Cinématographe

Pursuit of Happyness

Will Smith joue ce qu’il fait de mieux, le gars cool, en toute circonstance, même quand un pigeon mort s’écrase sur ses pompes. Tiré d’une histoire vraie, c’est un gus qui n’enveut mais, malchanceux chronique, il passe le plus clair de son temps à courir après ce qu’on peut appeler les emmerdes du destin. Il se retrouve avec son môme, seul, et la spirale l’entraînera jusqu’à se clochardiser, tout en suivant ses concours, s’accrochant, encore et toujours. Mais tel le club de l’économie, Will est un winner, il s’en sort, et rentre dans une bonne grosse société qui brasse des mi’llions, avec stock options et golden parachute. Une belle fable moderne. Tu seras trader, mon fils.

Letters from Iwo Jima

Iwo Jima est le frère jumeau d’un des meilleurs films de 2006. Moins ambitieux dans sa narration, moins organique que « Flags », il est entièrement tourné en Japonais de manière crédible et ce, sans Hiroyuki Sanada, il faut le souligner, c’est important. Moins poseur et plus posé, Iwo Jima nous raconte l’histoire de ces jeunes gus voués à une mort certaine, par sacrifice au combat ou par suicide, acte qui n’aura jamais été autant désacralisé au cinéma. Mais comme son prédécesseur, ce qui fait la force du diptyque de Clint, c’est ces petites scènes humaines, ce chef d’état major seul sur la plage avec son aide de camps, ce milicien qui fait preuve de clémence se retrouvant puni sur cette île où tout le monde va crever, ou ce gradé ancien champion olympique plein de bons sentiments qui soigne l’allure de son cheval. Malheureusement, Iwo Jima est aussi plus manichéen. Les rares « bons » japonais, ceux qui ont du bon sens, les respectables, ont tous fait des études à l’étranger ou ont beaucoup voyagé. Simpliste ? Certes, mais après la guimauve humaniste que fut Indigènes, c’est limite pertinent. Moins réussir car on a tutoyé le chef d’oeuvre 6 mois plus tôt, c’est un cas de damage control très honorable.

Ensemble, c’est tout. (Possible)

“Ensemble, c’est tout”. L’impérativité du titre est déjà assez exaspérante, mais ce n’est rien comparé au film lui-même. Adapté d’un roman (paraît-il) populaire, mais que je n’ai aucune intention de lire (car, par pur snobisme, j’essaye de lire en priorité des auteurs morts, ou en passe de l’être. J’exagère à peine). Non, mais vraiment, un titre comme ça, il faut que ça soit génial, sinon c’est un peu la honte. Mais voilà, « Ensemble, c’est tout » (je ne m’en lasse pas, c’est comme « La Fontaine, Le Défi »). Ensemble, tout devient possible, c’est le message que veut faire passer le film. Pour que ça change fort. Dans une France présidente. Un vrai brainstorming de slogans politiques, ce titre. Mais ensemble, c’est bien joli mais faut voir avec qui. Tautou est femme de ménage turbo dépressive et malade. Elle se fait recueillir par Philibert, son riche voisin bègue. Attention, faut le décrire, Phildar porte un nœud de pap’, un pantalon de golfeur façon Tintin au petit XXème et chiale sur l’argenterie de famille. Dans le genre too much, il éclate tout. Son colloc, c’est Guillaume Canet, qui joue au jeune en fumant des bédots au lit et en écoutant du collège-rock le matin. Il est cuistot, un rien plouc dans sa tête, mais vit très mal la maladie de sa mamie. Il s’engueule avec Tatou 10mn puis devient pote. Triangulation, intérêt commun, il la baise, elle sort de la déprime, elle devient la nurse de la grand-mère. Philibert est… reste toujours aussi too much. Mais Benoit Brisefer quoi ! Le message, il faut être heureux, ou bien se forcer d’être heureux. A noter que la dernière scène est pire que toute les pubs de téléphone portables minables, genre le bonheur c’est simple comme un coup de fil. Sérieusement, ce moment de nullité biblique est en tête pour la palme du plus grand n’importe quoi 2007.

Apocalypto

Gibson a un problème avec la violence, Apocalypto en apporte, si besoin était, la confirmation. On ne nous épargne aucune séance de torture, douleurs et sacrifices humains. Même dans les tribus picaros, on est loin d’être PG rated, on s’étripe, on se venge comme dans Payback. Pas un os, pas une artère n’est pas exploré dans cette course poursuite entre indiens. On est dans un actionneur aztèque, une course poursuite avec comme héros le jumeau de Ronaldinho, un chasseur très pêche et tradition, qui s’enfuit, pressé qu’il est d’aller sauver sa famille. Derrière lui, une tribu dominatrice qui veut le transformer en barre céréale. Bizarrement, c’est filmé de manière très irrégulière, à la truelle, avec des plans en caméra mouche très vilain. Mais au moins, les Tainos filmé par Gibson ne font pas d’envolés antisémites, quoique la citation au début sur “une grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur» peut faire froid dans le dos si l’on connaît le passif de Mad Gib’. A prendre comme un film un peu bête et con, donc.