Cinématographe

The Simpsons : the Movie

C’est au tour des Simpsons de sauter le pas et passer de la TV au ciné. Homer et sa famille pavoise déjà sur l’affiche à la compo bizarrement moche. Un signe ? Les fans de longue date qui voient plus loin que l’aspect simplet gag-sitcom le savent bien : un épisode des Simpsons, c’est une mécanique complexe. On commence une histoire lambda toujours un peu louf’ et qui va durer 2, 3 mn, histoire d’aiguiller le scénario de l’épisode qui n’a en général rien à voir, en incluant au passage quelques persos secondaires, la marque de fabrique de la série. Par exemple, ça débutera sur un Homer qui est sur la tête d’un paquet de lessive japonais et il finit avec le prêtre en train de se faire courser par des singes carnivores et agressifs le long des montagnes russes. Ca, c’est un exemple type de narration Simpsonesque. Le movie (le premier, vu le succès, puisque les gens « acceptent de payer pour voir au ciné ce qu’ils regardent déjà à la TV » dixit la vanne de Homer au début) se retrouve réduit à l’état de simple sitcom : il plante son histoire et continue à dérouler son train-train sur un monorail en essayant d’aligner un rire/blagouse toutes les 30 secondes. Mais pas toujours, la version longue se permet de faire des interludes larmoyants et sentimentaux, si rares et brefs dans la séries qu’ils donnent ici l’impression de durer des plombes. Mais en plus, en se centrant sur la famille, le long oublie complètement ce qui fait le charme de la série, à savoir le supporting cast, Burns, le flic, le proviseur, le marchand de comics, ils en sont tous réduit, au mieux, au rang de caméo. Ha ha dirait l’autre. Du coup, on obtient un film au mécanisme Disney, avec un gout de morale à la noix. Pire, certaines ficelles ne sont même pas drôles et sont même attristantes. Bart, tentant de se rapprocher de Flanders au cours d’un trèèès long sous-scénario, finit par prier Dieu à l’Eglise avec lui. Le gosse le plus connu et décadent des USA est-il ici drôle ? Emouvant ? Pathétique ? Même le Itchi & Scratchy, jouant sur la mégalo, n’a déclenché que des rires gênés. Comme un long épisode très moyen, qui prends le luxe de piocher dans ce qu’il y a eu de plus moyen dans la série en se permettant même d’être bien pensant. Mega bof.

Hot Fuzz

Deuxième film de la dream team de Shaun of the Dead. Dire qu’il est plus abouti reviendrait à marquer sa préférence pour les buddy movie, mais c’est pourtant l’évidence. Shaun, après un début en fanfare retombait dans le film de zombies conventionnel. Les limites de la satire. Hot Fuzz choisit de rester dans le pastiche du début jusqu’à la fin. Du coup, on retrouve la “brit-touch”, cette inventivité dans les personnages secondaires, les sub-characters truculents sans être too much ou gavant. L’histoire est même à la limite du pamphlet sociétal, me moquant des clichés du terroir, des villages comme à l’ancienne sur fond de musique Herta. Les bonnes valeurs de la campagne, notre héros va se les prendre en pleine face. Muté pour excès de zèle, il se retrouve dans la bourgade typique Jean-Pierre Pernault à l’English, le coin qui vote comme on lui dit à la TV et où la kermesse rurale est l’événement le plus important de l’année. Après une longue mise en place, le héros va se faire un pote dans son commissariat. Fan de buddy-movie, il va l’initier dans tout ce qu’il y a de cool dans le fait de plonger en canardant, un gun dans chaque main. Les années 80, quoi. Le pastiche devient alors hommage cynique et rigolo, et nous rappelle, si besoin était, à quel point les comédies d’un tel niveau sont tout simplement impossibles en France.

Plaisir hormonal logique de cinéphile, Hot Fuzz se choppe pas moins de

sur 5 dans le grand barème de la coolitude Airwolf.

Anna M.

Anna M. est flippante en érotomane. Elle s’amourache d’un docteur qui n’a rien demandé (Gilbert Melki, a.k.a le Pacino français). Mais pas genre un peu, la bonne grave malade mythomane. Petit à petit, à coups de crises foudroyantes, elle bascule dans la folie furieuse, bien violente. Le setup a tout d’un téléfilm M6 si la malade n’était pas joué par la sensationnelle Isabelle Carré, inouïe de justesse dans l’escalade de sa folie. C’est sans doute l’irrationalité la mieux rendue depuis la « femme à la chouette » dans Twin Peaks, mais toujours en restant ancré dans un réalisme quasi-médical. Cet effroi survit même à une fin un peu pipo qui, forcement, prend soin de désamorcer la folie pour éviter que les gens fassent des cauchemars.

Inland Empire

Live free or Die Hard

Les USA se retrouvent paralysés à la suite d’un piratage massif. On y croit. Ca n’a rien d’un huit clos, mais McClane revient quand même à la charge, il est vénère et à la limite du masochisme. Il s’attaque à un hélicoptère, un jet ultra high tech qui fait du surplace en vol vertical, il fait tout, même du buddymovisme avec son petit pote de la génération ipod internet. Mais l’histoire est si nawak on n’y croit plus beaucoup. Willis non plus d’ailleurs, il cachetonne dans ce film improbable qui pousse le luxe jusqu’à proposer un grand méchant non charismatique. Non, c’est pire que ça, le némesis de McClane n’est autre que le sosie vivant de Bénabar, qui a eu la bonne idée de mettre une webcam au dessus de son arsenal d’ordinateurs, histoire qu’on voit sa tête si des fois, un gus venait à hacker son système. Très bien pensé, Bénabar, mais valait mieux qu’il reste chez toi avec ta meuf pour te faire des pâtes. Même Kevin Smith qui joue l’otak’ survitaminé gatorade fait totalement rajouté, comme un clin d’œil poussif, tant d’éléments non dynamique que même Wiseman ne peut sauver. Die Hard quatro est un peu le Hyppopotamus de l’actioner de l’été. C’est totalement ringard, les catchlines sont téléphonées, les acteurs n’y croient pas et même l’histoire ne croit pas en elle-même, mais on se maintient à l’état du minimum syndical, celui du steak haché frites (et du surgelé en plus !). Avec son rating pour gosses, plat comme une crêpe et fade comme du tofu nature, la licence va pouvoir mourir en paix maintenant.

Note Airwolf (sur 5):