Kamui
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Black book
Feb 27th
Verhoeven, ou Paulo pour les intimes, n’a jamais fait dans la subtilité. Pour bien faire passer son message, il prend un stabilo cinématographique. L’histoire de cette juive hollandaise qui infiltre les occupants nazis donne lieu à une prestation d’actrice grandiose mais totalement jusqu’au-boutiste. Ok, il faut bien faire comprendre que la libération n’est pas tendre avec celles qui ont couché avec l’ennemi, mais fallait-il lui balancer une marmite de caca pour que cela soit plus clair encore ? Verhoeven déploie tout son maniérisme fripon, en nous la montrant plein cadre, splendide, mais aussi humiliée ou simplement en train de se teindre les poils pubiens, full frontal. Les bons ne sont jamais tout à fait bons, certains envahisseurs ont une bonne âme, “au fond”. La binarité ambiguë de Verho atteint même des sommets de gratuité dans ses dernières minutes. Vraiment dommage car sinon, ça se tenait bien.
Sooo 2006.
Ne le dis à personne
Feb 24th
Le film all-star du polar français dans la mouvance de ceux qui veulent faire à l’américaine avec toujours ce quelque chose qui manque. Déjà on a François Cluzet, l’action movie star du pauvre. En France, il y a un vivier dingue pour ça : Clovis Cornillac, Jean Reno lorsqu’il est de passage, José Garcia, etc. Du lourd. C’est peut-être ça qui fait tout le côté touchant de cette affaire de conspiration classique : Cluzet ne ressemble pas à Cruise, Vin Diesel, Matt Damon ou Will Smith. C’est littéralement l’incarnation du « boy next door » à la française. Le pinacle du film, c’est cette course-poursuite à pied où il se vautre la gueule méchamment sur le béton. Un accident banal qui trahit le dilemme du film, perdu entre film à la ouanagaine, gratin du ciné francais multi césarisés et l’improbabilité affolante du suspense face à sa conventionalité mordante. Ne le dis à personne est un triple saut, clopin clopan, qui passe les minima sans se forcer alors qu’on avait la matière de faire un bon saut en longueur.
(2006)
The Holiday
Feb 22nd
Du cinéma comme on en bricole des kilo tonnes, et pourtant celui ci a son petit angle à lui, pas trop con. La blonde est dans la vie une tripatouilleuse de bandes annonces. Elle entend dans sa tête cette voix caverneuse qu’on entend dans tous les trailers d’action movie, « coming soon ». Sa vie est un pitch. Bien entendu, il y a une histoire d’amour pour justifier la thune des jeunes femmes qui iront le voir : elle échange sa maison avec une anglaise pour les vacances. Elle rencontre Jude Law dans la configuration optimale : célibataire, aimant, « paumé-blessé-mais-nimalheureux-nivictime », avec un subplot à faire pencher la tête des filles en guise de compassion (il faut les entendre dans la salle, retenir leur respiration quand il y a ouvrage de chemise). L’autre rencontre un autre gus mais aussi un vieux scénariste hollywoodien, histoire de faire « les films d’avant, c’était de la vraie ». Sans sa mise en abime, the Holiday n’est qu’une romance de plus, qui ne rentre jamais dans le vif du sujet.
(2006)
Mauvaise Foi
Feb 18th
On aime tous Roschdy Zem, sa tête cassée, bien rectangulaire, qui imprime bien la péloche d’une filmo conséquente, aussi bien films d’auteurs que gros caissons populaires à la Indigènes. Pour sa première toile à lui, il s’est dit qu’il sortirait avec Cécile de France. Et en plus il a bon goût. Lui est arabe (no shit), elle est juive, blabla conflits tribaux. Le problème, c’est que les remps’ ashkénaze de Cécile sont absolument non-crédibles. Pour les 3, on constate des dialogues HS, des acteurs en dehors du coup, ils transpersent l’écran façon out-of-character, un peu comme si Djamel Debouze jouait le chinois façon Michel Leeb. A part Elbé le futur bankable, on nage en porte nawak. Heureusement, Roschdy connaît un peu mieux le monde arabe. Le résultat, c’est une comédie consensuelle un peu toc que le sujet mérite aujourd’hui. Mouuuif.
(2006)
Paprika
Feb 16th
Dans le milieu de la japanim’, quand on avoue ne jamais avoir vu de films de Satoshi Kon, on vous regarde avec des grands yeux, comme si vous étiez passé à côté de Kurosawa. C’est donc sous un regard neuf qu’apparaît ce spécialiste du grand barnum « everything was a lie » dans une sortie plutôt confidentielle. Ce qui frappe, en plus des musiques mystico accrocheuse, c’est la qualité du montage, une rythmique implacable à la limite du saoulant. Parfois gentiment malsain, les délires s’enchaînent pour former ensuite une espèce de morale un tantinet raëlienne dans laquelle les observateurs pourront voir pas mal de relectures. On nottera une utilisation habile de doubleurs chevronnés, utilisés en total décallage. Pour l’emballage, ça court à tout va, un peu partout, comme dans un Miyazaki de la grande époque. Paprika est donc un divertissement très honnête, juste un peu saoulant pour son côté farandole de cirque itinérant.
(2006)
Casino Royale
Feb 15th
La mode du moment, c’est les relaunchs, le ground zero des mythes de la pop culture, le year one, les balbutiements d’un bleu. Batman, Zorro, Superman rebegins, ou carrement le retelling inutile à la King Kong. Martin Cambell, c’est le pro du back to the basics, il a déjà à son actif Zorro et Goldeneye, le retour d’une franchise qu’on a cru enterré avec le pourtant pas mauvais T.Dalton mais vraiment pas aidé par ses scripts. James revient, mais dans le seul roman à n’avoir pas été adapté, Casino Royale, celui qu’on a tous lu, trainant dans une bibliothèque un été à côté des Agatha Christie. Daniel Craig, le scleu-mu apparent vient juste d’obtenir le label 00. Il est jeune et en veut et a réellement du mal à se faire à son costard, aussi à l’aise dans ses fonctions qu’une brochette fromage dans un restaurant japonais. Forcement, il y a des concessions. M est une femme depuis déjà quelques films. La personne étant supposé être un agent coco ne l’est plus. De plus, on souffre du syndrome Austin Powers « One million dollar ». Ca manie des millions, mais après avoir détourné des satelittes détruisant la croute terrestre, dirigé des armées de ninjas, faire toute une histoire sur un mec qui joue 100 millions aux cartes fait un peu cheap, même si c’est pour avoir des informations sur le réseau des dealers de Kate Moss. Heureusement, on met un Yamakazi dans le mix, des belles nanas et la recette remarche. Et la quote “The bitch is dead” est toujours là. Ou comment avec un vieux roman avec des cocos, des espions se faisant torturer et des tireurs d’élite, on bricole l‘actionneur le plus cohérent de l’année, 2006 that is.
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