Sparrow

3ème Johnny To de l’année, comme une apothéose. Kei est un pickpocket un peu bobo qui, entre deux larcins de haute volée dans les rues de Hong Kong, s’y balade pour faire des photos un peu LoL. Un beau jour, il saisit sur le vif une fille aussi magnifique qu’apeurée. La garce va faire du gringue à lui et à tous les membres de son gang. Manipulatrice, elle les oblige à affrontent un autre gang de pickpockets. Derrière cette histoire de voleurs, Johnny To arrive à créer une sauce western et film de kung fu alors qu’il va absolument rien se passer à l’écran. Comparé à ça, les bastons de Dark Knight sont d’une limpidité Jacky Chanesque. Et pourtant, elles sont adorables. Oui, c’est le mot : To donne aux mouvements de cutter la légèreté d’une comédie musicale (la référence qui saute aux yeux) et la classe naturelle d’un Sergio Leone, le tout dans une sensualité feutrée et une sexualité criante. Il arrive à faire l’impensable, à faire un film d’action sans action. Il est allé au bout du cinéma de (son) genre alors il en investit un autre. Tout comme Triangle, c’est une vraie envie de cinéma qui nous éclate à la gueule sans prévenir.

Fantastique, donc sur 5. Et ouais.

Mad Detective

Il est des films dont il ne vous reste rien, absolument rien. Mad Detective, dans le genre, défonce tout. La première scène nous donne la signification du titre : un détective, profiler sur les bords, se mets dans une valise et se laisse tomber dans les escaliers pour « sentir » la vérité. Il est fou. Mais après, le trou noir. Ca tchatche, c’est moody mais sinon… walou. C’est le deuxième Johnny To de l’année (remember Triangle) et de trèèès loin le plus confus, comme s’il avait volontairement voulu brouiller les pistes. Il ne fait rien pour faciliter la tache. Du coup, il reste comme un blanc.

Koh-Lanta Robotics

Quand résonne la musique de Koh-Lanta, on sait que c’est l’été. « hé hay hay oh hay hay oh hééééé ».

Comme beaucoup de gens, je connaissais Koh-Lanta. C’était le show « du coin de l’œil ». Comme beaucoup de gens, c’était les frasques des hurluberlus de type Moundir ou encore de Raphaël l’aventurier sauvage qui s’était cru dans Mission ou en plein Terrence Mallick. Mais c’est vraiment la Saison 5 où l’intérêt a vraiment décollé, grâce à l’opposition entre en flic et le jeune Mohamed. On était presque dans l’impertinence de Strip Tease, mais enrobé parla voix de félin de Denis Brogniart, assenant ses quotes, aussi imparables qu’un sniper. Passé la découverte, cette “non-real tv” (car pas d’intervention du public) s’impose comme le meilleur show à suspense avec 24. Enfin en moins ultime, on n’a pas de chinois qui se font broyer la nuque à la mâchoire, mais ça repose sur les mêmes fondamentaux.

Le casting est fondamental pour une saison réussie. Si l’on déroge à ces règle sans doute écrites dans un cahier des charges strict comme la messe en latin, on peut TOUT foirer. C’est karmique.

Commençons par les natural born leaders. Ce groupe englobe tout les mecs aptes à diriger. Mais attention, comme les slashers au ciné, il y a des sous-genres « en veux-tu en voilà ». Il y a le « vieux roublard » à qui on ne la fait pas. Il maintient sa tribu dans une simili démocratie en prônant le débat participatif alors qu’en fait, comme pour Ségolène, c’est pipo. Ca ne sert qu’à asseoir son autorité sur les autres, façon « je vous écoute, mais on va faire ce que je dis, oké Julien Dray ?». Patrick de l’année dernière était exactement ça, doublé d’un sacré manipulateur. Il traversera toute l’aventure sauf les derniers jours. C’est freudien, on aura droit au meurtre du père, ses padawan l’assassinant irrévocablement aux portes de la victoire. Les natural born comptent aussi parmi eux les flics à la retraite, les militaires recasés dans le civil ou les chefs d’entreprises cool (à ne pas confondre avec LA chef d’entreprise, qui donne des ordres et finit par saouler tout le monde au bout de deux jours).

Sans doute l’image où il est le moins énervant.

A chaque saison, son athlète. Indispensable, il truste le groupe. Grégoire, Christopher, Francois-David etc. En général, ils sont présentés comme « vaillant » « sportif », des mots qui ne sont pas des vains compliments dans la bouche d’un connaisseur comme Denis Brogniart. Le souci, c’est qu’à force de gagner les épreuves d’immunité, ils finissent par énerver les autres, notamment « la mère de famille qui ne gagne rien mais qui a réussi se faire discrète pour ne pas se faire éjecter ». Généralement, il fait une erreur majeure : il arrive sur l’île chaud comme un lapin et essaye de se mettre avec les jolies minettes. Malheureusement, sans bouffer et surtout sans connexion internet, la libido de l’homme se limite machinalement. En général, c’est lui qui a le plus de fans: blogs ou skyblog pullulent, normal, ils sont le “héros type” de l’histoire, le Ryû, le Son Gokû ou le d’Artagnan indispensable à l’identification, mis en valeur par le montage et en général de très loin le plus bogosse. Mythe du bon sauvage dans toute sa splendeur, il fait Koh-Lanta de manière désintéressée.

Il existe aussi la femme athlète, über sportive et motivé. C’est l’élément indispensable pour envisager des duels homme/femme. Elle veut tellement croquer le beefsteak qu’elle se retrouve régulièrement en finale.

Le sympathique Céga a été littéralement foudroyé par la maladie. Un destin à la Dreamcast.

Attention aux faux costauds. A première vue, On se dit qu’ils sont méga balaise, des miracles de la nature mais, comme un film qu’on attendait trop, ils sont souvent des déceptions. Tel le gaulois, ce brawler perd toute sa puissance dès qu’il est privé de potions magiques. Le toulousain qui fait du rugby à Brives avec les copaing se retrouve alité sans sa bonne saucisse quotidienne tandis que le vaillant arabe un peu rondouillard se laissera complètement submerger par la déprime sans le couscous de maman (véridique)

La catégorie « retraité » n’est composé que de cas particulier. Véronique surnommé aussi « à fond la randonnée » s’est pris des boulets de canon parce que c’est une femme célibataire sans enfant à 60 berges +. Les gens sont cruels. Bizarrement, personne ne dit rien devant le fonctionnaire de la SNCF/RATP à la retraite alors qu’il a au grand maxi 56 ans. Visiblement, son service n’a pas reçu le post-it sur la hausse de l’âge minimal pour se casser que lui a écrit François Fillon. Depuis il tue le temps en allant à Koh-Lanta. Quel escroc. En général, cette sous catégorie comprend le « gars sage » qui saura répandre son bon sens sur les jeunes chiens impétueux.

Passons à un sujet passionnant: les femmes.

La jeune fille est en général à voir en début de saison. Elle se fait généralement choisir par les chiens fous pour sa plastique généreuse, ce qui permet aux réalisateurs de faire de beaux « ass shot » comme on dit dans le jargon. Souvent étudiante, elle apporte en général de la bonne humeur et un semblant de tension sexuelle avec les beaux gosses (voir plus haut). Elle se fait généralement lourder dès que les mecs se rendent compte que la libido sans bouffer, c’est moyen et qu’elle ne sert que moyennement sur le campement. Chaque jeune fille qui part, c’est autant de plans totalement gratuits qui disparaissent.

Bonus pas cachés:

Plus collector encore, c’est « la mannequin ». Pire qu’une étudiante, elle ne sert à rien, ce que ne manque pas de rappeler Denis et le montage, heureusement qu’ils sont là ceux là. A part pour bronzer, elle est généralement sur l’ile « pour prouver que les mannequins, ce n’est pas qu’un physique ». Celle là, il faut en profiter, c’est 2 épisodes maxi !

exemple:

Irya, virée deux fois.

C’est à Koh-Lanta que l’expression “une bouche à nourrir” prends tout son sens.

Figure emblématique de Koh-Lanta, la mère de famille (forcément 3 enfants et plus) vient aussi ramper dans la boue « pour prouver à ses enfants que… bah on ne sait pas quoi vraiment. C’est un personnage dangereux car si elle survit au premier écrémage, elle peut habilement se faire oublier et tenir jusqu’aux épreuves finales. Une application efficace du centrisme à la vie de tous les jours !

Enfin, il y a celles qui traversent Koh-Lanta comme des comètes : les chefs d’entreprises, les working girl. A la différence d’un homme DG, elle ne peut pas diriger les gens aussi facilement une fois quitté le cadre de l’entreprise. Ca se passe systématiquement mal et en général, c’est la première à gicler. Mieux encore, vu qu’elle part au premier ou au deuxième épisode, elle a une chance de réapparaitre encore dans l’autre équipe en cas d’abandon, bien fréquent en début de saison. Koh-Lanta est la seule real-TV qui permet l’exclusion d’une même personne, une semaine après l’autre.

Koh-Lanta, un des rares endroits où l’on peut virer un patron deux fois de suite ! Prends ça, MEDEF !

Enfin, aussi indispensable que la saucisse dans la choucroute, c’est le quota ethnique, Laissons de côté les étudiantes et les mannequins (voir plus haut). Il y a évidemment les mères de famille d’origine africaine qui se prendront des « on le cuisine comment le manioc dans ta tribu ? » par une femme se croyant fine. En fait, cet élément identitaire comprend aussi les minorités invisibles telles que « les gars à l’accent du sud ». Ceux là sont recrutés pour leur bonhommie. Dans leur bio, ils font systématiquement la fête au village dont ils sont la star. Très « second tier » par essence, il tient bien la route jusqu’aux derniers épisodes car il réussira à se rendre sympathique de la majorité. Heureusement, « le gars du sud » est sous-titré, tout comme son homologue « du nord », très populaire après les ch’tits. Beaucoup plus rare, c’est le candidat asiatique (aucun depuis Sakohne) et le juif (pas vu pour l’instant).

Mais ils ne sont pas aussi indispensables que le duo noir et arabe. Si l’on fait une statistique des dernières années, le noir est en général ultra sympathique, tendance sourire Uncle Ben’s (“c’est toujours un succès”). Il est soit sportif de haut niveau (un truc d’homme genre foot us) ou alors préparateur sportif, un coach (ce qui permet de caller des ass shot dans sa bio, malin). Ca lui confère une aura qui lui permet de diriger facilement ses troupes. Tips si vous voulez participer : se mettre dans son équipe ou celle du militaire, c’est la garantie quasi certaine d’aller au moins jusqu’à la réunification des équipes. Le candidat arabe est choisi généralement pour sa bipolarité valeurs+grande gueule. Les coups de colères les plus fous, c’est lui. Il est l’entité garantissant le Zapping pour 10 ans sans parler des liens Youtube. C’est systématique. Comme il est joyeux et chaleureux (insérez images de fêtes avec la famille), il se met bien avec “le gars du sud”.

“Kate, we have got to go Back!”

Chaque année, de jolies blessures.

Tout comme les JT, Koh-Lanta a ses marronniers : la glace où l’on se regarde après des journées à rien bouffer, la séquence des lettres de la famille (écrite deux jours avant le départ du gonz), et les inévitables feux de camps chapeautés par la statue du Commandeur postmoderne, Denis Brogniart et ses chemises à poches d’aventurier. Il te regarde avec les yeux à la Clint, un peu dompteur de lions. Chacune de ses phrases est là pour te rappeler qui est le maître du jeu. Pour lui tout est crucial, déterminant, chaque acte est « héroïque » ou bien au contraire « pas très fair play ». La star du show c’est lui, son timbre se répandant sur la moindre séquence.

Une séquence sur deux, le professeur lève son doigt au ciel.

Le fonctionnement de Koh-Lanta est simple, il réutilise les ficelles de l’actionneur blockbuster, sur l’identification probable avec un des participants. Il n’y a que le sacrifice final évoquant aussi bien les rites KKK (la photo du candidat flambe, les torches etc) que Sa Majesté des Mouches. Après tout, les candidats luttent pour récupérer un « totem » qui, tel la conque, doit les rendre « invulnérable ». Cela nous permet d’avoir de magnifiques saillies de type « je vote contre lui car ce n’est pas un pur rouge » et autres métaphores xénophobes, sans même s’en rendre compte.

Mais sans toutes ces règles absurdes, rien ne tiendrait en place. D’ailleurs à propos de règles, c’est sans doute elle qui font que Koh-Lanta est encore une real tv : une manière de scripter le quotidien. On parle de rule bending : un camp manque de bouffe, paf, on leur balance un sac de riz avec un participant de réserve. Tous les moyens sont bons. Une équipe devient trop forte ? Paf, par miracle, une équipe mal partie a le droit de piocher chez l’adversaire (au hasard, le black ultra baraque). Le petit monde de Koh-Lanta, au casting méthodiquement respecté mais évoluant chaque année nous offre des bons moments de nawak. Les trahisons sont les plus courantes, mais c’est quand elles sont les plus folles qu’elles deviennent réjouissantes. Mes préférés : quand les candidats, seul ou en groupe, refuse le système. N’oublions pas qu’il est filmé par une équipe, almost 24/7, qui elle, bouffe à sa faim et qui est en plus payée. Le candidat malin qui comprend la machine et arrive à s’arracher du déterminisme des scenarios et des castings. Les moments de ruptures, de la petite intervention de « la prod » à la mythique « chèvre à la machette » (c’est beau comme du La Fontaine !) à celui qui s’abstient de faire de commentaires ou un autre qui fait un baroud d’honneur envers et contre tous, tout ça représente les petits éclairs de naturel dans une machine à entertainer le public TF1, quelque part entre le pathétique, le brillant et le naturel, un vrai romantisme décalé et décadent.

Ouais, ça non, trop nul, on zappe.

Un quiz… politique… sur DS…

Dark Knight

Bizarrement sans spoilers.

On essaye parfois de nous rentrer des messages à grand coup de surin dans le genre « La baisse du pouvoir d’achat, c’est que dans nos têtes ». Celui de The Dark Knight, c’est le même que Nespresso : il est dark, smooth, intense. Batman Begins était une relecture plutôt réussie du cultissime Batman Year One, ici on va puiser dans le Frank Miller intermédiaire, celui de Dark Knight Returns. On imagine que la suivante sera celle où Miller a basculé dans l’anarchisme facho, qui enfonce chaque porte de la démence à chaque ligne de dialogue. Quand il ne menace pas de faire bouffer des rats à Robin, il part en croisade contre Al Qaida. No shit. Question d’habitude, plus on se la joue glauque et plus le grand public adhère, ayant l’impression d’être traité à la hauteur de ce qu’ils attendent. Hop, Zelda, des éléments zarbi et tristes dans un monde gris, et paf, on vous dira que la saga devient “enfin adulte”.

Mais revenons à TDK. Batman y est donc grim’n’gritty, c’est comme ça que s’appelle ce style. Il nous le rappelle à tout bout de champs, que sa croisade est difficile, qu’elle le bouffe, que le bien, le mal, deux facettes d’une même pièce etc etc. De la dichotomie Nietzsche bien fado, mais balancée ad nauseum. Sans une once de recul (sans doute la plus grande qualité d’Iron Man), premier degré à en mourir, TDK veut nous convaincre tellement fort qu’il est « noir et obscur ». Et le grand malheur, c’est que tous les dialogues « sérieux » sont poussifs à l’extrême, persuadé de leur propre profondeur comme un élève de 6ème qui fait son exposé. Baser tout le récit sur une version futuriste et alternative d’un Batman psychotique était un peu lourdingue, mais ce n’est même pas allégé par un scénario clair. Résumé, en gros: alors que Harvey Dent, Gordon et Batman s’unissent pour chasser l’argent de la pègre, bien en sécurité dans les banques, intervient un chinois, mix de Kerviel et Bernard Tapie; qui rafle le magot et l’emmène à Hong Kong en sécurité dans sa Société Générale à lui. Se colle à ça Joker qui n’a qu’une envie, se mesurer à son ultime Némésis. Say whuut ?! La mafia laisse son argent en banque ? Et… ils découvrent l’existence des comptes offshore en 2008 ?

Joker va proposer ses services à la mafia, puis menace ses victimes V.I.P. mais les prévient en foutant leur ADN sur une carte à jouer… Wow vraiment, le Joker ferait-il des trucs comme ça ? Ce n’est que la partie immergé de ce vilain passé en mode Lex Luthor. Et Batman, lui, va faire un tour à HK récupérer des cd pirates et le chinois. C’est si confus, si peu cohérent et surtout, ce n’est pas une mise en place très amusante. De faux Batmen ? Une piste fun qui dure 2 mn à tout casser. Nolan a cherché à rendre le film dense, rajouter le maximum d’éléments (parfois très bien choisis) que le récit fini par ressembler à un gloubi boulga. Wayne fait un tour dans son atelier et essayer des gadgets en tripotant tout comme Bond. Rien ne nous échappe, sans aucune ellipse ou subtilité, jusqu’à la Bat Armure qui permet de tourner maintenant la tête. Tout est presque bi-sous-titré pour ceux qui se le mattent en VOSTF. A-t-on vraiment besoin d’un mec qui nous disent “mais c’est un téléphone portable” après 1mn de build up, de sonnerie et surtout d’un téléphone qui brille pour bien qu’on le voit, comme un objet dans un survival horror ? Dark Knight et son Gotham de jour (Chicago en fait, ça c’est raccord) ressemble finalement dans ses grandes largeurs à une de ces séries de type Law & Order, des séquences de bat-fighting en plus.

Joker 2K8

Un mot sur les acteurs car à part les camions qui explosent sans CG, tout repose sur ce casting super léché. Heath Ledger joue son Joker façon star du rock à la dérive. Ses répliques sont les meilleures et se permet quelques scènes incroyables. D’ailleurs la plupart des acteurs s’en sortent vraiment bien, sans trop en rajouter. Dégât collatéral, les vilains vampirisant la caméra, ça nous renvoie à Burton et ça sidekick encore plus le héros à chaque fois. Mais à chaque période son Joker, celui là tient du clown triste. Aaron Eckhart dans le rôle de Dent est vraiment bon en incorruptible adoré du public, véritable Dominique Strauss-Kahn que tout le monde voulait voir en candidat pour Gotham à la place de la conne. Gordon aussi est bien en valeur, lui qui n’en avait pas besoin après Begins. Il y a des petits moments de bravoure, du beau jeu, de la finesse (Wayne / Bale absolument impeccable, jusqu’au verre d’alcool balancé en skred dans les pots de fleurs) et pleins de bons morceaux choisis par Nolan pour faire monter la sauce. Et Maggie Gyllenhaal, même archi moins sexy que dans la Secrétaire (désolé, liens youtube interdit aux mineurs), est là pour nous rappeler à quel point Katie Holmes était une désastreuse erreur de casting.

Mais pour un film qui jouait la pole position de l’été, on est un peu dans la déception olympique. Résultat: un modeste accordé pour de bonnes patates dans la gueule et de jolies cascades en truck et à moto. Allez un dernier pour la route:

youhouuuu

Pour finir, mon Batman préféré, celui de « It’s you…

Wc, toilettes, cathédrale…

Opération Blockbuster 2008

2008, l’année des blockbusters du bien, l’année où Indiana Jones IV passe pour la queue de peloton, où les super-héros sont sexy. Les blockbuster, c’est la poésie d’un train qui explose, d’un réalisme balistique sous emphet, de femmes à tomber par terre, de oneliner calibrés pour le succès. Oublié les autres vilains, les adaptations moqueuses ou les block petit bras, c’est l’été de la tentation super-héroïque.

Résumé des courses:

Iron Man

Speed Racer

Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull

Wanted

Hancock

Incredible Hulk

Dark Knight

Un vrai été sous le signe de Supercopter ! Et quand ce sera fini, on passera à un maxi-event autour du cinéma coréen et israélien.

Incredible Hulk

Alors qu’Hulk a disparu de son comics pour laisser la place à Hercules

Premier bon point : gros tacle à Ang Lee dont le Hulk est tout simplement limogé en une intro kitsch et ultra rapide. Trop affreux, trop “out-of-character”, trop Oedipe là où il n’y que du Jekyll & Hyde, Ang Lee était un très mauvais casting (pourtant dieu seul sait qu’il est doué). Il poussa même le vice à utiliser sa propre gueule pour la motion capture de Hulk, lui offrant un visage de poupon asiatique. Heureusement, l’ Incredible Hulk de ce coup ci ayant été motion-capturé d’après le visage de David Douillet, il est bien plus monstrueux.

L’autre changement de taille : Ed Norton à la place d’Eric Bana. Ed, c’est la classe incarnée, tout comme Robert Downey jr, il donne l’impression que c’est super simple à jouer. Il incarne le freluquet Banner, dans un de ces moments intéressants où il tente de se contrôler. Attention ça va devenir spécifique : Incredible Hulk puise dans le meilleur du run de Jenkins et Bruce Jones où Bruce s’était rasé la tête, et se contrôlait en s’auto-hypnotisant au métronome. Il était aidé par un mec inconnu à l’autre bout de MSN –genre « conspiration ». Toujours traqué, il a désormais un step ahead sur ses adversaires. Heureusement que ce run a pris fin, c’était devenu assez pathétique malgré un super début. « Incredible » lui file le même Némésis que dans cet arc, Abomination, complètement réécris. Il est désormais motivé par la soif de pouvoir et surtout, il est accro au gamma comme d’autres à Koh Lanta, un vrai narcomane en manque. On va dire que c’est un peu moins subtil que la bédé, mais au moins Tim Roth le joue léger, à l’engliche. Passe encore. Malheureusement, il est traité aussi comme un doppelganger du héros, ce moyen d’économiser en histoire pour vite présenter un vilain, à la Iron Monger / Venom et cie. Mouaiff. Mais à part Ed, c’est un peu la cata. Betty (Liv Tyler, un ex fantasme mondial pour ado) est assez pathétique. Ross est difficilement crédible (les opérations débiles sur le terrain et son « envie de disséquer Banner ». Seul Norton surnage au dessus de ses personnages.

Leterrier s’est conformé à la charte du blockbuster alimentaire, tout en plaçant des dizaines d’easter eggs, une extravaganza de gros clins d’œil, de références cryptiques. Ce n’est pas le film de genre parfait, loin de là, mais il rend énormément hommage à la série (avec Bill Bixby et Lou Ferrigno) pour s’en sortir relativement intelligent. Enfin, il utilise habillement le passif bancal de la version ciné/série (Banner se fait sa gama-thérapie par accident et non par un acte de bravoure, en sauvant un môme qui trainait pas loin d’un essai nucléaire, ah les années 60…) pour en refaire un héros, ce qu’Ang Lee avait totalement sabré. Fini Frulk (Freud+Hulk), au moins on revient à “Hulk Smash” !

Pour la peine, c’est un sur 5, avec l’indulgence du jury. Du kiff généreux.

Incredible Hercules

Hulk Hercules, le comics le plus fuck yeah de l’année. Hulk n’est plus qu’au cinéma (on admire le timing, bravo) du coup, la relève avec des poils au menton est là.

Le monde (i.e. les Etats Unis) a subi de plein fouet la guerre avec Hulk (résumé complet ici). Déguisé en Gladiator-bélix, il était revenu pour régler quelques comptes avec ceux qui avaient ordonné son exil. Sur Terre, il s’était trouvé quand même quelques soutiens. Hercules, héros des années bénies de la Marvel, fils de Zeus, gueule de bois olympien, mort empoisonné par sa femme puis revenu Dieu, rabelaisien, homme à femmes et des 12 travaux, brawler historique des Avengers et finalement barbu notoire a choisi le camp de son pote Hulk, convaincu de sa bonne foi. A ses côtés, le jeune prodige Amadeus Cho, personnage mineur apparu dans Amazing Fantasy V2 N°15, est devenu le sidekick ultime du dieu de l’Olympe. Alors que ce dernier minimalise sa stratégie générale (« je cogne des trucs, et ça tombe »), Cho, lui, fait parti du top tiers des génies de l’humanité. Il est numéro 7 du classement ATP des cerveaux aussi surement que Booba est N°10 dans sa team.

Après la débâcle World War Hulk et ses milliers de réfugiés, les quelques partisans de Hulk sont aussi désorganisés que les membres du Parti Socialiste après la dernière taule aux élections présidentielles. Hercules essaye de la jouer profil bas et se rend au Shield en compagnie de Cho. Ce dernier se voit proposer, malgré son jeune âge, d’aider l’organisation du rapatriement des réfugiés post WWH. Refus catégorique du mouflet, y voyant là une manière de le contrôler et surtout de l’utiliser comme une arme (le Shield est loin d’être clean ces derniers temps, voyez Civil War). Le dieu et son pote s’évadent. Malheureusement pour eux, dans l’autre camp se trouve Arès, le demi-frère fou d’Hercules. Et quand on parle de fou, c’est » vraiment » fou. Sa première action sera de récupérer un peu de sang dans l’Hydre de Lerne pour en foutre dans des balles, seules projectiles à même de pouvoir faire du ma à son frère. Arès n’est pas là pour discuter, tergiverser, Arès fait ce qu’il fait de moins pire : la guerre. Odieux psychopathe, il est le rival parfait pour Hercules qui tente de se casser alors que ça stratégie de base est en général de frapper des trucs. Un exemple de dialogue familial :

Du pur génie.

Mais pire qu’un fugitif, il y a un fugitif sans planète. Dans le cadre de Secret In vasion, syndical crossover de l’été (qui dure 8 mois, hein, chez Marvel c’est comme ça), Hercules va se retrouver à la tête d’une équipe un peu ouf de dieu de toutes religions confondues, justement surnommé la « God Squad » par Amadeus. Et histoire que ce soit bien grandiose comme il faut, ils vont affronter les dieux skrull en personne. Dans le monde Marvel, on se connait bien entre Dieux. On se bat depuis des millénaires, on baise parfois (ce qui change des animaux, surtout chez les divinités égyptiennes ou grecques, les salopards) et surtout on badine souvent ensemble, vu qu’en général ils sont encore plus immortels que Michel Drucker. Les V.I.P de ce « God Squad », c’est Atum, Ajak, Mikaboshi (qui ne s’exprime qu’en Haïku, superbe), Snowbird d’Alpha Flight. Volontaire contre son gré dans cette mission suicide, Hercules traine les pieds, gêné d’avoir à faire le chef. Attention, on y voit des extra-terrestres mourir, décapité à la mâchoire ! Oui !

Un dieu en haïku :

Et après il se bat avec des ours !

Ce qui fait le succès d’Hercules, c’est d’abord l’utilisation d’un héros devenu secondaire à la fin des années 80. Il a eu son heure de gloire, un story arc démentiel où il se fait foutre dans le coma mais depuis, walou. Greg Pak avait prouvé qu’il était un bon scénariste lors de ses précédentes prestations, le voilà couplé à Fred Van Lente, le génial auteur d’Action Philosophers, un comics d’action mettant en scène la vie de Spinoza, Descartes, Karl Marx et pas mal d’autres penseurs sexys, véritable héros d’action de la pensée. Grâce à ce spécialiste, on a le droit à des flashbacks assez fous de mythologie, explorant le passé tumultueux d’Hercules et des siens. Grace à Pak, cette version libérale des aventures divines se combine parfaitement avec les différentes contingences du monde Marvel d’aujourd’hui. C’est à ça qu’on reconnait un comics de « maker », de la trempe des Peter David : ils envisagent les événements dans l’angle qui collerait le mieux à leurs personnages. Sans jamais être out-of-character, Hercules n’a jamais été aussi pêchu, aussi tendu, aussi hip, aussi drôle qu’aujourd’hui. C’est le meilleur comics des années 80 d’aujourd’hui, du fun à l’état pur et un des meilleurs titres Marvel. Highly recommended !

Iron Man

Petit complément aux blockb. de l’été. Coming up, Hulk: