elle le spleen du Tokyo Game Show que je prédis dans cet article ?
Qu’est-ce que je fichais jusque là à part me tourner les pouces et jouer à DQX ? Un petit rappel avec la compil des articles de l’histoire so far
Pokémon Black & White 2: mieux que Gris !
Jet Set Radio HD: Qui sème le vent récolte la Dreamcast
Tales of Graces F: soit mon trouzmillième article sur un Tales of…
Transformers Fall of Cybertron: a shit load of metal crap
Comme d’habitude, ça commentera sur Twitter. Et éventuellement ici.
Much love.
Battleship
Sep 18th
L’été se termine à peine et j’ai déjà reçu une triple dose de Liam Neeson, le génial irlandais qui sautille de blockbuster ringard en badasserie intimiste, en sachant pertinemment que l’essentiel de sa carrière va se jouer là, dans ces rôles de généraux insupportables qui beuglent sur des recrues se la racontant un peu trop. Malheureusement, ici on le voit 5mn, intro, guest, conclusion. Comme s’il avait prédit le naufrage de Battleship.
Battleship est nul. Mais drôlement nul, contrairement à Transformers 2 & 3, qui sont nuls de manière insultante. Nul comme un film où un handicapé patriote affronte à mains nues un extraterrestre. C’est génial.
Pourquoi diable payer des licences à des millions de dollars d’un truc comme la bataille navale si c’est pour en faire une baston contre des extraterrestres. C’est aussi idiot que se casser le cul à faire un film “officiel” League of Extraordinary Gentlemen (nul, d’ailleurs) alors que tous les personnages sont dans le domaine public depuis perpet’.
La seule scène qui justifie la licence, c’est qu’à un moment, les mecs tirent à l’aveugle des obus sur l’adversaire en suivant l’action sur un quadrillage. Vivement que quelqu’un récupère les droits de Docteur Maboule, on va bien se marrer.
Mais même le jeu tiré de Battleship ne ressemble pas tant que ça à une bataille navale mais à un tactics rpg. En plus, il est plutôt pas mal. C’est dire à quel point le film est grotesque: son adaptation en jeu vidéo est meilleure. Un cas de figure inédit dans l’histoire des blockbusters de l’été !
Heureusement pour lui, Battleship transperce la barrière du ridicule à chaque instant. Je parle de barre de lol du niveau d’ID4. Il y a même le jewish comic relief à la Jeff Goldblum dont on attend tous qu’il rentre dans la forteresse avec son Mac pour uploader un virus d’Internet. Oui, c’est si ridicule que ça. La pauvre Rihanna vole les rôles de Michelle Rodriguez dans le rôle de la sergent chef à couilles mais sans succès. Le seul qui a l’air de se marrer dans ce merdier c’est Taylor Kitsch, le sympathique loser de la saison grâce au bateau et surtout au maudit John Carter.
Si Peter Berg a fait son film sérieusement, c’est à crever de rire. J’ai des doutes, quand je vois sa promo en Israël (grand moment de malaise Jovovitch). À un moment, des vétérans de WWII débarquent pour piloter le dernier navire en état de marche. Ralenti à la Bruk’heimmer sur les pauvres vieux dudes, figurants de l’authentique, sur fond de Highway to Hell entre autres virilités, une scène si risible que ça en est désobligeant pour eux. C’est, sans déconner la scène la plus drôle de l’année. Le speech du président dans ID4, c’est rien à côté.
Un grand, grand mauvais film.
Brave, Snow White & the Huntsman, le féminisme déterre la hache de guerre
Sep 12th
L’été de la demoiselle pas si en détresse que ça: d’un côté, Brave, le Pixar des zilliards de polygones de rouquine qui, d’après le titre, va devoir se montrer rebelle mais pas courageuse. De l’autre, Kristen Stewart, la falote Snow White, qui va devoir se montrer courageuse aussi.
Deux héroïnes à chaque fois, deux armes différentes. L’arc contre l’épée.
Brave essaye de se vendre comme un film initiatique à la Miyazaki, alias le-parcours-d’une-jeune-fille-qui-va-découvrir-que-grandir-c’est-très-facile. En fait, il s’agit, et je me demande comment Pixar a pu garder cette information cachée aussi longtemps, d’un buddy movie mère-fille. Par le biais d’un twist forcément absurde, on passe de la comédie avé accents “Game of Thrones” à une histoire beaucoup plus conventionnelle. C’est d’ailleurs le point faible récurent de bons nombres de Pixar: le début d'”Up” balance tout, Incredibles et sa première moitié à la Fritz Lang ou encore Wall-E et sa proposition de monde sans humains, ces films sont toujours si. putain. de. bien. au début. Et avant qu’on s’en rende compte, on finit par avoir des chiens piloter des avions avec des os ou des cosmo-obèses de l’espace ou des trucs encore plus triviaux. Mais ce n’est pas le seul problème de Brave.
Cars 2 s’est fait pilonner par la critique, un mal acceptable quand on fait un demi-milliard de recettes. Enfin, pilonner sauf ici. Mais avec lui et Brave, Pixar est rentré dans l’ère de la vulnérabilité. Ils n’ont plus cette facilité incroyable que devaient maudire Dreamworks et les autres concurrents. Ils doivent lutter sur chaque personnage et chaque rebondissement. Difficile de faire un bon film cohérent quand on vire la réalisatrice pour divergence artistique en plein milieu. C’est déjà arrivé sur d’autres Pixars mais chez Brave, ça se voit.
L’originalité majeure de Brave, c’est de présenter une (jolie) jeune fille rebelle, qui rejette l’autorité de son père mais qui, c’est important, ne recherche pas l’amour.
Mais Disney est bien emmerdé par les récits pour filles. Ils restent populaires mais ne rapportent pas énormément en produits dérivés. Moins que Cars, that is. Alors après le coup “La princesse et la grenouille”, il fallait voir avec quelle maladresse ils ont géré Rapunzel/Raiponce renommé plusieurs fois et finalement sorti sous le nom de “Tangled” aux USA comme pour signifier aux petits garçons: “hé ho, vous pouvez venir le voir, celui-là !”. Car il parait que deux films orientés filles d’affilée, on évite, chez Disney…
Mais c’est comme le journalisme dicté par les “trends“, tu peux être certain que quelque chose ne tourne pas rond. Et comme si cela ne suffisait pas, l’autre grosse production de l’année pour Disney est un amer rappel de cette vérité. Je parle de “Princess of Mars”. Ou plutôt de celui qui s’est finalement appelé “John Carter“. Je ne sais pas si on peut en faire une statistique, mais il y a toujours eu un problème à chaque fois que le ciné hollywoodien a essayé de masculiniser des films qui n’en avaient pas besoin. “Quelle gueule aurait eu Brave avec Brenda Chapman à 100% du processus créatif” est sans doute le mystère le plus intéressant du dernier Pixar.
L’originalité de Snow White & the Huntsman, c’est de présenter une jeune fille, pas forcément rebelle. T’as vu, j’ai pas mis “jolie”, mais je vais parler aussi de cela. La fameuse Kristen Stewart. Enfin, si, dans l’histoire, elle est supposément plus belle que la reine incarnée par Charlize Theron. Mais ici la beauté, on ne le dit pas très fort dans le film, il faut tendre l’oreille, “elle vient du cœur”. Pas de bol, le seul pays où la beauté intérieure compte encore, c’est celui de Blanche Neige, ce qui, dans un sens, est parfaitement logique: c’est un conte de fées.
La reine est si méchante qu’elle croque des cœurs de lapin tout crus comme on mange des chips aux crevettes. L’histoire lui donne même une raison d’être en colère contre tous les hommes, de les manipuler et de leur extorquer leur royaume, ce qui fait de ce Snow White une espèce de “sorcelrape & vengeance” étrange. Je ne suis pas certain qu’il faille donner une raison à Ravenna (c’est son nom) d’être mauvaise, de faire des bukkake mystiques et de manger du lapin pour le breakfast, mais hé, comme ça, c’est plus clair.
Tous les autres éléments traditionnels, plus Disney que Grimm, passent à la trappe. Les sept nains ne comptent pas vraiment, l’un d’eux meurt d’ailleurs en cours de route dans une semi-indifférence. Il y a un passage éhontément pompé sur Mononoke Hime, avec des fées si bizarrement malsaines qu’on les croirait sorti d’Arthur et les Minimoys. La vraie attraction, c’est Thor, beau comme un dieu nordique et surtout qui fait tournoyer sa hache. Une hache qu’il tient comme un tonfa, le genre de détail que je trouve totalement badass. Si j’étais Blanche Neige, je tenterais un truc avec le mec Hemsworth, au pire tu pourras lever son petit frère (as seen in Expendables 2).
Sauf que c’est aussi un personnage néo-féministe, sous-entendu elle préfèrera enfiler une armure de 15 kilos sans entrainement préalable pour aller couper la tête de l’armée ennemie que de se poser avec un dude, même beau comme Thor. Le choix de la guerre, comme la Lady Marian de Robin Hood (de Ridley Scott), mais en moins ridicule.
Sans avoir ni vu ni lu Twilight, je sais ce qui s’y trouve, à savoir une métaphore poussive du sexe comme morsure, de l’amour platonique et de la pénitence par la reproduction. Et à tout hasard, j’ai googlé “Placenta vampire”, juste pour savoir si c’est si bête que ça.
La pauvre Kristen Stewart est obligée de supporter ce rôle trop grand pour elle avec tout ce qu’elle a dans le ventre. Tu sens qu’elle n’a pas grand chose, mais elle donne tout, comme ici pour Snow White. C’est peut-être un mélange de son teint blafard mais la pauvre est à la limite du featuring dans son propre film, à peine une ambiance. Le pire, c’est qu’elle joue tout le temps ce même rôle un peu inconsistant. Je suis méchant: quand elle n’incarne pas comme ici “la beauté virginale”, elle joue une toxico ou une pute aussi surement que son mec se faisait sonder les fesses pendant Cosmopolis (sont-ils ensembles ? Je ne sais). Elle ne mérite sans doute pas tout le mal qu’on dit sur elle, car elle ramène avec elle une aura bizarre. Le malaise est palpable, comme une gêne de l’ordre de l’ennui. A un moment, elle crie, désespérée: “How do I inspire ?” C’est un peu drôle venant d’elle. “Bah, j’sais pas, Kristen…”
Je ne sais pas comment elle y arrive, mais le film se tient. Le miracle se passe, l’actionneur avec Kristen Stewart comme héroïne fonctionne à peu près, essentiellement grâce à la Reine, superbe némesis, véritable méchante Disney IRL. Et puis un Huntsman endeuillé, un peu plouc mais beau comme un dieu asgardien.
L’intérêt de ces deux films tient dans le fait que les héroines n’ont pas l’amour comme objectif. A la fin, elles laissent ainsi la place à d’autres histoires, sans avoir le côté irritant d’un épisode final de série qui se sent obligé de tout casser, de résoudre tous les plots laissés en suspens. La paix est revenue mais hé, demain est un autre jour. Chacun de leur côté, Brave et Snow White ont proposé des versions particulières de Scarlet O’Hara, des héroïnes avec un arc ou une épée.
Lockout
Sep 4th
Dans toutes les saisons de blockbusters, il y a toujours ce film vraiment bon dont tout le monde reconnaîtra dans quelques années le panache indéniable. Ce film, c’est Lockout.
Et pour que les choses soient plus claires: c’est l’histoire d’un flic badass qui doit mener à bien sa mission au milieu d’une émeute dans Maximum Security One, une prison de l’espace. Forcément, il n’y a plus qu’un flic pour sauver la situation. “Il est incontrôlable mais c’est ce qu’ils ont de mieux sous la main.” Le John McClane du jour, râleur, effronté, va devoir sauver la fille du Président des États Unis, justement en visite ce jour-là. Sous-entendu: “parce que c’est une sale petite gauchiste, pas comme son père”.
Et je te le spoile direct, ni lui ni elle ne crèvent. Ils réussissent à sauter hors de la station juste à temps avant qu’elle n’explose et finissent par redescendre sur Terre en parachute, pile en plein Los Angeles. Oui, qu’importe la “légère” friction de la rentrée atmosphérique ou le simple fait qu’il n’y avait une chance sur un milliard de tomber en parachute sur L.A depuis l’espace, l’important c’est que c’est fabuleusement over.the.top.
Maintenant que c’est dit, analysons cette production Europa scénarisé par Luc Besson, la meilleure depuis des années. (Je suis tellement fasciné par les prod Europa que je pourrais écrire un bouquin dessus Ou découper ça en articles ici. Ou alors j’ouvre un Kickstarter pour ça, hmmm). Le programme de Lockout est clair: faire un film d’action ricain, à l’ancienne. Ce que ne sont pas Expendables 1&2 qui occupent un positionnement très particulier, celui du méta-film à couilles, avec des stars passées se moquant ouvertement des icônes qu’ils ont été.
Le John McClane de ce Die Hard dans l’espace, Snow n’a pas seulement un nom absolument ridicule, il a aussi tout le côté roublard qu’avaient les héros des années 80. Guy Pearce qui peut tout incarner joue ici sa carte de futur acteur de blockbuster. Et il ressemble presque à un Bruce Willis jeune, avec plus de cheveux. Cynisme, vannes & cabotinages, le mimétisme est sidérant, à tel point qu’à un moment, il a au bout du fil un flic noir qui essaye tant bien que mal de l’aider (et de faire tampon avec les fédéraux, forcément nuls). Même l’accent incompréhensible des méchants n’a aucun sens non plus, comme il se doit. Serait-ce des irlandais de l’espace ? En tout cas, ils sont aussi irlandais que Hans Gruber était allemand… Je pourrais encore continuer longtemps tellement c’est délicieux d’absurdité. Dès le début, on lui file de un explosif, sous forme d’un gros cadenas de moto, à refermer. Tu te dis, “ok, il va s’en servir genre, vers la fin.” Pas du tout, ce gros bourrin de Snow l’accroche autour du cou du premier mec venu qu’il rencontre dans sa station de l’espace. C’est fabuleux de premier degré.
Tous les clichés y sont, surtout celui de la belle nana qui va s’endurcir. Snow doit faire passer incognito Maggie Grace, la fille du président à la beauté volontiers Baywatch Saison 1 (think Erika Eleniak dans “Piège en haute mer“). Alors il la tire par ses cheveux longs blond platine de bcbg un peu chiante pour la ratiboiser d’une coupe brune à la garçonne. Je me suis longtemps demandé si je devais avouer ici que ce genre de scène est pour moi le summum du crypto-érotisme des actionneurs, il aura fallu qu’une prod française avec des acteurs américains filmé dans random pays de l’est me l’offre. Le blockbuster US de base n’est pas mort, il a juste muté. Ses fans ont pris le relais.
Lockout est la meilleure suite non-officielle que Die Hard pouvait espérer. On en regretterait presque de ne pas l’avoir vu en VHS, VF, circa la fin des années 80. Die Hard dans l’espace, tout simplement.
Ow cette voix off. <3
Com-Robot