Inárritu avait déjà fait fort avec l’horripilant 21 grams, sirupeux mélo uniquement basé sur la forme « je me prends pour un artiste et je bricole le film dans le désordre ». Chaque scène était un appel à une attaque lacrymale. Si ce n’était pas l’accident mortel, c’était la belle blonde qui se drogue et ainsi de suite jusqu’à ce que l’histoire se dégoupille d’elle même, le scénario se siphonnant dans la cuvette.

Babel, c’est le concept vu et revu du battement d’ailes d’un papillion. Tout commence par 2 mômes au Maroc qui tirent sur un bus avec un fusil, arme que leur père a acheté à un autre mec qui s’est lié d’amitié avec un japonais lors d’un safari, ce même japonais ayant une fille sourde et muette (ce qui n’a absolument aucun rapport mais on pourra insérer ainsi des plans clichés « lost in translation »). Leur bavure a fait une victime. La femme d’un couple, parti loin pour oublier la mort de leur troisième enfant (attention les violons), agonise loin de tout hôpital (forcement, au Maroc, y’a pas d’hôpitaux) pendant que ses jeunes enfants franchissent la frontière mexicaine accompagnés par leur baby-sitter qui désire se rendre au mariage de son fils. Que de destins qui se croisent, et tant de raison de se dire « ah la vie, c’est vraiment trop béta quand ça se goupille ainsi ». Ce ramassis de mélo simplistes au possible est d’autant plus risible que sa cohérence même est mise à mal par tout un tas de détail interne : miracle balistique de début qui ferait passer toute la filmo de John Woo pour du documentaire sur les armes à feux, détail à l’avenant, liens qui unissent les personnages absolument minuscules, improbables et poussifs. C’est simple, après ce long exercice de style, on se rend compte qu’il n’y a RIEN durant ces 2h15. Du vide soi-disant auteuriste. Ah et toute l’ironie de la vie cruelle quand les pièces du puzzle se réassemblent. Dans un Lelouch, Bernard Tapie n’avait plus que quelques jours à vivre, et puis miracle, son cancer est guéri. Wow, trop jouasse ! Juste après, il monte dans son hélico, qui s’écrase tout de suite après. Babel, c’est pareil mais en international. Trop con.