Dans les dents !

On me demande parfois quel genre de manga j’aime. Facile :

Ceux où les ours se prennent des Shoryûken dans la gueule.

Tatsunoko Vs Capcom Ultimate Stars


Ca me tourne en boucle dans la tête depuis 2 semaines. Seul défaut: il n’y a pas de coréen parmi les combattants.

Evangelion 2.0 : You Can (Not) Advance

Eva 1.0, c’était « filez des thunes, vous allez voir qu’on peut faire aussi génial avec un budget de ouf ». Un exercice de style pour bien dire « vous avez vu, c’était pas un hasard, cette série TV, on sait ce qu’on fait ». Evangelion a failli être condamné à vivre dans le reboot de lui-même, un peu comme les œuvres de Go Nagai où Kôji découvre toujours pour la première fois son Mazinger Z.

Shin Gekijôban : Ha. Ha comme destruction. Anno tient ses promesses, il casse Evangelion, à chaque fois différemment, comme pour marteler qu’Eva, c’est son jouet à lui, d’où ses démêlés juridiques avec la Gainax. Il veut son nom et les thunes qui vont avec. Du coup, ça détruit, ça tue, mais au fond, c’est Hideaki Anno, méga supervisor, qui fait pipi autour de son territoire pour rappeler que le boss, c’est papa. Sérieusement, entre le nouveau personnage parachuté de nulle part, les anges aussi transparent que dans nos souvenirs et la poignée de nouveaux Evas lancés dans l’arène, ça passe à toute berzingue. C’est tellement « dans les dents » qu’on ne retiendra que quelques grandes lignes de l’histoire et deux-trois détails pour otaku. Pure shock value.

Mais en fin de compte, Ultimate Eva, comme il aurait s’appeler en occident, brade toujours le même thème, celui d’un garçon qui essaye de se réaliser malgré sa famille, malgré les traumatismes de la vie. C’est toujours aussi bien. Mieux encore ! Avec ce film à grand spectacle mais tellement ambitieux, on arrive enfin à une espèce d’objet canonique du dessin animé des années 90-2000, si sûr de lui qu’il écrase tout autre sujet, comme une discussion politique lancée à la tablée familiale au moment du dessert. Comme film d’otaku mainstream, on va difficilement faire mieux.


Dans les dents !

Quand on revient, on essaye de pas faire chier un chinois qui fait des coups de pied sautés.

Dans les dents ! Maxi Best of : Rising Stars

Rising Stars a quelques moments Airwolf, mais pas un seul Dans les dents. Donc on prend un gars digne de le faire. Go, Denis !

Automne 99, pas longtemps après la dernière éclipse du millénaire. Remember. En Décembre : naufrage de l’Erika. A la fin d’année, Eltsine allait démissionner pour laisser le pouvoir à son premier ministre, l’inconnu mais néanmoins sympathique Vladimir Poutine. Rosetta des Dardenne recevait la palme d’or tandis qu’American Beauty recevait l’oscar de tout. En été, George Lucas commençait une nouvelle trilogie Star Wars et un certain Matrix débarquait sur les écrans. Dans ce moment arrêté dans le temps sortait Rising Stars, une maxi mini-série de 24 numéros chez Image et Top Cow.

Après le crash de l’industrie, Top Cow, à la fois coupable, complice et bourreau, avait décidé d’y aller un peu moins fort sur les variant covers et de se concentrer sur le contenu, genre les pages de bédé entre les pubs. Et malgré tout le mal qu’ils ont fait aux comics, on peut au moins leur rendre ça : c’est eux qui sont allés chercher des stars de la télé et du cinéma pour écrire leurs comics. Ce sont eux qui ont ouvert la voie aux Kevin Smith, Joss Whedon, Allan Heinberg, Paul Dini, Daniel Knauf, Damon Lindelof et Jeph Loeb pour en citer quelques uns. Certains ont d’ailleurs fait montre d’un manque total de professionnalisme, en mettant en pause leurs comics des années durant, préférant continuer les projets TV qui, Hadopi ou pas, continuent de leur faire gagner des millions. Heureusement, ce n’est pas le cas de Straz, un mec dont l’intégrité (et le tempérament) sont assez reconnus, par ses lecteurs et par le milieu.

Straz, J. Michael Straczynski, a pondu le classique Babylon 5. S’il n’y avait que 2-3 séries de SF à garder, B5 en ferait parti. Beaucoup de choses à dire sur cette série, même si là, on va parler de Rising Stars, son autre série ambitieuse, imaginée comme une trilogie de films. On retrouve pas mal de tics d’écritures, de petites lubies et fixettes qu’on a déjà pu voir dans B5 ou dans ses précédents show.

Son style se sentait dans des productions plus méconnues, généralement basées sur des jouets, genre Jayce and the Wheeled Warriors, Spiral Zone, Captain Power and the soldiers of the future. Tu penses que c’est tout naze ? Grossière erreur. On y retrouve généralement des personnages acculés par le mal, dans un monde oppressant, très loin de ce qui était admis dans les « Saturday show » lambda. Ouais, le créneau des gosses, dont le cahier des charges correspondrait plus à nos dimanche matin « Jour du Seigneur. Jayce luttait avec un mince espoir contre une tyrannie intergalactique végétale (déjà contre la taxe carbone), Spiral Zone voyait une section d’élite lutter quasi désespérément contre une Terre dominée par un virus qui réduisait l’humanité en esclavage (fanfact : bien avant 24 et son David Palmer, c’était le premier show US à montrer un président américain noir. Et couillu).

Captain Power (son vrai premier « pet Project », il ne faisait partie que du pool de writers avant celle-là) n’a jamais eu droit à une deuxième saison, la faute à un scénario trop dur pour les petits américains, avec une vie sexuelle implicite –ca s’embrasse-, un parallèle évident avec le régime nazi et surtout la mort d’un des personnages principaux, à l’époque aussi inimaginable que le PS privé de second tour. Et tout ça, le marketing, Familles d’Amérique, ils peuvent pas test. Pour toute ses raisons, Straz a un peu la réput de mieux écrire des univers bien à lui, de faire monter sa sauce et de tout dégoupiller tout seul plutôt que de s’affairer à faire ses propres histoires sur des personnages connus comme Spider-Man où, en général, il fait des trucs un peu naze et surtout pontifiant. Back to Rising Stars.

L’histoire commence à Pederson, Illinois. Google Maps te dira que c’est entre l’Indiana, l’Iowa, le Kansas, le Wisconsin et le Missouri. Un bled comme un autre jusqu’à ce qu’une espèce de comète passe dans le ciel, un flash lumineux qui embrase le ciel. On découvrira que les 113 mômes nées neuf mois plus tard ont des pouvoirs, ce qui leur vaudra le surnom de « Specials ». Le gouvernement va vite essayer de les garder à l’œil dès l’apparition de leurs pouvoirs. Control them. Tout nous est raconté via la plume de Poet, aka John Simmons, qui se présente comme le dernier des mohicans. Au début, ça sera donc flashback extravaganza, amateur d’ellipse s’abstenir.

A partir de là, ça spoile.

113 gus, ça fait un paquet, c’est pour cela qu’on nomme à peine une vingtaine au cours des 24 numéros de la série, découpé en 3 arcs distinctifs. Tout commence par la mort de l’un des Specials. John a un pouvoir un peu naze : il manipule les énergies électromagnétiques, rien de bien marrant. Mais il est smart, il comprend que quelqu’un les tue, un par un. Ils le sentent tous car l’énergie et la puissance du mec viennent se partager chez ceux qui restent. Comme Highlander, en gros. On a visiblement une dent contre eux qui ont pourtant réussi à s’intégrer. « parce que quand y’en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ». Les personnages se dessinent petit à petit. Randy, son demi-frère, clone de Batman, se fait appeler Ravenshadow quand il course les lascars dans les couloirs. Matthew Bright est un flic, un vrai de vrai tandis que son meilleur pote est devenu un héros « Flagg ». Il se fera embaucher comme porte drapeau d’une grosse multinationale. Un peu comme si François Pinault embauchait Robocop. De multiples scènes reviendront régulièrement nous apporter un angle différent ou un complément d’informations sur les personnages, façon Straz. Là encore, on retrouve son plus célèbre tic : le « mais il ne nous a pas dit, hein, qu’il était si puissant ». En fait, Poet a caché l’étendue de ses capacités depuis l’enfance. A la surprise générale, il casse la gueule d’un des gros baraqués au moyen d’un habile mélange flashback-présent, qu’on a vu dans Bab5 ou encore dans Squadron Supreme (vol2). Mais quand l’assassin est enfin débusqué, c’est déjà la bérézina, le Némésis responsable des meurtres est enfin démasqué. Avec sa clique de malfaiteurs, une poignée de mecs manipulés télépathiquement, elle (c’est une fille) fout à sac Chicago. Un vrai no man’s land.

Act 2. Poet et ses alliés, Randy, Chandra (une belle fille qui a le pouvoir de Melissa Theuriau il y a quelques années, celui de séduire) et Joshua Kane (un mormon ultra-orthodoxe issu d’une famille bla bla télévangéliste et qui change de sexe selon la qualité du dessin) se mettent d’accord avec le gouvernement. Ils passent Chicago au Kärcher, les débarrassent de la racaille, en échange d’un une amnistie totale. Après une dizaine de numéro de set up, on tombe dans l’action qui va assez tout droit, avec son lot de drama et de personnages qui meurent. Straz utilisent tellement les subplots installés dans les précédents numéros qu’on se demande ce qu’il va lui rester dans le dernier arc.

Ultime partie, on retrouve les Specials plus âgés, quelques années plus tard. Brent Anderson au dessin, c’est mieux. Grâce à un peu d’inventivité et pas mal de bol, l’un d’eux est élu Président des Etats Unis. Il utilise les pouvoirs d’un autre Special au cimetière national de Washington pour découvrir les secrets de tous les mecs enterrés là-bas, ce qui lui fait un listing absolument fou de secret d’état. Sitôt élu, il menace de tout balancer. En échange de son silence, il obtient les pleins pouvoirs pour juste un an. Attention, c’est un plan neuneu : avec tout l’argent de l’armée mis en hiatus pour une année, il la redirige vers euuuu ceux qui en ont besoin. Les sdf, les ghettos etc. C’est un peu comme quand on est petit : « y’a 3 millions de chômeurs, 3 millions de SDF, et si on disait aux chômeurs de construire des maisons aux autres et puis les agriculteurs qui surproduisent, bah ils payeront des corn flakes à tout le monde ». Sans jamais une pensée pour les marge arrière. En gros, les Specials changent le monde. Pas d’ennui, la défense du pays est assurée par les plus costauds d’entre eux. Moins cher que le Rafale !

L’épilogue arrive. Les conspirateurs, ces généraux médaillés et colériques, planqués dans l’ombre des salles de réu enfumées, ont trouvé la faille de Specials, le truc qui peut les tuer. Après un stratagème un peu foireux, ils se débarrassent d’eux, en même temps, d’un seul coup, à l’aide d’une bombe atomique. Trop con. Poet était resté en retrait et préparait sa sortie en bricolant une fusée, alimentée par son pouvoir. Mais en mourant tous, les Specials ont déployé tellement d’énergie qu’il s’est retrouvé K.O une semaine entière, tandis que personne ne mourut sur Terre une journée entière. Toutes les maladies furent soignées durant 24h. Sauf la myopie, puisqu’on peut voir sur une page un mec avec des lunettes. Hé, on me la fait pas.

Poet, triste et résigné, s’envole seul et finit par arriver sur une planète. L’entrée dans l’atmosphère embrase son engin, le transformant en comète, la même que celle qui survola Pederson avant sa naissance. Il comprend donc comment sont nés les Specials et sourit une dernière fois avant de mourir. La boucle est bouclée.

Rising Stars, ça vaut quoi, 10 ans plus tard ? Comparé trop souvent à Watchmen (difficile de comprendre pourquoi), RS souffre d’un défaut énorme : le dessin. N’est pas Gibbons qui veut. Dans ses deux premiers arcs, on se retrouve devant des dessinateurs aux noms que l’histoire aura préféré oublier, plus nul que 99% des fanzines du marché. Chaque page rivalise de laideur. Et quand tous les good guys décident d’avoir la même gueule et les mêmes cheveux longs, c’est le drame : une armée de mecs qui volent en trench coat. Va les reconnaitre.

Bon, vous êtes prévenus:

Oh les petits traits partout, pour faire son Finch wanabee. En même temps, c’est sans doute un des numéros les plus jolis des premières années.

Et ça, c’est… pas possib’.

oh. Une chute. Boing.

Ces gueules…

Heureusement, Brent Anderson (Astro City) arrive à la fin pour rectifier le tir et dessiner des héros plus âgés de manière plus crédible. Mais le mal est fait : Rising Star a été dessiné de la pire des manières, avec ce trait horriblement pisseux de la fin des années 90, si spécifique des productions Top Cow. De plus, R.S est resté en suspend. Ses 3 derniers numéros étant resté en otage sur le bureau de Straz pour une histoire de droits ciné. Top Cow l’avait tenu en dehors du « loop » des négociations. Deux ans entre chaque numéro, pour une sortie déjà erratique, autant dire les clous du cercueil. L’exploiter pour un film parait difficile, mais une série, why not, même si le créneau a passablement été vampirisé par l’assez débilo Heroes.

Malgré tous ces problèmes quasi rédhibitoires, Rising Stars est sans doute l’œuvre la plus « Straz » depuis Babylon 5, avec son symbolisme un peu lourdingue (hé, 113 Special, comme dans l’évangile de Jean (le 1 :13, tac tac). On y retrouve des sous-entendus politiques simili de gauche (Bush Jr y est d’ailleurs houspillé à un moment). On sent aussi une vraie vision un peu critique du super héros patriote (n’oublions pas que, même si Straz écrit tout de A à Z dès le début, entretemps il y a eu le 11 Septembre, ce qui a probablement changé un peu la fin, politiquement très pro-active. On y retrouve aussi cette tension super héroïque un peu classy, coincé entre les grands sentiments Saint Seiyesque de la quête du bien et le mélo des séries TV comme Battlestar Galactica. Les sacrifices des personnages secondaires deviennent grandiloquents tandis que les héros s’envolent à coups de tirades improbables idéalistes. Ce n’est vraiment pas Watchmen. Rising Star serait plutôt un Heroes fait correctement.

Un Prophète

Un Prophète voulait-il réellement restituer le problème des prisons françaises, là où elles sont bien plus cra-cra et surpeuplées ? Audiard semble avoir choisi de ne pas rentrer dans cette thématique en mettant bien en scène du franc français qui se planque dans une godasse. Dans le monde Marvel, on vous annoterait dans une case un « a few years ago »un peu vague. La dernière partie du film se soulève littéralement elle-même et enlève tous les doutes. Il y a même du gunfight. Un prophète est une fiction, pas un FAQ, et des scènes clefs sont là pour faire balancer le ciné de zonzon en vrai film de genre plus classique, pour respirer un peu après un début terriblement claustro.

Malik El Djebena débarque en prison. Plus coquille vide, tu meurs. Pas vraiment de passé, encore moins d’avenir, cet orphelin analphabète, musulman du bout des lèvres, va se transformer par nécessité de s’en sortir. Il va rentrer dans un gang de corses qui le protégeront s’il accepte de pointer quelques mecs pour eux. Malik est malin, il apprend doucement mais il a six ans à tirer. Il va marcher sur les pas de son mentor colérique, César Luciani, un Niels Arestrup tout en retenue inquiétante comme quand on joue dans une langue qu’on ne connait pas mais qu’on est bon acteur. Le vieux le traite salement et il comprendra tôt ou tard que le hagar, ça paye pas.

Le petit arabe contraint à s’en sortir, uniquement grâce à sa débrouillardise, qui plus est contre des adversaires bien plus menaçants, on frôle le surréalisme. On reste loin des cas à la Chaos, de cette fille contrainte au mariage en Algérie, revenue puis forcée à faire le trottoir et qui, avec l’argent gagné en bourse grâce au Wall Street Journal, finit par démanteler seule tout un trafic de prostitution venu de l’est. Ouf. Non, chez Audiard, rien n’est laissé au hasard.

C’est même assez incroyable de voir que pour un film de taule, Un Prophète évite un nombre hallucinant de clichés, genre celui du “mec qui te remet dans le droit chemin”, (le truc absolument nul façon American History X), sans parler de la savonnette sous la douche, de la torture à la Oz ou encore de l’inévitable laïus sur les conversions à l’Islam, façon “assumer, c’est dur, mais avec un tapis de prière, ça aide”. Non, Un Prophète n’est pas tout ça, il fait du cinoche tête baissée. C’est une œuvre vraiment complète, avec de nombreuses lignes de lecture où l’on piochera finalement celles qui nous marquent le plus. Certains se demandent encore quel est le vrai sujet ici tandis d’autres souriront jaunes à la Fadela Amara. Pourtant Un Prophète brasse le thème qu’Audiard applique quasi musicalement à ses héros : un môme qui va devenir homme et qui, pour grandir, passera inévitablement par la case du meurtre du père, la symbolique récurrente de tous les films d’Audiard Jr. Un film assez brillant.

Gi Joe: Rise of the Cobra

Hasard à fond les ballons. Pour fêter la date exacte de la début de la seconde guerre mondiale, voici la fin du dossier “block 2009“.

Gi Joe vient boucler la saison blanche et sèche des summer blockbusters 2009. Il est assez étonnant de voir que c’est par ce machin que se termine ce dossier, puisqu’il développe une nouvelle approche, dite du “block pour les nuls”. Attention, Gi Joe n’est pas nul, ce serait plutôt du nanard gros calibre, next gen jusqu’au bout des ongles. C’est au contraire le produit type sur lequel on va se calquer durant un certain nombre d’années, façon Die Hard ou X-Men pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Pire, Gi Joe donne l’impression que c’est easy, les doigts dans le nez. On est dans le blockbuster déshydraté : on rajoute de l’eau chaude, et ça fait presque un vrai film.

Ici, à Robotics-verse, je gueule souvent sur les machins out-of-character. Gi Joe, c’est facile à cerner : une licence de jouets avec des petits soldats qui avaient tendance à perdre tout ce qu’il y a au dessous des couilles parce que l’élastique entre les jambes avait tendance à se casser. En dessin animé, ca donnait un truc militaro-Mask, les gentils à dominante riquaine contre la méchante organisation avec des Némésis avec des accents slaves, ce qui nous donnait forcément des gunfights au pistolet laser (qui tue pas, hé c’est pour les enfants). Zéro mort et des scénarios dingues comme celui où Cobra monte un faux groupe de rock et hypnotise le public. Mieux qu’Oasis. Dans ces circonstances, la bêtise globale du film ne choque pas, elle réjouit, comme un film des années 80 que les acteurs tentent de singer à mort.

Dans Gi Joe le film, les héros sont littéralement des figurines. Les mecs se foutent des exosquelettes qui les font sauter comme Smacks la grenouille tandis que l’armure des filles leur donnent des gros seins et des culs moulés dans du cuir. Dans ces conditions, la Baronness, l’ex-agent de l’Est méga moche, gagne à être incarné par Sienna Miller. Plus rien n’a vraiment d’importance. Tu veux faire sauter la Tour Eiffel ? Pas de problème. Une base sous-marine ? Tranquillou. Tu veux des ninjas ? On a ça aussi. En fait, Gi Joe a le charme de mon bac à jouets où on m’avait mélangé légo, playmobil, Transformers et différents clones de Gobots. Y’a un peu de tout, faut plonger sa main dedans et par chance, on tombe sur un truc pas mal.

et demi

C’est donc Star Trek qui gagne la saison, un peu par manque d’opposition. Rendez-vous l’année prochaine en espérant qu’on soit toujours là. Iron Man 2, pourquoi pas ?

Dans les dents !

Mockingbird dans un nouveau costume, ça fait…

Air Doll

C’est le deuxième Koreeda de l’année, présenté en loosedé au festival de Cannes. Coolos.

Mais pas si vite. Air Doll tiendrait plus du film concept. Un mec, tout en misère sexuelle dans sa solitude urbaine comme on sait vous les trouver au Japon, utilise une poupée gonflable comme compagnie. Il lui parle, lui fait à manger et le soir venu il se termine dedans. Seulement voilà, miracle du pitch improbable, la poupée gonflable va un beau matin devenir humaine, sans esprit de la forêt ni magie. Comme ça. Commence alors pour elle la découverte de la vie, du sexe (le « vrai ») et plus généralement, des humains.

Mais la jeune fille reste une coquille vide (habilement joué par la coréenne Bae Doona, la fille du génialissime The Host). Elle fait des trucs bizarres que seule une novice de la vie ferait. Très long, Air Doll devient parfois glauque et même insoutenable durant certaines scènes, poussant très loin ses idées, sans jamais chercher la demi-mesure. C’est sa force comme sa faiblesse : il reprend tout les clichés de type « je n’existe pas, fille de l’air, je suis une légende urbaine », et les pousse très loin dans ses retranchements, beaucoup plus que l’anecdotique segment de Gondry dans Tokyo ! qui tournait autour de la même thématique.

Du coup, Air Doll, très différent de Still Walking (j’y reviens bientôt) dégoute, agace et fascinera sans doute, complètement déphasé qu’il est de la réalité. C’est sans aucun doute ce qu’on a pu voir de plus expérimental, dérangeant et jusqu’au-boutiste dans le “mainstream” japonais depuis un bail.