Il y a un bon bout de temps, Robotics évoquait cette truanderie que fut “Les Ch’tits“, nous faisant passer un buddy movie (avec un début en mode “farce sociale”) pour une comédie. Il y a deux ans, les ch’tits n’étaient pas tout à fait drôles mais accordons-nous pour dire que l’aspect “buddy” fonctionnait. Quand ils se bourraient la gueule pendant la tournée du facteur, t’y croyais un peu. Y’avait une alchimie à défaut d’une grosse poilade.

Rien à déclarer, c’est le point de non-retour. Un cas d’école comme on en avait pas vu depuis 15 ans: le syndrome “Les visiteurs 2″. Un mec qui se retrouve avec un cosmo-succès surprise en salles et qui va devoir affronter son propre succès. Les boules. Ce qui va se passer est classique, la scène va se rejouer des dizaines de fois dans sa tête : il va essayer de refaire la même chose. Boon, Poiré, même combat. Même sortie EN EXCLU dans le nord, même plateaux TV amicaux (“des millions d’entrées” dira Denisot entre la pub et la météo), Boon a reproduit le même pas de danse médiatique.

Mais à vrai dire, le succès, on s’en tape. Rien à déclarer est calamiteux depuis le script (une histoire entre garde-frontières au moment où Maastricht nous débarrassait des douaniers frontaliers. Poelvoorde a l’air d’être sorti de sa dépression alcoolique post-Astérix 3, mais alors, dans un quel état, mes amis… L’ombre de lui-même. Pourtant, l’idée de le voir en douanier raciste n’était pas si mauvaise… Mais chaque ligne de dialogue ne fonctionne pas. Et il faut les voir, les comédiens, en train de se téléphoner hors forfait leurs répliques nulles. La comédie à la française n’est plus un problème en soit. OSS ou encore le nom des gens nous ont montré des pistes, une alternative possible.

Mais “Rien à déclarer” ne se contente pas de sa zère-mi, il tente l’audace d’avoir un personnage principal raciste.

Du racisme caricatural, ça passe quand c’est dans Machete qui partage, sans rire, la plupart des thèmes de “Rien à Déclarer”. La frontière comme ghetto, les garde-frontières racistes, le trafic de drogue etc. Boon et Rodriguez, même combat ? On pourrait évidemment reprocher au film de Dany Le Boon de ne pas aller au fond de la rigolade, de se retenir de montrer des gens qui se découpent à la machette, du fusil à pompe à bout portant, de crucifixion dans une église, d’actrices nues (que ce soit vrai ou pas) et surtout de descente en rappel à l’aide de boyaux. Le genre de trucs qu’on aimerait voir plus régulièrement dans le monde des douanes qui bloquent nos colis de jeux et de dvd pour les taxer. Mais le racisme de Rien à Déclarer, tu devrais tendre l’oreille car on parle en ton nom.

Allez, je te raconte la fin : convaincu que, désormais, les français ont aussi une âme, Poelvoorde sort son gun sur un mec chinois garé à la va-vite. Il le course sur l’air de “niakoué, chinetok et bol de riz”. Sans rire. Tu vas croire que je prends les films Apatow comme mètre-étalon dès qu’il y a de l’humour, mais c’est pas pour rien. Ici, toute perspective d’amélioration est annihilé par cette fin incroyable qui se déroule sous les yeux du fils de Poelvoorde, un petit môme qui joue si mal qu’on le croirait presque sorti de la Rafle. Lui, hoche la tête façon “ah décidément, mon incorrigible papa”. Le désir d’authenticité rustique et régionale est complètement écrabouillé par ce mec cradingue, surfant d’un racisme à l’autre. Louper une vanne, passe encore. Louper des vannes sur 2 heures de film, admettons. Mais louper sa sortie comme ça, c’est irresponsable. Personnages comme spectateurs, finalement, on n’en a rien à foutre. La seule lueur d’espoir, c’est que “Fiston, toi aussi, quand tu seras grand, tu sniperas des chinois du haut de ton mirador.” De “Rien à déclarer”, on ne garde rien.