Le film le plus ambitieux de Spielberg depuis extrêmement longtemps. Après l’improbable Guerre des Mondes et le pathétique Terminal, voilà un objet courageux de la part du réalisateur à la filmo en montagnes russes. Munich est intriguant. Ce n’est certainement pas pour sa rigueur historique (c’est une fiction basée sur des faits réels). Le rôle joué par Bana, celui de l’espion exécuteur qui a des états d’âme n’est vraiment pas plausible. Un mec qui aurait passé toute sa vie au Mossad, un mec formé à ça, baignant dans un patriotisme sûrement alimenté par son père héros de guerre, qu’il se prend d’états d’âme à mi-parcours parait quelque peu fort de café. Toute l’organisation de renseignement (Michael Lonsdale, brillant comme d’habitude), perdue quelque part dans le Périgord, qui serait mieux informé que la CIA et le KGB réunis… voyons… à qui veut-on faire croire ça ? Le pire, c’est sans doute ses clichés qui vous éclatent à la gueule… On est à Paris, on s’assoit dans un taxi, hop y’a Piaf. Pour bien qu’on soit sûr. Des petites cartes postales comme ça, y’en a pendant tout le film. Lorsque vient la Hollande, c’est limite des gars à vélo qui transportent du gouda.

Alors quid ? Hé bien, cela fonctionne comme un honnête polar sans pic à atteindre, les personnages tous bien typés pour, à un moment ou un autre sortir un laïus. Kasso sort un truc idéaliste, le futur James Bond qui joue dedans est un va-t-en guerre. Même Golda Meir y va de sa phrase imparable. Mais il y a une scène assez grandiose que je m’interdirais de vous spoiler ici, un flash, une vraie bonne idée qui porte un peu tout le propos du film. Peut-être que par les temps qui courent, mettre dos à dos espions israéliens et terroristes palestiniens n’est pas une idée judicieuse. Mais ça donne l’occasion à Spielberg de produire un vrai film noir et dur, avec un résultat plutôt positif. Bana est bon, avec enfin un film à la mesure de son talent. Et quelqu’un qui filme Marie-Josée Croze (quels seins!) nue ne peut qu’être une personne de bon goût.