Posts tagged Tom Cruise
Mission Impossible : Ghost Protocol
Dec 11th
Brad Bird est sans doute un des meilleurs réalisateurs du monde. En tout cas il a réalisé un de mes films préférés de tous les temps, The Iron Giant. Man, si tu connais pas, fais quelque chose. Maintenant.
Mais aussi génial soit-il, il va affronter, pour son premier film avec des acteurs réels, un vrai danger. Un vrai vampire cinématographique. Ce danger, c’est Tom Cruise. Une entité “star” lui tout-seul qui est capable du meilleur (Collateral) comme pire (tous les films où il sourit, l’air heureux, regard caméra). Dans l’article consacré à Knight & Day, je le résumais ainsi (copy paste parce que je suis flemmard et pressé)
“Dans ses derniers films, il a tout joué. Cruise surjoue l’alcool dans Last Samourai, il nous a fait le coma à la Cruise dans Mission Impossible 3 et finalement la mort elle-même lui a donné un prétexte à une réinterprétation cruisienne
(Désolé, mais il fallait que je ressorte sur ce passage avec Arielle Dombasle…)
Comment Brad allait-il se faire respecter par Tom. Souvent les réalisateurs choisissent des histoires assez éloignées d’eux-mêmes pour commencer leur carrière. Fincher a commencé avec le très peu personnel Alien 3 tandis que, dans un autre genre, Roschdy Zem a commencé avec une comédie sentimentale lambda (ha). Bird commence avec Cruise et va devoir canaliser la formidable soif d’existence de sa superstar vieillissante mais à la filmo en fin de compte incroyable. Un film finalement pas très personnel, pour les beaux yeux de Tom Cruise.
Après Knight & Day, je le croyais fini. Impossible de montrer torse poil sa carcasse de cinquantenaire vieillissante. Hé non, il remet ça. Mais, je ne pensais pas dire ça un jour, il est tout en retenue. Enfin c’est relatif… mais à côté de son collègue surjoueur Nicolas Cage, il se fait presque modeste. Simon Pegg est celui qui s’en sort le mieux dans son rôle habituel de comic relief. Jeremy Renner (ouais entre lui et Josh Holloway, ça sent l’homme, ce MI4) livre une compo intéressante, entre le trauma de Hurt Locker et le super-héroïsme rigolo, en bon prélude de son personnage de Hawkeye dans Avengers. Là où MI4 joue habilement son coup, c’est qu’il est très linéaire. Pas de plot alambiqué ni même de trahison. Même pas de masque ou alors si, pour nous rappeler qu’ils ne serviront à rien… Alors qu’ils sont la base même de MI. Au contraire, on est vraiment devant un “team movie”, car c’est la première fois que les équipiers fonctionnent autant en famille ce qui n’est pas une nouveauté pour Brad Bird qui a réalisé The Incredibles. Il n’oublie jamais d’être marrant.
Alors Mission Impossible 4, simple réalisation d’un néo yesman ? Pas tant que ça. Il manque un vrai vilain charismatique, un vrai climax mais les scènes d’ouvertures en Russie sont un vrai bijou d’humour et d’autodérision. C’est quand il essaye de faire la promo de Dubaï et des dernières BMW que MI4 se transforme en tête de gondole un peu usante.
Un actionneur très honnête donc, où Léa Seydoux fait des clefs de bras. C’est important, il fallait le dire.
Knight & Day
Aug 17th
A un moment, Tom Cruise sort de l’eau. Torse nu. Malgré les signes de l’âge, ici tu as le même plaisir à le voir que de matter les frères Bogdanoff te faire une lap-danse (creepy), il a le sourire carnassier, le regard séducteur. Il faut le voir, tout fier : c’est le Kraken qui vient se jeter sur toi.
Knight and Day a été simplifié en Night and Day en français, ce qui le met d’office sur la même ligne que le Jour et la Nuit. Peut-être que tu es trop jeune ou alors peut-être que tu effaces des pans entiers de ta mémoire, deux cas qui ne me concernent pas. Donc je vais me faire un plaisir de te parler du Jour et la Nuit, même sans avoir retrouvé de bande-annonce (ah l’époque avant l’internet massif). Car j’ai mieux.
Mais revenons à nos préretraités des films d’action. Chacun joue ici sa dernière carte. Cameron Diaz, c’est évident. Elle est gentille, joli fessier, et elle parle de cul dans ses interviews comme d’autres parlent de Supercopter. Avec légèreté. Sympathique, d’accord, mais elle a loupé le coche pour devenir une vraie actrice powerlist enchainant avec régularité des merdes. Tout n’est pas perdu, mais là, c’est la révérence pour les films d’action. Après ça, basta, elle n’aura plus d’action-figure à son effigie. Cruise a l’air surhumain. Vraiment. Comme un des Bogdanoff susmentionnés. Il se présente à toi, à la fois héros solide et pantin désarticulé, comme s’il était rentré dans son propre avatar. Existe-t-il vraiment ? Je pense pour ma part que c’est un robot façon Dr Doom qu’il envoie faire le fou à sa place, tandis qu’il surveille devant un écran dans sa base en buvant du bourbon. Un androïde dont il a juste changé le thème de bureau et le skin par une clef USB, plantée dans le cou.
Mais Knight & Day ? A huge mess. De grosses ellipses pour accélérer et ne pas trop charger le budget de cette entreprise fragile, où dialogues et histoire se sont mis d’accord pour trainer la patte. En plus il bafoue la règle de tous les enjeux des films d’action en rendant la vie facile à son héros. Il est invulnérable, il a gobé sa pac-gomme, il a le bandana spécial munitions illimitées. Et quand c’est trop easy, bah forcément, on s’implique moins.
Dans ses derniers films, il a tout joué. Cruise surjoue l’alcool dans Last Samourai, il nous a fait le coma à la Cruise dans Mission Impossible 3 et finalement la mort elle-même lui a donné un prétexte à une réinterprétation cruisienne dans Walkyrie. Ici, il ne fait que vivre sur ses acquis, dérouler le tapis du savoir-faire de lui-même. Ce film, on l’a déjà vu des dizaines de fois, avec à chaque fois cette même qualité labélisée entertainement ciblé adulte (genre Mr & Mrs Smith). Non, l’enjeu ici, c’est de survivre au combat de trop. Ça passe pour cette fois, mais gaffe, d’autres se sont pris le mur de plein fouet.
Mission Impossible 3
May 18th
L’entente fusionnelle entre ciné et TV se poursuit avec Mission Impossible III. Ce dernier fait largement oublier la tentative John Woo recruté « parce que les réalisateurs de HK étaient à la mode » il y a quelques années. Non, là c’est JJAbrams, le goupilleur des séries Alias et Lost. Un cador du cliffhanger haletant. Du coup, on a un film d’action qui se prend ‘achement au sérieux avec quelques zestes d’humour. Et là, on peut sortir sa liste des règles de tout bon « actioner » :
- Un héros qui ne loupe rien. Qui n’essouffle jamais et surtout qui n’est pas effrayé par la verticalité d’un mur, tel un ado dans un film de Miyazaki.
- Un méchant mais très très méchant. Plus il est méchant et fou, plus ça marche. On peut même se payer le luxe d’avoir un héros naze si le Némésis est complètement barré. Cf filmo de Brukenheimer et ses Malkovitch et autres bad guys.
- Très important, un supérieur, généralement flic et con. Le type psychorigide. Le genre qui soulignait à la règle ses cours avec son bic 4 couleurs. En vieillissant, il devient une tête de con. Si le héros est blanc, prendre un noir. Ici c’est Lawrence Fishburne, qui déclame ici sans doute les meilleurs one-liner qu’il n’ait jamais exprimé au cinéma. On le voit peu mais il tient une forme olympique. Les apprentis commissaires de police devraient étudier son rôle avec attention.
- Il faut à un moment, une situation de crise ultime. Genre les prisonniers s’évadent (voir filmo Brukenheimer, Con Air etc). Ici, c’est une évasion qui se fait au chasseur de combat, et avec des équipes de Kerberos (séquence incroyable dite du « tu en as pour ton argent » ).
- Un personnage comique pour mettre en relief tout l’humour de notre héros. En général, un flic avec du bagout, ici, un informaticien tendance « Otacon » de MGS, joué par le mec du très over-hypé Shaun of the Dead.
- Une résolution de type happy end mielleuse. Exemple : le héros retrouve sa meuf / fille / le vilain flic devient bon, il prend sa retraite mais reviendra dans la séquelle. Soit une, soit tout ça en même temps. Voir toute la filmo de Brukenheimer. Encore lui.
2h d’une machine d’ entertainement à toute allure, l’efficacité dans tous les plans. Ca explose de partout (étrange quand on se souvient de la série TV et de son rythme derrickien.) Y’a du savoir faire. Cruise joue de manière touchante et surtout personnelle les émotions de base. La colère, la joie, l’arrêt cardiaque. On ne lui en demande pas plus. Comme pour le film. Une machine à divertir où l’on retient son souffle, qui broie tout sur son passage, tel une argumentation unilatérale d’un congrès de Lutte Ouvrière. Si MI :3 était une technique de combat, ça serait un coup dans les couilles. Un coup bas.
La guerre des mondes
Jul 9th
Hormis les Jules Vernes, La Guerre des Mondes est mon livre de SF préféré. Je me souviens avec précision quand, enfant, j’ai découvert ce chef d’œuvre, dans une édition un peu viellotte, décorée des savantes illustrations d’Edgar P Jacobs (un kitch certain quand on est habitué dès l’enfance à des robots du type Capitaine Flam et Ulysse 31). Dans la même collection, il y avait même mon autre bouquin de SF préféré, la Machine à remonter le temps. Mais revenons à La guerre des Mondes dont la Spielbergisation vient de sortir. Déjà cela consiste à transposer l’action, l’ère victorienne dans toute sa classe, au monde contemporain. Evidement. Les gens n’auraient pas compris le danger si c’est des calèches qui se renversent. Mais déjà je tilte. Pourquoi transposer l’action ? Le bouquin de Wells fonctionne parfaitement à son époque car il est libéré des contingences que lui imposerait le monde d’aujourd’hui. Pas de tunnel souterrain, pas de satellites ou de super télescopes qui détecteraient les envahisseurs, etc… La version de Spielberg élude toutes ses questions qui pourtant paraissent logique. Par exemple (dans un autre genre) Goldorak (que tout le monde connaît) s’il était transposé dans un monde réaliste d’aujourd’hui, serait détecté tout de suite par un satellite de surveillance de Vega, qu’il prenne la cascade ou la route numéro 7. La fin par exemple était totalement logique lorsque le bouquin a été publié, mais aujourd’hui, franchement, je doute, quoiqu’elle est toujours aussi ironique… Peut-être un des points le plus respectés du film. Mais voilà, blockbuster oblige, on transpose.
Vient ensuite Tom Cruise, à la non crédibilité hallucinante. Mon dieu… Il joue un peu comme dans la première scène du dernier samurai, ricanant, horripilant, on sort littéralement du film quand on le voit. Qui croit à un seul moment en son rôle de père divorcé, travaillant dans les docks, roulant en super caisse de frimeur ? Et je ne vous dis pas quand il pousse la chansonnette. On a bien rit. Et c’est bien ennuyeux car dans Minority Report, il était assez en retenue. Mais visiblement la tragique étape The Terminal n’est pas encore digérée. La fillette s’en sort plutôt bien, crispante comme pas permis, ce qui est, je suppose l’objectif à atteindre. Mais voilà, y’a pas de petite fille dans le bouquin. Le mec, il va chercher sa femme, pas des mouflets. Tim Robbins est pas mal, flippant comme il sait l’être malgré une entrée tendance Bella Lugosi. Certaines scènes sont vraiment hallucinantes de mollesse (la scène de la terre qui se creuse et s’écarte, avec des figurants qui semblent s’éloigner au “top” du réalisateur, comme des danseurs, à droite et à gauche de la faille. Mais que se passe-t-il, Steven ?!).
Le parti pris de la guerre cosmique en toile de fond est sinon plutôt intéressant, cette bataille avec les tanks et les hélicos terriens dont on ne voit pas le résultat. Déjà fait dans le risible Signs, mais c’est toujours intéressant. Ca fait penser à un dessin de Gotlieb, un canon en gros plan enorme, cachant une guerre immense, ne laissant émerger au loin que quelques escarmouches visibles avec comme commentaire “la terrifiante bataille de Waterloo”. Ah oui, dans le bouquin, les martiens déboulent pour coloniser la Terre, car leur monde est devenu invivable. Métaphore des guerres coloniales de l’époque, Wells, gauchiste et anticlérical à une époque où cela signifiait vraiment quelque chose et demandait du courage par paquet de douze, condamnait le monde moderne qui avilissait l’Afrique, l’inde et le reste du globe. Ici, faut pas chercher, les ET, c’est le mal, c’est Al Quaïda et tutti quanti. Spielberg est intelligent (j’avoue même aimer Amistad) mais là y’a un truc qui cloche, un cahier des charges de Cruise ? Les martiens ont été “independance dayisé” (ou Evangelionisé comme on dit chez les amateurs de dessins animés japonais). Bon voilà, ce Guerre des mondes m’a rendu triste. Quel bouquin fantastique quand même.
Com-Robot