L’adaptation des œuvres de Miller continue, enfin celle qui date d’avant qu’il soit devenu fou. Ca fait maintenant quelques années qu’il a un fusible qui a lâché, basculant dans une paranoïa d’anar de droite. Son Jésus et son Batman Vs Al Quaida (pas encore sortis) font autant flipper que son Batman qui veut faire bouffer des rats à Robin pour « l’endurcir ». Il fait désormais du comics humaniste, mais à couilles. Son positionnement sécurito-humaniste à la con le placerait sur le créneau Chevenemento-villièriste. 300 version papelard, à l’époque, était une fresque beaucoup plus neutre (très fortement inspiré de 300 spartans, le péplum de 1962), où la sexualité était implicite entre les soldats qui arboraient tous une nudité frontale. L’adaptation ciné leur a collé un slip en cuir improbable. Le roi Leonidas part donc avec 300 gonz surentrainés se battre contre les envahisseurs perses devant lesquels il a refusé de se soumettre. Sa femme attend son retour. Dans le bouquin, elle a un rôle incongru, du genre « reviens chéri, je te préparerais des cookies pour ton retour », là, elle mobilise tout Sparte, lutte contre un traitre envers sa patrie (rajout). Toute la Grèce aura été bricolée sur blue screen. Les ninjas barbares turkmènes aux noms d’envahisseurs de X-Or se jettent sur le mur implacable des spartiates qui les envoient valdinguer comme dans un jeu vidéo tout en alignant les catchlines de la bédé, habilement foutues dans la bande annonce multi-youtubisée. Pour bien adapter du Miller, il faut y aller de manière forcé, parfois non-subtile, over-the-top. Paradoxalement, le meilleur film à la Miller était jusqu’à présent Gladiator, avec les répliques too much de Maximus face à la guerre ou dans l’arène, une recette remixée ici à la sauce hard rock. Plus c’est fou et radical, plus ça marche. Légèrement mis à mal par son amourette à la noix, 300 vole haut-la-main le titre de film de geek du moment, absolument irregardable si on a plus de 35 ans ou qu’on ne sait pas comment se lit une bd, tout en se permettant d’être bien moins con et guimauve que Troy. Le coup de génie, c’est quand même d’opter pour un écossais avec un pur accent du cru pour jouer un chef de guerre grec. Tellement gros qu’on est dedans. On aurait presque envie de s’engager.

(A ne pas manquer, le générique de fin qui reprend des passages clefs de la bd de manière assez somptueuse avec des couleurs à la Varley.)