Cinématographe
Ip Man
Jun 16th
Saison encore morose du Blockbuster de l’été, oui je sais. Iron Man 2, Kick-Ass, Robin Hood qui est plus un film manifeste de l’allongement de l’âge de la retraite qu’un film d’action manifestement Airwolf. Mais là il nous faut du bien. Du bon. Du puissant. Donc on va prendre du chinois.
Au nom du pouvoir “Blockbuster antidote“, j’invoque IP MAN !
Aux manettes, Donnie Yen et Wilson Hip. C’est la fabuleuse équipe de Flashpoint. Un film où les coups sont portés “à 70%” pour donner plus d’intensité aux combats. Et à l’écran, ça donne.
En plus, dans Flashpoint, il y a une de mes scènes de cinéma préférées de tous les temps. Une projection sur rambarde métalique. Regardez, c’est de la poésie :
Le méchant parle au téléphone. Quand soudain, Donnie le soulève casuellement et le propulse sur cette rambarde. Ça, tu vois, ça, ce petit moment de violence -à relativiser avec l’intensité d’agressivité contenue dans la file d’attente de ton bureau de poste à 18h45 quand tout le monde est prêt à s’ouvrir les veines pour en sortir-, cette frappe d’une fluidité quasi normalisée vaut presque l’harmonie du double coup de pied tombé sur boue d’un Song Kang-ho bedonnant dans Memories of Murder. Merci Donnie pour une des scènes les plus sublimes du cinéma d’action.
Mais revenons à Ip Man dont la direction chorégraphique est assuré par Sammo Hung. On peut difficilement faire mieux en street cred’ de Shanghai. Mais Ip Man est aussi le membre d’un genre assez rare, le biopic de combat. On s’y castagne à tout va, avec élégance, grâce et parfois même du désespoir. Biopic, il l’est car il raconte la vie d’Ip Man, le maitre de Win Chung qui s’opposa aux forces d’invasion japonaise durant la seconde guerre mondiale. Et qui fut le maitre de Bruce Lee.
Je vois déjà les Zemmour japonais s’offusquer devant la vague des films qu’il qualifierait de repentance. “En plus, il n’est même pas certain qu’Ip Man ait vraiment battu dix karatékas en même temps. C’est encore un mensonge monté en épingle par les soixante-huitards et quelques bobos du marais qui se racontent encore des histoires.” Ouais, personnage mythique donc situation un chouia surréaliste, genre Ip Man qui donne un cours collectif à une usine entière, avec mise en appli des mouvements. Pour avoir fait du Kung Fu tout un septennat, ça me parait chaudard. Par chance, Zemmour n’est payé que pour aller voir des films français. Sinon il s’rait allé voir “Le grand chef“, version coréenne et culinaire de l’esprit de résistance face à l’invasion sauvage japonaise. Mais les duels de cuistots, c’est un genre aujourd’hui presque spécifiquement japonais (ciné ou télévision). Pas de Wun Tun Soup ici, Ip Man reste d’une intégrité martiale sans faille. Donnie Yen balance les coups avec une fluidité inouïe, un impact démesuré et surtout… il est bon acteur. Mais oui. La quarantaine approchant, ses scènes d’acting laissent tous ces collègues derrière, de Jacky Chan à Jet Li. Oké, ce n’est pas une prestation à la Sean Penn/Milk, mais dans le genre Biopic de combat, c’est vraiment ce qu’il se fait de mieux. Oui, mieux que Dragon. Ip Man n’est pas sorti en salle en France, alors pour Ip Man 2, j’vous raconte pas.
Summer Blockbusters 20XX, le rappel
Jun 9th
Saison blanche et sèche de blockbusters pour l’instant. Enfin si, on a un Robin des Bois qu’on aime un peu comme on aime la prestation d’un vieux sportif qui vient faire un dernier tour d’honneur sur une piste. J’aime les vieux au ciné. Mais heureusement qu’on a parfois des programmes “appel d’air” qui ne soient pas des comédies sociétales pré-approuvées par Zemmour.
Je te fais un récap rapide, à moins que tu ne sois venu que pour Batman XXX. Hein, coquin.
L’an dernier, ici-même débutait l’opération SOS le cinéma Japonais, pour faire un peu un état des lieux de la cata et des perles à récupérer. Ouais, parce que si t’es pas au courant, même la série Z y est devenu pourrie ces 10 dernières années. Dire qu’on survivait à peine à One Chanbara (dans le genre on adapte un jeu vidéo basé sur la sainte trinité sabres-filles-zombie). 2010, on a droit à ce genre d’horreur…
Gothique et Lolita. Et horreur. C’est triste, on dirait qu’ils n’essayent même plus.
Résultats des courses, les meilleurs films japonais de mon classement, c’était Still Walking (Kore-Eda, brillant), Evangelion 2.0, le Grand Chef (un film de cuisine fighting coréen, mais j’ai déjà expliqué en images pourquoi et comment le kimchi dégomme le Sushisashimi) et enfin… Summer Wars. Qui est un film biclassé, mi-japonais mi-blockbuster. Et il sort aujourd’hui en France. Me le suis tapé déjà deux fois (dont une dans l’avion, ça compte pas), et si j’envisage une troisième, c’est vraiment que ça vaut le temps que tu vas passer dans ton fauteuil. On se la refait : Summer Wars.
Sinon, coup de hasard, ça évitera les doublons. Air Doll du même Kore-Eda sort en salle. La même semaine. Ok, pas évident d’apprécier ce film où une poupée gonflable devient humaine (j’viens de me rendre compte que la bande-annonce est proprement irregardable, donc hop, pas ici). Included, une des scènes de sexe les plus bizarres ever qui te fera frissonner les poils en y repensant. Garanti.
Bon, allez, je vais pas te chercher les séances non plus, allez, houste. Bonus, les salles seront vides à cause de la Coupe du Monde. Attention, ça ne durera pas.
Batman XXX : A Porn Parody, la review
Jun 4th
A priori rien d’exceptionnel à une parodie cul. Chaque film à succès a sa version porno. Ghostbangers, Schindler’s Lust, Clockwork Orgy en passant par Easy Ride Her. Big up à toi, Dennis Hopper qu’on ramassa tout nu au Mexique à parler aux fils électriques. C’eut été un chouette film. Mais là, on va parler de Batman XXX : A Porn Parody.
La version X est aussi un rituel acquis pour les séries (NYPD Blew ou Inspect Her Gadget, Sasha Grey’s Anatomy). Mais c’est Batman qui en a morflé. Toujours un peu craignos, mal défini, ces parodies étaient systématiquement nulles, faute de vraie cohérence. Et vas-y que j’te bouscule de la version pré goth-mou de Tim Burton à l’humour du tout premier show en passant par la version gay de Schumacher (ici en mode auto-critique).
On trouvera toujours un spécialiste lambda pour te vendre des relectures fumeuses sur la probable “impuissance de Bruce Wayne, le mec obligé de se balader en costume, métaphore de la puissance sexuelle retrouvée qui lui permet de se taper Catwoman, la fille qui ne se découvre vraiment qu’en latex“. Please, quoi. Et encore on ne va pas rentrer dans la polémique Batman & Robin. Pas-de-polémique. Les relations de Bruce et de Dick sont celles d’un classique père-fils. Sauf dans la version dont je vais parler aujourd’hui, car ils se finiront à deux sur Catwoman.
Une dernière info avant de balancer le logo de prévention, le DVD (oui, un DVD à acheter, dès fois que la Warner fasse un procès, mais bon, les pasticheurs ayant l’air d’être blindé juridiquement) offre une fonction “épisode normal”. Ça donne quelque chose qui ressemble aux trailers (que tu as forcément vu ici ou encore là). En gros, on peut regarder Batman XXX sans les scènes de cul, presque comme un épisode normal des années 60. Option gag car qui va s’en servir, hmmm ?
Voilà, c’est le moment de mettre le label pour adultes. Les images “pour adultes” seront balisées. Et si t’es mineur, va demander à tes parents Mario Galaxy 2 ou encore aller va potasser Kids Robotics, un cycle consacré aux films qui parlent de mômes en 2009. Y’a L.O.L, Neuilly sa mère, Hanna Montana et plein de trucs pour toi. Voilà, cette précision passée, on y va.
La chose la plus remarquable avec Batman XXX : A Porn Parody, c’est le budget qui tape à la gueule. Pas dans le sens Michael Bay du truc. Oh on voit bien une magnifique copie de la Batmobile d’époque passer à toute berzingue mais pas de courses poursuites ou de Bat-copters. Pas d’explosion au moindre créneau. Tout le fric est passé dans les costumes et les décors. Les années 60 version Pop Art dans les dents. Et puis peut-être aussi pour arroser les actrices, me souffle-t-on dans l’oreillette, puisqu’il y a Tori Black et
Lexi Belle dans le casting, des stars dans ce créneau. Parait-il, hein. L’ironie de cet assemblage un peu fou, c’est que ce Two hour show a sans doute bénéficié de plus de budget que n’importe quel épisode de la série originale. Même les Poooww et les Kabroom viendront spammer l’écran, comme dans la première saison de la série (Anecdote : à l’époque, le procédé d’incrustation a été jugé trop couteux et après les incrustations, ils sont vite passés à des dessins d’onomatopées dessinés vite aif’ sur fond jaune. Cheap, ouais.
Décors et habillages mis à part, la série originale, volontairement maladroite et kitsch, est bien reconstituée. Les fameux plans de caméra dingues façon Pop Art cèdent parfois à l’efficacité d’un plan serré sur une levrette ou d’un cum shot, d’accord, mais on ne peut pas tout casser dans le porno.
Les acteurs garderont généralement leurs costumes. Tant mieux, la scène d’orgie du Joker serait un peu creepy s’il se mettait à étaler son maquillage sur le cul d’une de ses servantes. Ow, j’ai du mal à croire que je regarde tout ça pour en parler jusqu’au bout. On est fan de Batman ou ne l’est pas, après tout, je discute pendant des plombes de Bruce Wayne topless contre les hommes des cavernes.
The story, car il y en a une. Un soir comme tant d’autres au manoir Wayne. Bruce explique à Dick sa facilité à gagner 4 parties d’échecs en même temps. 16 coups à l’avance, facile. Mais Lisa Carson, la fiancée de Bruce, se fait enlever par The Riddler. Bruce confond son cri de détresse avec Alfred, le vieux coquin. “Holy viagra !” Le setup est réussi. La ressemblance avec Adam West et Burt Ward est frappante. Mais le vieux Gordon qui reluque sa secrétaire est là pour nous rappeler que bientôt, le cul va débouler.
Lisa, enfermée dans une prison décide, séance tenante, d’allumer The Riddler à coup de porte-jarretelle. Puis elle lui fonce dessus et lui taille une pipe à travers la cage. Direct, sans transition. Comme cet épisode de Twin Peaks mais où il ne s’était malheureusement rien passé. (Une spéciale pour toi, adolescence perdue)
La coquine ne peut s’empêcher de comparer sa queue à celle de Bruce, “plus petite” dit-elle.
“Riddle me this : when is a pussy like a flower ?”
L’in-character des situations résiste parfaitement jusqu’à ce que le porno reprenne les choses en mains pour faire basculer les acteurs en mode “dialogue film de cul américain” standard. Il n’y aura pas de “You feelin’ my Batarang, pussycat ?!” ou encore de “Holy Deep Throat, Batman !” dans le feu de l’action. Petit regret.
Pendant ce temps, Batman et Robin grimpent le mur, le “Batclimb“, un passage obligé pour retrouver The Riddler, toujours est en train de s’amuser avec Lisa. Une fenêtre s’ouvre et hop même la tradition du caméo est respecté ! Dans la version originale, c’était Sammy Davis Jr ou Jerry Lewis, ici c’est Ron Jeremy dont la page Wikipedia m’informe de ses 4000 femmes, 2000 films en 25 ans de carrière.
“- Allez, quoi, venez vous amuser ! Elle a encore deux mains et une bouche de dispo !
“- Our poursuit of justice allows us very few diversions. But by all means, carry on with your business, citizen”.
C’est bien, Batman !
Arrivé “en haut”, Batman, les sens à l’affût, déclare soudainement que Robin ne devrait pas rentrer dans cette discothèque parce que “deux mecs costumés, ça attirerait trop l’attention“. (dans les années 60, Batman demandait juste à Robin de rester dans la Batmobile “car une boite de nuit n’est pas un endroit convenable pour les mineurs”. Bat-pas partageur ? Dommage pour lui, la fille qui le drague au bar est de mèche avec le serveur et lui drogue son jus de fruit.
Après une séquence géniaaaale de danse swingy à mort (avec la meilleure musique du bat-show), Batman va bientôt céder à la Tentation. Il commence à faire des steps Pulpy Fictionny, mais il vacille. A ce moment précis, on atteint un moment de véritable awesomeness. C’est cool et kitsch sans être insultant envers la série TV. Enfin, j’veux dire, Kick Ass est plus cynique et idiot que la gaucherie sympathique de Batman XXX.
Molly l’entraine et le baise en pleine discothèque.
Petite note de fan, c’est exactement ce qui arrive à Batman, Talia ayant joué son capitaine de soirée. Boulette qui lui a donné son seul et dissipé fils, Damian Wayne. Enfin, ça s’est pas passé dans une discothèque, mais à deux, trois détails près, c’était ça.
Pendant ce temps-là, le Joker se la joue pimp à mort. Il se tape ses deux assistantes (qui gardent que leurs superbes bottes). 2 filles pour un mec, on a bientôt le compte sur la checklist. Ah non, spoiler : no lesbian. Ca sera peut-être pour le prochain épisode avec Batwoman (la première héroïne lesbienne de premier plan de DC).
Revenu chez Gordon, Robin voit débouler l’ultra maligne et kawaii Batgirl. Regrimpette. Sur le Bat-Wall, avec le bat-grappin, hein. Et là, le choc ! Holly Pop Shot ! s’écrie Robin. C’est en reluquant en cachette l’orgie du Joker que les deux héros (qui deviendront un couple dans l’histoire canonique) décident de passer le cap biblique.
Juste après lui avoir éjaculé dessus (mais heureusement pas sur son joli costume), ils se font capturer. “Very impressive, Boy Wonder. Looks like you let the bird out of the cage ?” se moque un garde.
Retrouvailles finales. Batman séduit Catwoman qui les délivre, Krassh Baaam Zaaap de quelques secondes. Lisa est sauvée. Reste une personne qui n’est pas encore payé sa dette envers la société. Catwoman A.K.A Tori Black. C’est là qu’intervient le “Holy Threesome” de la victoire.
Amateurs de catsuit, déception : Tori Black sera nue en une minute, bat-montre en main. Un peu dommage de louper un fétiche comme ça, pile à la fin, “tant qu’on y était”.
Ca se termine comme devrait se conclure un épisode : un piège satanique !
Difficile de dire si toi, garçon ou fille, tu vas y trouver ton compte. Au Japon, il y a une industrie de pornos basés sur de fausses héroïnes et combattante-ninja-sentaï. Aux USA, la norme, le template de base, c’est la fausse Wonder Woman qui visiter “un garage” ou une “cave” et qui se voit contrainte par son propre lasso magique. Ici, le trip “fidélité” au matos original (enfin, on s’entend) et le respect pour le show original sont vraiment le moteur de ce film. Un truc quand même assez inédit pour le genre. Parler de “respect” dans un film où les tenues lycras terminent sur les chevilles peut paraitre excessif, mais on y retrouve une espèce de tendresse naïve pour les 60’s. Acteurs, acting, costumes, décors, tu t’y crois “presque”. Et puis le fait qu’il y ait plus de scénario ici que dans la plupart des pornos que t’as vu dans ta vie va sans doute te dérouter. Ça fait ça à tout le monde. De toute manière, Batman XXX : A Porn Parody démolit la plupart des adaptations en films “classiques”, surtout le Batman avec armure à tétons des deux films de Schumacher, et ça, c’est non-négociable.
Mother
May 30th
Pauvre maman. Dès la première image, on la voit déjà perdre les pédales, à danser dans un champ toute seule. Cette mère se donne corps et âme à sa quête. Un soir, une fille est retrouvé morte. Pour la daronne, aucun doute possible. Son fils Do-Joon, certes borderline demeuré, n’est pas le meurtrier que tout accuse. Pour les flics expéditifs, l’affaire est entendue. La mère va entrer en croisade à la limite de l’autodestruction pour rétablir la vérité et innocenter son gosse.
Mother tombe pile poil pour clore en apothéose une décennie de power movies made in Corée. On ne sait pas si cet âge d’or continuera, si des boulets de canons d’une telle intensité continueront à nous arriver dans les dents.
Comme ses précédents films The Host et Memories of Murder, le Mother de Bong Joon-ho est le résultat d’un spectacle total, surfant sur différents genres sans jamais vautrer. C’est quand même énervant, cette réussite arrogante, alors que le cinéma français s’y viande systématiquement, son ambition artistique maintenue en vie par quelques rares perles (hello, un Prophète). Merde quoi, les coréens, ils étaient encore en pleine dictature y a pas si longtemps, et maintenant, c’est les rois du MMORPG et du cinéma de très haute qualité. Pire. C’est le syndrome Pixar : t’as l’impression qu’ils font ça les doigts dans le pif.
Sur mon DVD de Memories of Murder, Bong Joon-ho n’a même pas son nom sur la jaquette. Sans déconner. Injustice pour le génie qui en trois films s’est construit une œuvre à part (mais presque normal quand tu vois que la vanne récurrente du moment, c’est d’essayer de prononcer le nom du réa de la Palme d’Or 2010, vraiment trop drôle, les mecs). Dès cette première scène de danse écervelée dans les prés (j’y reviens), tu comprends que Bong fait déjà le bilan de son propre style. Il joue avec. Cette mère groove de manière comique dans une prairie (motif de Memories of murder). Elle est une marginale (The Host) et va pousser son enquête contre vent et marée face à la flicaille incompétentes (re-Memories). Et puis il y a ce gout pour les paumés et les asociaux, parsemés par des éclairs d’une violence inouïe. On te parle d’une maman, là, quand même. C’est sa fête. En un instant, un seul plan, le coréen te fait basculer de Freud à Bagdad, dans ce bled paumé où tu peux te faire tuer parce que t’as rayé une caisse.
La toile de fond vaguement familière, finalement, Bong Joon-ho s’en tape (mais c’est pas un hasard si ses deux seuls films précédents soient des classiques des 2000’s, cités en référence par pro et amateurs). Il nous fait un truc radicalement différent, en jonglant comme d’habitude entre les genres. Critique sociale, polar, drame, grotesqueries, émotions pure, on a tout, en parfait équilibre. Massif. Il te fait tout basculer en un plan, d’un coup de génie bien senti. Et ça marche. Malgré toutes les zones de réflexion, les fausses pistes purement polar, et la boue, Mother reste limpide et pertinent. Un exemple parfait de cinéma exigeant et ultra populaire, à la Hitchcock.
Les médias te survendent tellement l’expression “film coup de poing” (coucou, Enter The Void) que quand t’en as un devant toi, un vrai de vrai, t’es pas toujours fichu de le comprendre. Mother transforme la volonté inébranlable d’une mère en tank cinéphile. Rien ne l’arrête. Brillant. En 3 films, ce mec prouve que c’est un authentique génie.
Tu vas me demander comment fait un film pour être aussi bien sans coups de pied sautés ? Check la séquence à 0’15 de la bande annonce.
Rien que cette séquence mérite que je ressorte le label qualité maison:
Prince of Persia
May 29th
Un pays des milles et une nuit lambda en images de synthèse. Un petit enfant du bled version babtou court à travers un marché, poursuivi par des gardes. Au lieu de priver ses parents d’alloc’, le roi en fait un prince adjoint. Ça n’arrive qu’aux autres.
Le gamer aguerri ne s’y trompe pas. Il y arrive d’instinct, sans indication à l’écran. Appuyer sur X. X. Carré. Rond. Saut. Rebondir sur la motte de foin pour s’accrocher à la corniche supérieure. Ça commence bien. Si toutes ces manips à effectuer sonnent comme une soluce de jeu, c’est normal. Le début de Prince of Persia le film est un gros clin d’œil au jeu. Le meilleur moment, c’est la caméra rotative surplombant la ville (Y sur le pad), repompé sur Assassin’s Creed. Rire garanti.
Jordan Mechner, le créateur de la série, a écrit une histoire cousue de fil blanc reposant sur une dague qui fait remonter le temps, suffisamment pour annuler les grosses conneries, du genre casser le pot de Nutella sur le carrelage de la cuisine. Mécanique venue du jeu (et de Blinx, remember), c’est sans doute le plot device le plus facile du monde pour terminer sur ses pieds, par une pression sur le bouton Reset. En fait, adapter Prince of Persia au ciné montre un peu le tunnel créatif hollywoodien, prêt à siphonner n’importe quel jeu, de PES à A Boy and his blob. Ce héros de Persia, depuis mon bon vieux Apple II C, je l’appelais “prince”, comme les biscuits. Sa seule fonction était de survivre aux pieux planqués sous toutes les trappes vicieuses en s’accrochant à une corniche atteignable de justesse. En gros, Prince of Persia a toujours été un template efficace d’aventure, un peu comme le cultissime YS, “un héros aventurier à la crinière rouge qui part à l’aventure, tuer des loups et des méchants”. Pour un jeu, ça peut suffire. Tout le côté LOL ou éventuellement buddy movie mixte n’est venu que plus tard. Bruckheimer, d’habitude plus inspiré, fout des millions là-dedans en y collant Mike Newell (parait-il le fossoyeur des Harry Potter, pas vu). Et dire qu’Ubi ne touche rien dans l’affaire à part un nouveau jeu, sorti comme un dégât collatéral.
Petit prétexte façon armes de destruction massives (la référence obligée de 90% des films US du moment), et le prince devient pariât. Prince Jake Gyllenhaal, passé de nounours (de l’exécrable Brothers) à Moundir avec pecs huilés, fait de son mieux pour chopper la dynamique des derniers jeux avec Gemma Arterton (appelle-moi !), absolument sublime. Mais on a presque de la peine pour Ben Kingsley, le conseiller du roi. Comme tous ses collègues, c’est un traitre. Et voir Jake et Ben (rien à voir avec Lost, hein) se fritter malgré 40 ans de différence montre un peu les limites de la techniques et des CG. On ne peut s’empêcher de penser à la fin de carrière de Sean Connery, allé terminer sa carrièresdans League of Extraordinary Gentlemen (le machin adapté d’Alan Moore) sur de mauvais conseils.
Mais le moment le plus dur du film, c’est celui où Newell doit combler le milieu du film, véritable intercalaire scénaristique où plonge l’ennui. Molina joue l’équivalent d’un Salah (pourquoi pas, finalement, ici tous les perses parlent english, wall street english, en bon Disney movie moyen. Mais c’est dans les scènes d’action qui n’ont pas vraiment d’énergie. Ca grimpe, ca crapahute, ça s’accroche mais tout est trop aléatoire, comme si le film était fabriqué par une machine en temps réel. Impressionnant ? Même pas tant que ça car le sommeil plane. Les sables du temps frelatés par le marchant ?
Rempli d’énergie molle là où ses actions en auraient bien besoin de jus, Prince of Persia n’a même pas la marque de fabrique des Bruckenheimer : des explosions. Et une explosion dans du sable, ça n’impressionnera même pas les tentatrices de l’île de Diamante K.
Calcul simple, un seul Airwolf, et un point bonus, uniquement pour Gemma Arterton.
Film Socialisme
May 24th
Je te vois arriver. Jean-Luc Godard, c’est pas vraiment un yesman du film d’action. Deux raisons pour le faire rentrer dans le cockpit des blockbusters de l’été 2010. D’abord, il faut respirer un peu. Ensuite, regarder un Godard aujourd’hui, c’est comme un sport de combat. Faut être confiant, bien concentré sur ses appuis, jamais baisser la garde et laisser passer l’orage quand une rafale de montages zarbi et de quotes te tombent sur la gueule.
Flemme de chercher “Notre Musique“, son précédent film, dans mes archives (2003, Raffarin était encore Premier ministre, t’imagines…) Mais en gros, à un moment, il y avait un indien qui traversait les ruines fumantes de Sarajevo, tandis que Godard lui-même se filmait, donnant une master-class à une foule à moitié-assoupie. Ce détail somnolent est important. Indiens d’Amérique, juifs, JLG fonçait à toute vitesse malgré sa voix monocorde. Je crois me souvenir d’une phrase lancée à cet auditoire mis en abime “Si vous avez compris quelque chose à ce que j’ai dit, c’est que j’ai mal fait mon travail“. Sans fucking déconner, quoi.
C’est ce qu’on appelle de la “captatio malevolentiae“, une figure rhétorique qui vise à s’aliéner son auditoire. (Oh rien d’extraordinaire, j’ai retenu ça dans un épisode de Cosmocats Saison 1 Episode 5). Bref, Godard-Kun, il ne fait rien pour se mettre son public dans la poche. On retrouve ce trait de caractère délicieusement odieux chez des profs de fac maléfiques qui considèrent que le savoir ne doit être dispersé qu’à la plus pointue des élites.
Film Socialisme a deux qualités. Il a une bande annonce à tomber par terre qui déroule l’intégralité du film sur une minute.
Deuxio, c’est le meilleur titre de tous les temps, fruit d’une boulette typographique digne de Monkey Kong. Le reste du temps, on passe entre des passages joués expérimentaux, du pseudo-making of d’une croisière, puis on voit des ânes, des lamas, du gros pixel venu d’internet, des fausses séquences de “F3 Regio”… Les phrases volent mais ne se terminent pas. La moitié du film et t’es déjà perdu. Et pas de repère pour t’accrocher, d’explosions, de Liam Neeson ou de Russel Crowe. Puis viennent les 15 dernières minutes. Du pur Godard semi-laïusard, passionnant, raccourcis de mauvaise foi. Tu passes de la Palestine à Odessa et Barcelone en 3 syllabes. Si t’es pas préparé, t’es mort. Ca cite à tout va, ça invoque, même. Coup de chance, un camarade de jeu (bisou Tristou) vient de m’offrir le bouquin-script de cette expérience. Je ne résiste pas, je vous en offre un morceau sélectionné vraiment au pif..
Un captif amoureux
Et le deuxième ange répandit sa coupe sur la mer
Et elle devint comme le sang d’un mort
Dans son deuxième cours de l’école libres des hautes
Etudes de New York Roman Jakobson démontre
Pendant l’hivers 1942-43 qu’il est impossible de
Dissocier le son du sens et que seule la notion de
Phonème permet de résoudre ce mystère
D’une façon générale écrire pour deux voix
Ne réussit que lorsque les dissonances sont
Annoncées par une note commune
(Suivent deux phrases, une en arabe et l’autre en hébreu, n’ayant pas le clavier pour, on va zapper)
Je me suis farci 2h de rapsodie avec des lamas et des gens qui se parlent tout seul pour kiffer en fin de compte ce finish attendu, décoré par ses typos de type Evangelion. Un finish comme une clef de voute de son système, tel le bêtisier d’un film de Jacky Chan où il se brise tous les os : indispensable. Mais la voix de Godard, bien que suisse d’entre les suisses, me manque. Son propos n’explose vraiment que quand c’est lui qui balance ses hyper-raccourcis du cosmos.
Achille et la Tortue, une rencontre Kitano-Denisot
May 19th
Rencontre imaginaire. Denisot reçoit Kitano. Le plateau de la “Croisette” est chauffé à blanc. Les 70 assistants de Kitano, entre managers et gardes du corps, toujours avec des têtes de Yak’, surveillent le public. Les filles se sont arrêtés de gueuler, Jude Law est déjà loin.
Michel Denisot : - Alors monsieur Kitano, ça fait quoi d’être un dieuvivant dans votre pays ?
On notera que quand les acteurs sont français ou américains, ils ont droit à un “undesplusbeauxcastingsdelacroisette”, répété d’une voix robotique. Là, il est japonais, c’est donc un dieuvivant et le level au dessous, c’est unestardansvotrepays
Rire gêné, Kitano ne répond pas et sourit.
MD: – Ca vous fait quoi d’être à Cannes ?” demande Denisot avec la conviction d’un parrain de la Cosa Nostra.
Kitano : - Annoo. Cannestenowa masa ni Et bien en fait Cannes eigateki no ichiban c’est vraiment pour le cinéma seikai no ichiban l’endroit le plus taisetsu tokoro desu ne important du monde. Et c’est pourquoi je suis heureux d’être ici.
MD: – Alors on va regarder votre montrée des marches d’il y a trente minutes.
Laurent Weil : “Oui, Alors je vois l’équipe du dernier Kitano qui s’approche, je vais essayer de leur parler. HELLO MISTER KITANO. VERY NICE TO SEE YOU AT DE FESTIVAL. DO YOU ENJOY CANNES ?
Kitano : - ummm. Kochira Koso.” dit-il en s’esquivant bien vite.
Laurent: Oui, visiblement, Takeshi Kitano est très ému de monter les marches de Cannes. Il faut savoir que c’est une star internationale qui rencontre un énorme succès à l’étranger, mais aussi que c’est une grande star du comique dans son propre pays.
Retour plateau.
MD: Merci Laurent, tout de suite la météo, le zapping et après Omar et Fred, le petit journal People.
Jingle.
Ce que Canal + a oublié de préciser, c’est que Kitano a déjà sorti un film cette année. Achille et la Tortue est le dernier volet de son égo-triptyque. Ça parle de lui, de ses inspi’ et de sa notoriété de gugusman au Japon. Je ne sais pas dans quelle mesure Hanabi ne parlait pas plus de son fort intérieur, mais là, le thème, c’est sa pomme-LOL. Le film commence par un mini dessin animé qui donne tout de suite le ton de la fable. Machisu (gag) est un peintre mais de deuxième, limite troisième zone qu’on va voir vieillir en 3 époques différentes. Hypnotisé par sa propre œuvre, il s’entête et continue inlassablement, même si aucune de ces croutes ne se trouve preneur. Grotesque, too much et finalement très humain, il est quand même aidé avec passion par sa femme tandis que sa fille le conchie. Trop la loose. En France, ce même setup ferait un très bon combo deConfessions Intimes du genre “Amateur de Tuning, mon père aime Johnny jusqu’à s’en tatouer le corps entier mais ses enfants ne le supportent plus.” Kitano a l’élégance de ne pas nous sortir les histoires archi-vues genre “je suis un génie que personne ne comprend”. Prise de risque pas gigantesque, de la folie répétitive, on est dans le Kitano 3.0, de la fable assez consciente d’elle-même, qui exige quand même d’être assez imperméable au grotesque pour voir un Kitano radical faire son gaga. Oh et le trailer trompeur donne envie de noyer des lapins tellement il est nul.
Robin Hood
May 14th
Ce que j’aime chez Ridley Scott, c’est que c’est un vieux qui réalise des actionneurs. Bientôt 73 ans, le mec. A cet âge là, les vieux cherchent à vivre en Suisse ou un quelconque endroit chiant du globe. Ridley, il ne profite pas de sa retraite. Tous les 10 ans, il te balance un film qui repose les bases de son propre genre, l’Histoire sous testostérone.
Tous le monde (ou presque ?) est d’accord pour dire que Gladiator a réécrit la charte du cool qui en excluait les films de glaives avec mecs en jupettes. Moins léger, moins luisant, le gladiateur de Scott avait enfin le droit d’être sale et traumatisé tout en trucidant du lion dans l’arène. Unleash hell, tout ça. Il a airwolfisé le genre.
Ce “Robin Special Origines” s’intéresse à une période peu classique du canon traditionnel. De son retour de croisades au début de la clandestinité, il fait de lui le parrain et mentor de la Magna Carta. Un rôle de Martin Guerre, bien lourd et profond, zones de gris inside. Bref, tout qui justifie la torse-nudité de Russel Crowe vers la moitié du film. Russel convient parfaitement au schéma Scott qui a besoin d’un mec viril, tourmenté, drôle mais sans traces d’émo. Kingdom of Heaven, qui n’est finalement qu’un prélude de ce Robin Hood, n’avait que trop souffert de son Orlando Bloom. Mauvais choix de gus rendu évident par les scènes de de speach bien viril pour motiver des milliers de soldats condamnés à une mort certaine. Avec Russel, pas de soucis, l’autorité couillue, elle est dans la place, quitte à rajouter facile 80 kilos à l’archétype Errol Flynn. Prends-en de la graine, Orlando.
Mais il ne serait rien sans quelques seconds roles charismatiques. Un bon actionneur, ça tient à des némesis forts, et là, il y en a plusieurs. Mark Strong sort une exquise compo d’arrogance qui se la joue faux-français (ouais, c’est justifié par le scénario). Template du bad guy british réutilisé à tout va par Hollywood, 2010 est son année (check Sherlock Holmes et Kick-Ass). Rajoutez des mecs ultra-charismatiques à la Jeremy Irons, ici ce sera William Hurt. Superbe. Mais il faut toujours un vieux érudit charismatique de 173 ans, doté d’un permis shakespearien, mais qui meurt généralement le temps que sorte le film. Coup de bol, Max Von Sydow emmerde les superstitions et joue justement un des meilleurs vieux plein de sagesse du ciné d’action aux côtés d’Oliver Reed, Alec Guiness, Lawrence Olivier et Sean Connery.
Heureusement qu’il y a un paquet de français, délicieusement fourbes comme il se doit. Spécial petit rôle à Denis Menochet, le français du début de Inglorious Basterds. Et heureusement, Léa Seydoux a suffisamment de screen time pour nous faire oublier Cate Blanchett. Bon. Cate. Faudra qu’on m’explique. La preuve irréfutable qu’elle est en train de se formoliser : tous s’accordent à dire que c’est une actrice sans faille sans jamais pouvoir namedropper un seul bon film. Ok, c’est exagéré mais vraiment, Robin revient dans un pays qui s’est littéralement fait émasculer après des dizaines d’années de guerres et de croisades. Un pays de meufs. Et il chope Cate Blanchett, vraiment ?
Bourré d’anachronismes qui feront la joie des wikipedistes, Robin Hood ne réinvente même pas son propre genre. Sa structure linéaire le rend assez binaire, slashé comme d’habitude par le montage abrupt d’une prod Scott. Il se contente de dérouler un programme qui plaira aux amatrices de pecs’ et aux fans de grand bruit. Cheval blanc, masse à la main, Robin ne tirera que peu de flèches, lui préférant une recherche pas méga subtile du père de substitution, une catharsis sans problème pour Russel, habitué aux chefs d’œuvre tourmentés du genre Master & Commander. De l’entertainement qui sent bon la cotte de mailles. Mais le vrai sujet du film, c’est Ridley Scott, l’inventeur du director’s cut, qui démontre qu’il n’y a pas de fatalisme dans la vieillesse. Cheers.
Rien que pour ça,et parce qu’il ne se la coule pas douce en Suisse :
Batman XXX : A Porn Parody, 2ème trailer + Making of (SFW)
May 13th
More porn, les cocos ?
Voici le deuxième trailer de Batman XXX : A Porn Parody. Ouais, fais pas l’innocent, tu vois très bien de quoi j’parle.
A priori, le label veut enchaîner sur Green Hornet, Wonder Woman, Spider-Man etc. Peut-être même qu’il y aura Hulk qui craquera son fût violet.
Et puis comme vous avez été sage, je te balance un peu de la magie de l’internet, la chaîne Youtube de la guilde des demoiselles, avec 3 vidéos de making of. Distingirls. Même Bat-chaîne, même bat-heure.
Green Zone (et un peu Brothers)
May 12th
A voir les films d’action riquains, c’est toujours eux qui gagnent. Ou alors ils s’en sortent avec les honneurs. Dans le pire des cas, Jim a secouru John prisonnier derrière les lignes ennemis, ralenti final sur les soldats qui applaudissent dans la base, sur fond de Hans Zimmer. Paradoxal, vu que ça fait quand même un paquet d’années qu’ils n’ont pas gagné une guerre.
Oh faire un film un peu plus “loose”, avec des anciens combattants trauma, ce n’est pas la garantie d’un bon film. Tout le monde n’est pas Rambo. Et Brothers, (2010, je le namedroppe ici, car pas sur que je retrouverai le temps de parler de cette daube), c’est surement pas Rambo. A moins d’être une fangirl de Tobey “Spider-Man” McGuire ET Jake “Prince of Persia” Gyllenhaal (auquel cas, c’est bon, cherche pas plus loin, Brothers, c’est ton porno de l’année) ce machin défie l’entendement à chaque instant. Imbouffable. Si tu aimes le jeu d’acteurs fin, nuancé, ambigüe et intense à la River Phoenix, tu passeras ton chemin. Et puis jamais très loin quand il s’agit de mal jouer, Nathalie Portman va aussi se la donner acting le temps d’une scène canaille avec bédot au coin du feu. C’est si mauvais que ce film fait perdre une deuxième fois aux USA les guerres qu’ils ont déjà perdu.
Mais revenons en à Green Zone. Il fallait bien un héros sans zone d’ombre à cette histoire. Vraiment le bon soldat moral, limite benêt qui va découvrir qu’en fait les autorités ont menti. “C’est pas possible, l’armée peut mentir”. Il n’y a pas d’armes de destruction massive. Alors on ne va pas faire les malins, genre “mais ça se sentait que l’équipe de France passerait pas le premier tour du Mondia, voyonsl” après coup, là n’est pas le sujet. Le film a besoin d’un mec au charisme d’un capitaine d’équipe de foot US, il a son Matt Damon. Capitaine, il sait faire, il vient de jouer dans Invictus, le film qui nous a endormi Eastwood.
Le ciné de Paul Greengrass (ah c’est là d’où vient le green du titre), on l’a compris, on l’a vu et revu. C’est une resucée en moins bien de McTiernan, de la caméra à l’épaule et de l’image qui remue. On est moins dans l’image, et plutôt dans sa manière de la remuer Ouais, Greengrass, j’suis pas fan de son style emprunté, qui essaye de canaliser les sujets qui marchent. Ce qui nous donne en fin de compte l’aberrant U93. Ah mais je m’énerve.
Ultime truc naze: à un moment, le Soldat Fada est à court d’idée. Impasse ? Non, il fait comme Magimel l’eternel dans le cultissime Empire des loups (lien de 2005, paye ta nostalgie). Matt Damon s’installe donc devant son PC et il fait google.C’est si mal amené que t’as l’impression de t’emmerder toi-même à aller chercher l’info, à zapper du wikipedia français à l’américain parce qu’il est mieux etc. Mais c’est ce que veut être Green Zone, un actionneur didactique. Tu vois bien qui sont les méchants, qui sont les gentils. Ca te montre une espèce de vérité pédago, prémâchée. L’échec des USA pour les nuls. Mais même dans le caca, avec le soldat Damon, ça va, ils s’en sortent avec les honneurs.
Du coup, pour le film le moins bof de Greengrass, un peu de gentillesse :
Com-Robot