Les mauvais joueurs

Voici un de ces films étranges, proche du fantastique De battre mon cœur s’est arrêté.

Vahé est un écorché vif. Sa vie prend l’eau. Son père, arménien du Sentier, qui tient une boutique de tissus va bientôt fermer. Il a aussi ses amis avec qui il fait 2 3 larcins et magouilles, toujours dans le marais, toujours dans le textile, toujours entre arméniens. Mais voilà, il en a marre de cette vie. Il aspire à autre chose, mais quoi ? Sa nana, une belle chinoise vient de le plaquer. Sa vie est en roue libre. Il essaye d’aider un jeune chinois clandestin, endetté auprès de ses passeurs, mais ça ne se passe pas très bien. Mais Vahé est dépassé, sa propre vie semble lui échapper. En bref, il n’y a pas réellement d’histoire. On suit le spleen de Vahé (joué par un Patrick Elbé brillant) dans ce film étonnant, traitant de la minorités des minorités, des arméniens du Sentier. Avec sa réalisation nerveuse de polar , les mauvais joueurs est un bon premier film, touchant et subtil, montrant qu’il n’est pas nécessaire de montrer une bande de juifs séfarades fêtards (penser “la vérité si je mens“) pour évoquer ce quartier de Paris.

Silène & Dyonisos

Tournage

Ce qu’il reste de ma famille russe

Je reçois un coup de fil assez déstabilisant hier soir. On m’annonce le décès d’une tante en Russie, un des derniers parents qui avait choisi de rester là-bas après les deux gros exodes post-communistes. La pauvre a trouvé la mort au cours d’un incendie à Moscou. Etrangement, et malgré la distance et les années, je me sens assez lié à elle. Tout d’abord j’ai de très bons souvenirs d’enfance d’elle. Et puis, puisqu’il est de tradition de livrer une anecdote à la mort de quelqu’un, en voilà une : en fait, le prénom que je porte vient un peu d’elle, ou plutôt de son mari. Daniel, poète et opposant au régime, qui a bien entendu fait de la taule, comme tout opposant au régime. Mort très jeune. Elle aussi y a eu droit (en ces temps, on n’avait pas beaucoup de scrupule, on mettait toute la famille en prison). D’après ce que j’ai su, ils communiquaient avec le monde extérieur en gravant des textes sur des cailloux, des bouts de savon etc… Bref, des temps difficiles.

La vie ne lui a offert une fin enviable, puisse-t-elle reposer en paix. Dieu protège ceux qui restent.

Garden State

Garden State a tout pour devenir culte auprès du public qu’on appelle “adulescent”. Andrew, un jeune assez dépressif retourne dans le bled de son enfance où sa mère, paralysée, s’est noyé dans sa baignoire. Entre redécouverte de ses anciens camarades de classe (portraits truculents comme il se doit) et son père avec qui il est en froid, le vieux gamin va se ressourcer durant quelques jours. En fait le début est plutôt amusant. Les personnages et situations sont marrants, bizarres. Le traitement de l’image est assez créatif. Avec ses problèmes familiaux on pourrait penser à un Woody Allen pour jeunes. En plus il y a Ian Holm, donc la classe. Et là, patatra, déboule Nathalie Portman. Alors elle est bien jolie comme il faut, elle remonte le moral. On serait revigoré avec moins que ça. Et là, miracle, à l’aide de son jeu horripilant, elle lui fait découvrir l’amûûr. Mais c’est bien là le problème, le film se transforme en bluette fadasse. Ca plaira sans doute aux jeunes post-ados mais franchement la happy end est assez innommable. Donc, résultat mi-figue mi-raisin.

Reste une bande son vraiment très chouette.