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Frontière(s)
May 6th
On nous parle d’une nouvelle donne, voire même d’un renouveau du film d’horreur français… Frontières commence vraiment très mal, comme un Banlieue 13 (film injustement décrié) mais en moins bien. Il croit trop en lui-même ce qui ne lui donne pas la distance nécessaire à un « slasher » de qualité. Ca ne veut pas dire qu’il faut d’emblée tourner en ridicule le genre, mais que la plupart des arguments Les banlieues sont à feu et à sang. Bidule et ses copains à la clownerie « zyva » d’une production Besson, partent se réfugier dans la campagne profonde dans l’espoir de traverser la frontière. Voila pour le contexte géopolitique de la chose. Ils se retrouvent alors dans une auberge où ils rencontreront Samuel le Bihan (et son jeu « généreux »), Estelle de Estelle Halliday Arthur ainsi qu’un nazi pratiquant torture comme d’autres le cricket. Bonjour l’angoisse. Ils vont tous se faire trucider les uns après les autres, sauf la fille (tant mieux, c’est celle qui joue le mieux, et de loing) qui va résister et les tuer. Girl Powa. Frontière(s) part avec un énorme handicap : sa générosité est plombée par des dizaines d’ingrédients avariés, que ce soit le choix des acteurs, les dialogues etc. Pas de quoi faire une bonne bouillabaisse. On voit parfois poindre des soubresauts d’intérêt, mais alors très loin, enfouis derrière le « wesh wesh acting MDR» des production Besson, planqués derrière les nazis les moins crédibles de l’histoire du cinéma depuis l’As des As avec Bébèl.
Ne pouvant les nommer, par impartialité, je m’en remets à un avis choisi au hasard sur allociné, celui de BioSs54 :
« Enfin un film qui montre l’atrocité des nazis… Enfin un film qui nous propose une suite à 2002… Enfin un très bon film qui mérite 4 étoiles ! »
Enfin !
note finale:
sur 5
Ce film est l’occasion pour lancer une toute nouvelle appellation qualitative:
Le label Jean-Luc Mélenchon, un sceau robotics qui va se retrouver ça et là, sur quelques films français le méritant. Beware, Astérix.
(Note: oui, je sais, je suis spammed pour des impressions sur Iron Man, on passera donc à ça pour le prochain, en sursautant pas mal d’étapes intéressantes de la feuille de route 2008 ciné avec que du bonheur: Disco, Astérix 3.0 etc. Plus tard donc.)
Death Proof
Jul 25th
On pourrait résumer le cinéma de Tarantino à des gens habillés un peu retro qui badinent sur de la pop culture en fumant des clopes (si possible de belles femmes hargneuses), suivi d’une fusillade ou d’une baston. Du cinoche totalement futile, pop-corn grand format et explosions, jubilatoire, quasi primaire mais limité. On restait dans l’anecdotique et la pertinence d’un remake. Death Proof est aussi malicieux que ses prédécesseurs, sinon plus, car mieux maitrisé. Astucieux, il évacue sa tarantinerie gentiment crâneuse dans une première partie pur sucre, pour basculer dans la thèse antithèse des scènes de courses des années 70. Bobine cracra, fausses bandes annonce (pas en Europe), problème de projo, tout est fait pour y croire. Tel un lego, Tarantino construit quelque chose, l’essore et le recrache, pour faire une espèce de film viscéral, qui prends aux tripes et dont on sort en remuant les bras en l’air de bonheur. Au passage, son avenir de DJ est toujours autant assuré, en « providant » une bande son assez exceptionnelle qui ne manquera pas d’être repiquée dans des pubs ou dans les futurs sujets de Confessions intimes. Jouissif, hormonalement chargé et totalement décompléxé, Death Proof récolte donc logiquement un
sur 5 sur le barème altercinéphilique Airwolf. Du cinoche sous amphet rigolo.
The Devil’s Rejects
Aug 5th
Attention film de genre. Rob Zombie (un pseudonyme ?) bricole ici une espèce de Thelma & Louise tendance « la famille massacre ». Une famille de fous, sadiques assassins en série, passent entre les mailles des filets tendus par la police. Imaginez un « Sherif, Fais moi peur » à la sauce « Train fantôme » de la fête à neuneu. L’histoire se passant dans les années 70, M.Zombie (le verlan de M.Bison) s’en donne à cœur joie pour habiller son histoire de multiples effets d’époque, en y collant un maximum de filtres granulés, servis par un montage « Drôles des Dames ». C’est bourré de références futées (Peckinpah) qui trahissent la cinéphilie décalée du réa. Y’a pas à dire, c’est soigné avec son petit air de ne pas y toucher. Malheureusement, le film est totalement contemporain dans son écriture, et après une heure en trombe, on voit débouler un flic ultra fanatique, un ersatz de Charlie Branson. On tombe dans la métaphore à la noix « le policier, gardien de la justice, sensé faire respecter l’ordre n’est finalement qu’un fou comme les tarés qu’il poursuit ». “CRS,SS. Shérif, vomitif” etc etc. Et franchement, j’en peux plus, de cet activisme gaucho-nihiliste américain à la Carpenter qui malheureusement nous présente un cinéma bicéphale : d’un côté le conservatisme tendance born again christian de pacotille à l’image de leurs « actioners » (Superman, MI :3 pour ne citer que les plus récents) et de l’autre ce ciné d’anar, de ces réalisateurs qui jouent aux plus malins alors qu’ils ne déversent eux-mêmes qu’un propos ultra conventionnel et balisé de décalage politique, à l’image de Joey Starr qui vous invite les djeunz à voter ou de feu le vrai journal de Karl Zéro ou de la filmo de Michael Moore. Le plus agaçant, c’est que les spectateurs (forcement conquis, il n’y a qu’eux qui vont les voir, ce genre de ciné est aussi sectorisé que ne l’est la FM) gobent aussi facilement cette alter-cinéphilie fatigante.
Adieu Pignon, Adieu comédie Française
Apr 14th
Adieu cinéma comique français. On t’a tant aimé, et maintenant tu n’es plus. Fuuip. De part ce texte, je vous propose une minute de silence, une minute de pensée pour ce genre, disparu trop tôt. Passé 20 ans, il est considéré comme mort, c’est ça ? En fait plus que le cinéma comique français, c’est le cinéma français tout entier qui est frappé par un mal : la laideur. Oh ce n’est pas un problème de caméra, ou de filmer à la DV. Non le problème est plus profond que ça. Pour cela, il faut prendre un film repère. Ici j’ai choisis « Comme une image » de Jaoui. Après le sublime goût des autres, est venu ce film. Laid. Les gens y sont gris et ternes. On rit, mais on rit méchamment, devant les vacheries que les protagonistes se balancent. Plus c’est vexant, et plus ca marche. Gros succès (logique), cet espèce de ton moche, cette peinture du Paris un peu caricatural « de la haute ». Du cynisme. On fait difficilement rire avec un tel parti pris, à moins d’être ultra talentueux. Après Comme une Image s’est construit récemment cette trinité :
Les bronzés 3, qu’on ne présente plus. Faut-il en reparler plus longuement (cherchez Bronzés dans le moteur de recherche ou la nouvelle table des matières). Non drôle à son paroxysme (dommage pour une comédie), on y voit des millionnaires cachetonner avec un cynisme inouï. Pas une vanne drôle, ils sont là pour la thune. Ils ne se donnent même pas le mal. Et surtout, il joue sur la nostalgie du temps passé. Dieu que c’est laid. Maintenant passons au « Fauteuil d’orchestre ».
Deuxième film choisis pour incarner la trinité de la laideur cinématographique. Et le plus compliqué. Danielle Thomson avait gagné (pour moi) ses galons grâce à la Buche. Sensible, pas con, et surtout pas « girly ». Il n’y a rien de plus horripilant que le « Girly ». Mais alors dans Fauteuil d’orchestre, on retombe dedans, mais dans le mille. Ca parle de l’avenue Montaigne, d’un Paris même plus bourgeois, mais richissime. Tout commence (et se termine) par la citation : « je n’ai pas pu être artiste, alors je suis devenue leur dame pipi ». Eh oui. Sauf que maintenant elle croupit dans sa maison de retraite. Du coup, elle a surement conseillé à sa petite fille, Cécile de France de suivre le même destin. Elle, c’est une provinciale concon (pour bien vous le faire comprendre, elle se dandine comme Pibolo le robot ridicule dorée de Bioman (oulalala). Elle débarque à Paris donc, en tenue jean et cartable kickers fluo et ne prendra jamais la peine de se changer. Faut la comprendre, elle est simple. La bonne sauvage. Le rêve, elle va faire serveuse dans un bar où traînent les pipeuls de ce petit monde gerbant. Dialogues atroces… mais ATROCE. On voit défiler une galerie de « portrait » comme on dit. Ca oscille du très bon Albert Dupontel qui se donne un mal fou à nous faire ressentir son mal de vivre avec Laura (ahh) Morante. Et putain chacun y va de son petit laïus « je suis vieux, fiston, vis ta vie à fond », « ah, n’être qu’une actrice de sitcom, trop dur » nous fait la diva, « je veux être pianiste pour des petits enfants dans des hôpitaux, pas pour ces gens de la haute ». Et l’autre ? Oh bah rien, elle fait venir sa mamie de Macon pour voir une pièce de théâtre. Sa petite lui paye une nuit au Ritz. Elle est heureuse, elle qui a toujours été dame pipi là-bas, et vu passer toutes ces stars, tout comme l’ouvreuse/gardienne, artiste contrarié, qui se vante de son œuvre peut-être la plus créative : avoir taillé une pipe à Bécaud. Ou je sais plus qui, peu importe. Un film hideux. LAID !
Voilà qui va nous permettre d’aborder la troisième croute consacrée à cette trinité de la laideur cinématographique : LA DOUBLURE. Rien que le titre tout est dit : la vie par procuration. Cyrano sans la poésie, hein. Mais bon c’est Veber là, aux manettes. Vous savez le mec qu’on nous vend comme le grand maitre jedi de l’humour, l’artisan de la vanne millimétré, mastermind du calibrage de la pignolade. A chaque sortie, on a droit aux éternels « Alors, c’est pas dur de tourner 45 fois la même scène ? Quand même ! –oh bah non Francis sait ce qu’il veut et le texte est si bon, si ciselé que blablabla ». Donc là, on attend de la gaudriole qui tue. De l’humour à se pisser par terre. Et pour être franc, malgré sa moralité douteuse j’ai bien aimé Diner de Cons. Donc là, Francis, you’ve got to deliver ! On n’est plus dans une production Michael Youn (putain mais choisis mieux tes films, vieux !). Pignon est dame pipi au Ritz… eu non voiturier de riches pour un restau au Troca. Déjà, voilà, on replace le contexte de la non-lutte des classes. Il est amoureux d’une nana, la girl next door. Banale mais gentille. Elle est la « pas belle », la sans intérêt de l’histoire. Elle est jouée par Virginie Ledoyen….. ARGH ! Transportez moi dans ce monde, pitié ! (notez bien que le concept de Girl next door est similaire aux usa. Pour Hollywood, Sandra Bullock est une average girl). Il la demande en mariage, super naif, façon y’a que la vérité qui compte. Elle le remballe. Râteau cosmique. Dépité, il se casse, mais se retrouve par hasard sur une photo, celle d’un riche pdg (Auteuil dans son PIRE rôle, il a le même regard débile que Jugnot dans les Bronzés 3 quand il fait gnééé en essayant d’étrangler son fils) et de sa maitresse (Alice Taglioni, bombastik imparable, voir les chevaliers du ciel ou mensonges trahisons). Le riche paye Pignon (quasi rien, juste de quoi refiler de la thune à Virginie qui l’a rembarré) et cède au chantage de sa belle (20 millions). Ils devront vivre ensemble. Et faire croire qu’ils sont un couple, pour que la femme d’Auteuil n’ait pas de soupçons (elle possède la majorité de la boite, Auteuil a besoin de temps pour préparer financièrement un divorce à son avantage, genre il n’y pense que maintenant). Voici la base donc. Vaudeville classique, mais avec la puissance Gad Pignon en plus. Alors, la maitresse, elle a beau être belle à tomber, Pignon est idiot. No sex. Y’a un pelotage de sein. Voyez-vous, il est simplet. En plus il a demandé si peu d’argent. Ensuite, autre message important : LA FEMME EST VEINALE. Virginie l’éconduit, et depuis qu’il a une meuf mannequin, hop d’un coup elle s’intéresse à lui. L’autre demande 20 millions d’E. La moralité du film est calamiteuse ! C’est encore une fois « les riches ont beau être riche, mais ils ont aussi des problèmes de cœurs », une misogynie inhérente dans tous ses personnages femmes (je sais hein, don’t get me started avec Danielle Thomson). Ah oui, Gad est non drôle, il joue un peu le regard vide, perdu et récite un peu son texte comme une des meufs de Besson (les non-francaises). Les seuls qui s’en sortent bien c’est Richard Berry qui se balade dans le cynisme, et Danny Boon, oui Danny Boon, qui est plutôt convaincant dans son rôle improbable d’ami looser. Et Alice qui arrive mine de rien à être un peu touchante malgré un script encore une fois atroce pour les meufs (voir le placard, qui joue aussi sur des ressorts terriblement réac). Moche. Con. Laid.
Voilà, c’était la trilogie française de l’humour de ce début d’année mais il résume bien la question. Et encore, on n’est pas rentré dans des cas comme Incontrôlable ou les trucs mou du genou comme Kad & O ou l’intégralité de la filmo Eric & Ramzi post-tour Montparnasse infernale. Alors quoi, on en est réduit à faire le concours du film le moins drôle ? Dans ce cas, je vous propose le Bouddha de la comédie française la moins drôle du monde : 18 ans après. Il faut se forcer. Limite s’attacher au fauteuil devant un objet aussi hideux. Coline Serrault. Et c’est sans doute le pire des cas, quand c’est de la merde qui se croit fine et intelligente. C’est surtout ça le problème. Un ami me disait “par principe, je ne paye pas pour rire”. Dans ce cas, il devrait y avoir dédommagements !
Edit : Et bizarrement, Jean-Philippe est pas mal. But that’s another story.
Edit² : et sans surprise, Enfermé dehors est assez intéressant, formellement aussi bien que son contenu. Coming soon. Terminer sur une note positive, c’est important.
H2G2 The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy
Nov 8th
La bande annonce était exceptionnelle, le résultat final est un peu étrange mais reste amusant. Le principe de ce film basé sur les roman du même nom (que je n’ai pas lu, donc ils pourraient faire de l’über out-of-character, ça passerait comme une lettre à la poste) est qu’il est entièrement “commenté” par une voix-off qui analyse et dégoupille toutes les situations. Bien entendu, le commentateur est distancié, tendance After Eight / So British. Le tout doit être décalé tel le robot dépressif ou les situations farfelues. Marrant au début, le film se mord un peu la queue vers son milieu. Notons quand même une discrète prestation du fantastique Alan Rickman que j’adore (revu 5 mn du faiblichon Robin Hood avec Kevin Costner… He stole the show!)
Fantastic Four
Aug 4th
Gloups un film de super héros. Celui-là est appliqué. Y’a pas vraiment de pic d’ailleurs, il est plutôt plat. Ne parlons pas de fidélité à la BD: dès le début, FF annonce la couleur. Victor Von Doom n’est pas un souverain d’un pays obscur d’Europe de l’Est mais un Jean Marie Messier à la tête d’une multinationale type Vivendi technology. Reed Richards est intelligent mais idiot, puisqu’il vient quémander de l’aide à Doom. Mmm aie ça fait mal.
Et en même temps, pas mal de petits détails de l’univers sont conservés. Les Fantastic Four héros new-yorkais, le Baxter Building, deux trois quotes connues etc. Mais le problème est que l’on tombe dans l’excès inverse du Batman de Burton. Le joker était tellement “trop” qu’on en oubliait Keaton/Batman. Là, Doom, pourtant le super vilain le plus classe de l’univers Marvel est une espèce de Magneto du pauvre, doublé d’un margoulin de la finance qui se fait rafler son affaire comme le premier Marionnaud ou Adidas venu. Bref, sur les bords, c’est respectueux, mais l’essence même fait défaut. Le reste, l’emballage, est réalisé de manière plan plan, soigné, mais sans risque, comme si le réalisateur était téléguidé par le script “fixé” par Hollywood. Ca ne reste que ça, un petit entertainement. Ce n’est peut-être pas si mal en fin de compte.
En fait ce qui aurait bien marché avec ce film, c’est de ne pas faire Doom. Faire les origines des FF normales, leur retour sur Terre, la découverte de leur pouvoir, un ennemi qui s’interpose, puis à la fin, un gros nemesis qui débarque, type Mole Man. Malheureusement ce film a été fait 1 an plus tôt, c’est The Incredibles, sans doute le meilleur rip off d’un comics Marvel à ce jour.
(Bonus track: ma 4ème mise en couleur, sur mon propre pencils+ink…)
Kung Fu Hustle
Jul 7th
Bon, calcul simple: je pratique le Kung Fu depuis pas mal de temps déjà, et de l’autre, j’aime le cinéma et la précédente production de Stephen Chow, Shaolin Soccer, le mec qui fait un peu tout dans ces films. Bon, à part une ou deux scènes à se décrocher la mâchoire; le film repose sur les “gueules” de ses personnages. Ici pas de limite, surjouer est bien vu. Il faut voir le jeu de la tantouze pour le croire. Le film se laisse aller à une extravagance d’effets spéciaux, lorgnant vers Tex Avery et Buster Keaton qui auraient couché avec DBZ. On ne peut pas lui reprocher ça, ce film exalte d’envie et de passion de cinéma. Derrière son aspect surchargé, Kung Fu Hustle est un film simple qui sombrerait dans le ridicule s’il n’était construit tel un clin d’œil au spectateur, un coup de coude amical qui se rapproche un peu des ZAZ 2ème époque, les pas super super, mais gentil quand même. Car c’est un peu ça, c’est plein de bonne intention, mais ce n’est pas tout. Délire visuel ok, mais il manque une colonne vertébrale à l’ensemble. Sinon point de vue “martial”, les deux maîtres musiciens, en plus d’être une chouette trouvaille, sont une des scènes d’action les plus inventives que j’ai vu depuis longtemps. Syndicalement fun, donc.
(note, l’illust ce coup ci, inspiré de la stylistique Sin City était ma première expérience du type, une technique que m’a soufflé un camarade)
Com-Robot