label2012comedie3

Partie 3 : du 15ème au 11ème

C’est reparti. Fini le ventre mou, on est dans le vif du sujet.

Du numéro 25 à 21

Du numéro 20 à 16

Du numéro 10 à 6

Du numéro 5 à 1

Le futur du pire de la Comédie françaises 2013

 

15. Stars 80

Ow boy.

Regardez des chanteurs et des groupes des années 80 ans en train de cabotiner dans leur propre rôle, c’est à peu près aussi excitant que de me mater l’intégrale de Van Loc. Impossible que ce ne soit pas loupé. IMPOSSIBLE. Début de Soirée, Lio, Emile, Image, Jeanne Mas, Peter & Sloane, François Feldman, Desireless. Je te mets pas les liens youtube, tu les connais déjà.

L’idée (économique) de génie, c’est d’avoir transformé un making of d’une de ces tournées des années 80 en film, faux concert à la fin inclus. C’est d’ailleurs vachement bien fait, ces CG, tu crois vraiment que ça se passe au Stade de France (oups, spoilers). Le liant, c’est plus ou moins des sketches plus ou moins bons. Le maximum est atteint par une scène de Cookie Dingler à poil, un fait que la bande annonce s’est bien gardé de nous révéler. J’imagine que c’était dans le but de balancer du lourd pour ce “This is it” de toute une génération dopée à l’Eurovision.

Mais… MAIS ! Il y a des petites pointes de génie qu’il serait malhonnête de laisser passer. Du génie à l’état brut. On le sent tout d’abord quand Sabrina débarque dans le film. Sortie du formol, encore plus bonne que le plus bonnard de tes souvenirs, elle traverse le film comme unesirène refaite, affolant tous les vieux quinqua et plus. La plupart d’entre eux deviennent des antihéros lunaires. D’ailleurs les mecs de Début de Soirée servent des grecs au début. Si quelqu’un sait pourquoi…

De bonnes idées souvent mal exploitées, mais ce n’est rien, RIEN à côté de Jean-Luc Lahaye qui “débarque” en star mégalo, balançant ça et là, je te le jure, des pédo-jokes. Pour voir ça, je paye, oui. Il est de très loin le meilleur personnage de cette armada, de ces X-Men des années 80.

Face à ces héros, il fallait un némésis. Un méchant à couilles, machiavélique. Et Stars 80 a presque le courage de nous l’offrir: Valéry Zeitoun survole le film de ses multiples apparitions. Le producteur musical, cernes dissimulés par un abondant maquillage, est le méchant qui ne croit pas au spectacle, qui leur souhaite de se tirer une balle dans le pied. Malheureusement sous-exploité, malgré son potentiel, Valery Zeitoun est à deux doigts de devenir le Doctor Doom du cinéma français.

Alors, Thomas Langmann, je t’offre mon idée, cadeau. Un grand affrontement où ces anti-héros affrontent les super-vilains les plus puissants de la galaxie musicale, Valérie “Doom” Zeitoun et Pascal “Le Bouffon Vert” Nègre, unis pour l’occasion. Ca s’appellera Stars 81. Appelle-moi, je serais ravi de l’écrire.


 

14. De l’autre côté du périph’

Ah grand dieu, comme on avait envie de revoir Omar Sy refaire le jeune de banlieue qui débarque dans un milieu bourgeois, c’est tellement inédit. A sa décharge, de l’autre côté du périph a été tourné pile au moment où sortait Intouchables dont il partage autant la thématique que le côté condescendant. Un flic des beaux quartiers et un keuf de banlieue vont devoir tant bien que mal unir leur force dans une enquête commune.

Il serait cruel de dire que “De l’autre côté du périph'” est un produit du succès d’Intouchables. Le tournage de l’un a d’ailleurs commencé en même temps que la sortie de l’autre ce qui dissipe les suspicions. Mais il ouvre une période un peu creuse pour Omar Sy qui va faire la même chose tout en s’en défendant, jusqu’à ce que des réalisateurs expriment au travers de sa sympathie leur propre fantasme. Rigolez pas, c’est ce qui est arrivé à Joeystarr, tour à tour flic, puis homosexuel puis, pourquoi pas, footballeur. En 2013, Joey joue avec Mathilde Seigner, se balade dans le prochain Emmanuel Mouret. Bon dieu, fais gaffe, Omar, même toute la sympathie que tu inspires ne peut pas te mettre à l’abri de ça.

Pour mieux mettre en avant les antagonismes, sont mises en avant deux icônes du polar. Le professionnel avec Bébèl et Beverly Hills Cop, cité au moins 4 ou 5 fois. L’énergie des deux mecs est là, palpable. Le problème vient de l’histoire qui les téléguide de situation en situation. Et bro, si tu veux affronter Beverly Hills Cop en One on One, il faut avoir des couilles énormes et un talent d’impro, une impression de facilité que le script du Périph n’arrive pas à donner. Pile, il embarque de la lourdeur en faisant du perso d’Omar un ancien soufre-douleur d’une banlieue toute entière. Laurent Lafitte réussit à être antipathique ce qu’il faut mais tu le devines déjà, comme Intouchables, l’histoire est condéscendante ce qu’il faut: le banlieusard ne s’adapte jamais, ne comprend rien tandis que le bourge, lui, comprend que y’a du bon à se manger du grec bien gras à Bobigny. Also appelé la morale “Camping”, du riche qui devient meilleur, mais jamais le pauvre, toujours un peu teubé.

Presque grand moment de cinéma, quand l’enquête se poursuit dans un club libertin, obligeant Omar, Laurent Lafitte et Sabrina Ouazini (qui a fait de l’AB Shaper depuis La graine et le mulet et Des hommes et des dieux, elle est superbe) à se mettre à poil. 10 minutes qui ne débouchent sur aucun gag viable. Mon instant préféré de tout le film reste ce moment où Omar brandit son pouce à son néo-collègue qui lui rend, incrédule, à distance, d’une main molle. Presque aussi drôle que les Missed High Five, l’espace de 5 secondes.

 


 

13. Sur la piste du marsupilami

 

Une pensée à ces parents qui ont emmené leur gosse voir le Marsupilami, ensuite obligé d’expliquer ce que faisait le petit chien dans l’oreille de Jamel Debouze. Réponse: il se masturbait.

Chabat, qui avait trouvé un groove si particulier en bricolant son Mission Cléopâtre à la sauce Canal + du début du millénaire, essaye de refaire la même recette. Décalage, anachronisme, phrasé syncopé de Jamel Debbouze “baba, acteurs “vu à la télé”, tout en essayant de respecter l’univers dont il s’inspire. D’ailleurs, c’est assez surprenant de voir comment les éléments du génie de Franquin s’entrechoquent ici. Le Comte de Champignac, Zantafio, boum, le clash.

Le premier problème est bicéphale. Chabat lui-même, alias Dan Geraldo, parti à la conquête d’un scoop en Palombie. Puis Jamel Debbouze, a.k.a Pablito, le guide filou et incapable, qui rêve de retrouver le mythique Marsupilami. Mais qui doit aussi nourrir sa famille. Hé bien, on s’en fout un peu de tout ça.. Il y a clairement une histoire de trop. En lieu et place de ces deux personnages, il eut fallu en imaginer un troisième. Qu’on aurait appelé Dan Geraldo et qui réunisse ses deux quêtes, garantie d’un humour moins poussif, moins “pépito”.

L’autre souci, c’est que tous les comédiens, sans exception, sont moins bons que dans Mission Cléopatre. Dieudonné (pré-maboule), Darmon, Nanty et grand dieu j’ai du mal à croire ce que je vais dire… même les Robins des Bois y étaient meilleurs que Lambert Wilson, Timsit, Géraldine Nakache. Seul Fred Testot a l’air de capter le côté grandguignolesque de l’histoire et s’en sort pas mal. Tandis que Debbouze 2012 est, sans contestation possible, infiniment moins drôle que celui de 2002. En même temps, il est passé par la case “Hollywoo” où tout l’humour reposait sur le concept de “mal parler une langue”. Et ça, des “no comprendo, pépito” il y en a un paquet.

Et le Marsu… Le nid des marsupilamis était l’album de Spirou que j’ai le plus lu dans ma vie, j’avais une idée de la bestiole à laquelle il devait ressembler. Je la voyais un peu sale, hargneuse, le poil sale comme du Russel Crowe traîné dans la poussière. Et le résultat est plutôt… kawaii. Heureusement, il y a un rapport de force assez intéressant dans les CG : le marsu soulève des trucs lourds. On sent même l’impact de ses coups. Une victoire technique, tout comme les coups de poing d’Amazing Spider-Man semblent plus percuter que ceux de Sam Raimi.

En y repensant, la blague qui m’a fait le plus fait rire, c’est quand l’horloge du compte à rebours a fait le bruit du countdown de “24”. Donc oui, on va dire que j’ai moyennement apprécié. Mais au moins, je n’avais pas à expliquer à des gosses pourquoi le chien se masturbait dans l’oreille de Jamel.


 

12. Plan de table

 

Statement : j’aime bien Elsa Zylberstein et visiblement, c’est une de ces actrices mal utilisées par le cinéma français. Voilà qui est précisé.

Mais s’il y a bien un film qui porte sur lui toutes les stigmates de la comédie française de ces dix dernière années, c’est bien Plan de table qui se penche sur le douloureux problème du mariage. “Vaste programme”… Par pure flemme, je prends le pitch allociné qui résume très bien l’affaire.

“Suite à un câlin bref, mais intense, la table dressée pour la noce est en désordre. La mariée court se recoiffer, tandis que l’homme replace les cartons sans respecter le plan de table. Le hasard fera-t-il bien les choses ? Ou bien devra-t-il donner un coup de main au destin ?”

Un petit calin bref, comprendre ils ont voulu s’envoyer en l’air sur la table des invités. Même la présentation est tartiflette…

Comme de nombreux films, il va utiliser de multiples points de vue. Pas à la manière de Rashômon, mais plutôt comme dans “Un jour sans fin”, en rebootant plusieurs fois ce moment “fatidique”  où les cartons du plan de table sont reposés, pour nous offrir différentes visions du destin. Mais, grosse surprise, c’est ‘achement moins bien que “Un jour sans fin”.

A la fin, on a l’impression d’avoir vu 10 fois le même film, on n’en peut plus, on a envie qu’ils meurent tous. Le pauvre Frank Dubosc, hypé pour rien, est frustré. Il est sous-utilisé au milieu de ces seconds couteaux de la comédie française comme Audrey Lamy, Arié Elmaleh, tous obligés d’aligner les poncifs sans jamais nous rendre un seul de leur personnage sympathique.

Si dans cette liste, il devait n’y avoir qu’un seul film qui puise son inspiration dans la presse féminine, c’est celui-là. Tu vois toute l’affection que je lui porte.

 

11. L’amour dure trois ans

Je ne suis pas spécialisé en comédiens venus du stand up. Mais je les vois et les identifie à peu près. L’humour ethnique des mecs qui viennent du Jamel Comedy Club, les gus issus de la vague “Bref”. Plus les tauliers comme Guillon qui n’ont jamais rien donné au cinéma. J’avais peur que cela ne soit la même chose avec Gaspard Proust qui incarne jusqu’à l’imitation Fredéric Beigbeder. Et quand je dis imitation, ça veut dire mal jouer. Le frisson de la honte quand viennent les apartés, quand il se met à aligner quelques bons mots sur l’amour face caméra…

Je ne pense pas que cela soit sa faute: depuis, je l’ai revu aux côtés d’Ardisson où il fait le Guillon de droite (assez rigolo). Son style à lui, c’est d’installer une atmosphère étrange, proche du malaise. Mais cela ne colle pas du tout avec Beigbeder, justement. À force de passages télé et de présence médiatique, son image est devenue parfaitement identifiable, celle d’un mec affable, connivent, gentil avec tout le monde et pas mal avec lui-même. C’est lui qui réalise ce film adapté de son propre roman (pas lu) mais où l’on est surpris par sa très forte auto-dérision. Proust ne lui colle absolument pas, surtout quand vient ses quotes qui s’enchaînent des perles. “L’adultère m’a rendu adulte”. (pitié). L’amour dure trois ans, plus que le cinéma du one-liner (que j’adore), c’est la passion de la phrase toute faite. Sur des dizaines d’aphorismes post-publicitaires, seulement quelques uns font mouches. Certaines citent directement Oscar Wilde et d’autres références classes, pour mieux les mélanger avec celle de Beigbeder, tirées de son bouquin (pas lu). Du cinéma de catchphrase qui s’égotrip très fortement, désormais accessible même à ceux qui ne lisent pas. Qui peut désormais entrer par la grande porte coulissante de l’émission à laquelle il participait. Entre la pub et la météo, sans doute avant les Guignols, Denisot terminera ses 3 minutes d’interview par un “Bravo et encore merci d’avoir du talent“. La boucle sera bouclée.

Les autres chapitres de ce dossier:

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Du numéro 5 à 1

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